Tous les regards se tournent désormais vers la Russie, au lendemain de la négociation d’un accord de cessez-le-feu d’un mois en Ukraine, par Kiev et Washington. Le Kremlin, vis-à-vis duquel la Maison-Blanche a fait mine de vouloir se rapprocher ces derniers mois, a fait savoir qu’il attendait de connaître les modalités de cette potentielle trêve avant de s’exprimer. Dans le même temps, les Etats-Unis ont annoncé mettre fin au gel de leur soutien aux Ukrainiens, décidé au lendemain de la vive altercation qui a opposé Volodymyr Zelensky, le président Ukrainien, et Donald Trump le 28 février.
« Tout ce qui peut participer à une recherche de paix en Ukraine est une bonne chose, la seule condition c’est qu’il ne faut pas que cela se fasse sur le dos des Ukrainiens et des Européens. Cet accord, nous n’en avons pas encore la teneur », réagit au micro de Public Sénat le sénateur LR Cédric Perrin, président de la commission de la défense et des affaires étrangères.
« La fiabilité de l’allié américain est largement remise en cause compte tenu des propos et des soubresauts de Donald Trump. Aujourd’hui, lui faire confiance c’est compliqué car il change d’avis tous les jours », pointe-t-il. « Ce qui est certain, c’est que cela doit donner à l’Union européenne la volonté de rechercher une souveraineté et une indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. »
« Nous sommes tous dépendants des Américains »
Cédric Perrin ne souhaite pas de remise en cause du « pilier de l’OTAN », son article 5 qui prévoit que les membres de l’Alliance atlantique se portent une assistance mutuelle en cas d’attaque, mais les Européens « doivent faire en sorte de ne plus dépendre des Américains », insiste-t-il.
« Il y a beaucoup de domaines dans lesquels nous devons encore faire des efforts considérables. Aujourd’hui, en matière de renseignements, de logistique, nous sommes tous dépendants des Américains ». Il évoque notamment le manque d’autonomie des Européens qui ont acheté des armes américaines, sur le contrôle desquels Washington garde en partie la main. « Un point marquant pour moi : celui du déni d’accès de certaines fonctionnalités du F-16 en Ukraine, ce qui démontre, aujourd’hui, aux pays qui ont mis toutes leurs billes dans la défense américaine que ça n’était pas forcément une bonne chose », relève l’élu.