Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Guerre contre le Hamas : « Israël est encore loin de la victoire »
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Convaincu que la défaite du Hamas n’est plus « qu’une affaire de mois », Benjamin Nétanyahou souhaite accentuer la « pression militaire » après que deux otages ont été libérés cette nuit à Rafah. Si le Hamas réclame un retrait total de l’armée israélienne en échange de la libération des otages, le premier Ministre israélien, lui, refuse tout compromis. Près de la frontière égyptienne, 1,4 million de réfugiés palestiniens se retrouvent sans solution de repli.
Nitzan Perelman, spécialiste de la société israélienne et co-fondratrice du blog Yaani, analyse les objectifs politiques d’Israël à ce stade du conflit. Entretien
Un nouveau cycle de négociations est en cours, sous l’égide de l’Egypte, des États-Unis et du Qatar. Avant les premières frappes à Rafah cette nuit, le Hamas a prévenu ce dimanche qu’une offensive sur la ville « torpillerait » tout accord pour une libération des otages. La société israélienne est-elle favorable à la signature d’une trêve ?
Deux mouvements contraires traversent la société israélienne. D’une part, des familles demandent que la libération des otages soit une priorité. On observe d’ailleurs depuis quelques semaines que les manifestations organisées pas les familles des otages prennent plus d’ampleur. De plus en plus de personnes militent à leurs côtés en faveur d’un cessez-le-feu en plus de la libération des otages, préoccupées par la situation à Gaza. Mais, en réalité cela reste une minorité de la population.
D’autre part, la droite et des membres importants du gouvernement ne souhaitent pas négocier avec le Hamas. Ils sont soutenus par une partie importante de la population. La plupart souhaite qu’Israël gagne à tout prix, et que l’armée poursuive ses opérations à Gaza. Les actions de blocage des colons cisjordaniens à Kerem Shalom l’illustrent bien. Depuis le début du mois de février, ces civils se sont placés à la frontière égyptienne et tentent d’empêcher l’aide humanitaire de pénétrer à Gaza.
Des premières frappes ont eu lieu ce week-end dans le secteur de Rafah et Benjamin Netanyahou a déclaré hier qu’une victoire d’Israël était « à portée de main ». Après quatre mois de conflit, le pays a-t-il atteint ses objectifs militaires ?
En effet, les représentants politiques israéliens affirment que le pays est en train de gagner la guerre. Mais en réalité, de nombreux travaux universitaires et journalistiques montrent qu’aujourd’hui Israël est encore loin de la victoire. Le gouvernement avait annoncé poursuivre deux objectifs : libérer les otages et détruire le Hamas. Pour l’instant, seuls trois otages ont été libérés par une opération militaire. La majorité des libérations a été possible uniquement grâce aux négociations.
Toutefois, le gouvernement poursuit un troisième objectif : recoloniser Gaza. Ce projet émane de la droite sioniste religieuse ainsi que de plusieurs membres du Likoud. En 2005, le gouvernement d’Ariel Sharon avait initié un plan de désengagement de Gaza et de quatre communes dans le nord de la Cisjordanie. En mars 2023, le gouvernement actuel a annulé cette loi. Depuis le 7 octobre, une partie importante du gouvernement n’a cessé d’afficher sa volonté de rétablir des colonies à Gaza. Les membres du gouvernement et leurs soutiens politiques militent donc pour une « émigration » des Gazaouis, afin de pouvoir se réinstaller dans cette enclave.
Le premier Ministre israélien a assuré qu’un « passage sécurisé » serait mis en place pour que la population civile puisse quitter Rafah. Mais, jusqu’à maintenant les frontières avec l’Égypte restent fermées. En outre, au regard du droit international, cette « évacuation » voulue par le gouvernement israélien pourrait être considérée comme un déplacement forcé de population. Ce projet a-t-il le soutien de la société israélienne ?
Ce plan semblait irréaliste, mais la guerre qui a suivi les attaques du 7 octobre est apparue comme une opportunité, pour ceux qui considèrent que la décision d’Ariel Sharon avait été une grave erreur. Le 28 janvier, un grand rassemblement a réuni 11 ministres et des dizaines de membres du gouvernement. Ils ont appelé à l’évacuation de l’enclave palestinienne, puis à sa recolonisation. De plus, au mois de mai, des colons israéliens se sont effectivement réinstallés dans la ville de Homesh en Cisjordanie. C’est bien le signe que cette loi s’est concrètement réalisée. En novembre 2023, une grande partie de la population israélienne se prononçait déjà en faveur de cette politique. Selon un sondage de la Chaîne 12, 44% des Israéliens souhaitaient recoloniser Gaza. Après le 7 octobre, le gouvernement a donc senti qu’il y avait une opportunité à saisir.
Selon le droit international, c’est évidemment un transfert illégal de population. Le gouvernement israélien, lui, met en avant une dimension humanitaire et présente ce projet comme étant un acte « moral ». À Rafah, les Gazaouis n’ont nulle part où s’enfuir. La pression se fait donc de plus en plus grande sur l’Égypte, pour qu’elle accepte d’accueillir la population évacuée.
Propos reccueillis par Myriam Roques-Massarin
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