Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Extradition de Julian Assange : les sénateurs communistes réitèrent leur soutien au fondateur de WikiLeaks
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A partir de ce mardi, la justice britannique aura deux jours pour trancher sur l’extradition de l’Australien Julian Assange vers les Etats-Unis. Outre-Atlantique, il risque jusqu’à 175 ans de prison pour avoir divulgué près de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines. Cette audience a lieu alors que le fondateur de WikiLeaks avait fait appel contre la décision judiciaire d’autorisation de son extradition, acceptée par le gouvernement britannique en 2022. Depuis avril 2019, Julian Assange est détenu dans la prison de Belmarsh, à Londres. Il avait été arrêté par les autorités britanniques après s’être réfugié pendant sept ans au sein de l’ambassade d’Equateur au Royaume-Uni. Dans le monde entier, plusieurs groupes de soutien plaident pour sa libération. Au Sénat, les élus communistes appellent le gouvernement français à lui proposer l’asile.
Un état de santé qui suscite l’inquiétude
En janvier 2021, la juge britannique Vanessa Baraitser avait déjà rejeté la demande d’extradition de Julian Assange, invoquant le risque de suicide, mis en avant par sa défense. Mais la Haute Cour de Justice avait finalement annulé cette décision. Cette année-là, les Etats-Unis avaient tenté de rassurer le gouvernement britannique sur les conditions de détention prévues pour l’accusé. Le pays s’est notamment engagé à lui prodiguer les soins cliniques nécessaires et à ne pas l’incarcérer dans la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado).
Des garanties jugées insuffisantes pour la famille Assange et ses soutiens. Dans un communiqué publié le 6 février 2024, la Rapporteure spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, avait également exhorté le Royaume-Uni à suspendre l’extradition de Julian Assange, mettant en garde sur le risque élevé de suicide. Stella Assange, son épouse, a indiqué il y a quelques jours craindre qu’il « ne survive pas » à son extradition. Comme une preuve supplémentaire, son mari n’assistera pas à l’audience de ce mardi car « il ne se sent pas bien », selon son avocat Edward Fitzgerald. Le sénateur communiste Eric Bocquet, lui, dénonce la « véritable traque subie par cet homme de 52 ans, qui est pourchassé comme un criminel ».
Aujourd’hui, les Etats-Unis reprochent au hacker australien d’avoir publié des centaines de milliers de documents classés secret-défense sur le site internet WikiLeaks à partir de 2010. Eric Bocquet rappelle que Julian Assange a permis de « révéler des crimes de guerre reconnus par la communauté internationale ». Parmi les documents, une vidéo datant de 2007 montrait notamment le meurtre de civils, dont deux journalistes, perpétré par l’armée de l’air américaine. Le sénateur du Nord qualifie la peine encourue de « délirante » alors que le lanceur d’alerte aurait agi en « citoyen responsable et en faveur des droits de l’homme ».
Lui offrir l’asile en France
« Depuis 13 ans, un innocent est en prison. Son seul forfait ? Avoir dévoilé des vérités dérangeantes pour les Etats-Unis », a réagi le sénateur communiste Ian Brossat. Fin 2023, des élus du groupe CRCE avaient rencontré le père de Julian Assange pour lui témoigner leur soutien.
De son côté, le sénateur Eric Bocquet avait déjà interpellé le gouvernement fin 2021 rappelant que les révélations de Julian Assange avaient permis de découvrir que trois présidents français (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) avaient été placés sur écoute téléphonique par les Américains.
Aujourd’hui, les élus communistes plaident notamment pour que la France accorde le droit d’asile au fondateur de WikiLeaks. Si le tribunal britannique venait à confirmer l’extradition de Julian Assange, « il faudra donner une suite au niveau politique et pourquoi pas réinitier une proposition d’asile et d’accueil sur notre territoire », indique Eric Bocquet. Ian Brossat, lui, souligne qu’il « est grand temps que la France agisse pour sa libération. Pour lui, et pour la liberté de la presse ». A ce jour, l’Australien n’a déposé aucune demande d’asile en France.
Ian Brossat appelle donc le Royaume-Uni à « affirmer sa souveraineté », au risque d’envoyer le signal de son « inféodation aux Etats-Unis ». Si le recours déposé par Julian Assange venait à être refusé par la justice britannique, sa dernière option resterait de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Dans une interview accordée aujourd’hui à France Culture, Stella Assange partage néanmoins sa préoccupation concernant le peu de temps dont il disposera pour agir : « Le ministère de l’Intérieur [britannique, ndlr] prendra ou a déjà pris des dispositions […] pour le déplacer rapidement ».
Julian Assange était également visé par une enquête pour viol en Suède. Le parquet suédois avait finalement classé l’affaire sans suite, face à l’impossibilité de faire comparaître l’accusé, protégé par l’ambassade d’Equateur à Londres. La plaignante n’avait pas fait appel de cette décision.
Myriam Roques-Massarin