Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
En déplacement en Israël, les sénateurs sous le choc visitent le kibboutz de Kfar Aza, attaqué par le Hamas
Publié le
Depuis mardi soir, une délégation du Sénat, composée de son président Gérard Larcher, des présidents de groupes politiques et des présidents des groupes d’amitié France-Israël et France-Palestine, est en visite en Israël et dans les territoires palestiniens jusqu’à ce vendredi. Après avoir rencontré le président de la Knesset, le Parlement israélien, Amir Ohana, ainsi que le président d’Israël Isaac Herzog, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et des familles d’otages, la délégation s’est rendue ce jeudi dans le kibboutz de Kfar Aza. Ce lieu a été durement touché par les attaques du Hamas menées le 7 octobre dernier : 63 de ses 960 membres ont été tués, 17 personnes ont été prises en otages et une est toujours portée disparue, d’après les autorités israéliennes. Une visite bouleversante pour les sénateurs, accompagnés d’Amir Ohana, qui ont pu emprunter les rues désertes, bordées de maisons marquées par les innombrables impacts de balles, où tout est resté tel quel, des fauteuils de jardin aux jeux pour enfants sur la pelouse, et d’où l’on entend les tirs et les drones sur Gaza, quelques kilomètres plus loin.
« Ce qui a commencé par l’obscurité, nous le finirons par la lumière »
Au début de la visite, les sénateurs ont rencontré par hasard Dodi Glazman, militaire israélien, commandant d’une des unités qui travaille à l’identification des corps et son groupe de volontaires. Beaucoup des militaires qui sont déployés sont des réservistes, d’autres des volontaires. L’homme explique, l’air grave, le regard tourné vers le sol, le travail que mène son équipe au camp de Shura depuis le 7 octobre. « Nous avons vu des choses très dures, des personnes qui sont arrivées en plusieurs morceaux et qu’il fallait remettre ensemble, comme un puzzle », détaille-t-il aux sénateurs, en hébreu ensuite traduit par une interprète de l’armée israélienne. L’unité du commandant Glazman s’est entre autres occupée des corps retrouvés sur le lieu du festival de musique Nova, et dans le kibboutz Kfar Aza. Dans ce kibboutz, c’est la partie où se trouvaient les jeunes qui a été la plus durement touchée par les massacres et les prises d’otages. Le commandant décrit des corps mutilés, brûlés. Il conclut, comme pour laisser la délégation avec une touche d’espoir : « Ce qui a commencé par l’obscurité, nous le finirons par la lumière ».
« On imagine très bien la tragédie qui s’est déroulée ici »
De Kfar Aza, on en ressort bouleversé. La délégation sénatoriale y a croisé le premier et le seul couple qui est revenu y vivre, tous les autres sont réfugiés au nord de Tel Aviv. Sur l’une des maisons, on peut voir la photo d’Alon Shamriz, jeune homme de 26 ans pris en otage par le Hamas le 7 octobre et originaire du kibboutz, abattu par erreur avec deux autres otages par l’armée israélienne le 15 décembre, alors qu’ils agitaient un drapeau blanc. Et puis le bruit des tirs sur Gaza si proche.
La délégation du Sénat en est ressortie très marquée, tant le silence qui règne dans les rues désertes est lourd. « Je ressens beaucoup d’émotion », se confie à notre journaliste sur place le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau. Pour lui, ce qui revient en voyant ces maisons abandonnées à la hâte, ce sont les images des attaques du 7 octobre, diffusées au Sénat le 21 novembre dernier. « Ces images, très impressionnantes, m’avaient bouleversé. J’en avais retenu une chose : la jouissance de ceux qui tuaient. C’est difficile à comprendre pour des êtres humains, ils étaient complètement déshumanisés et ils déshumanisaient leurs victimes », explique-t-il. Des images qui marquent encore plus, une fois sur place. « Dans ce silence, on entend seulement les oiseaux, devant les maisons brûlées, on imagine très bien la tragédie qui s’est déroulée ici », décrit le sénateur.
Une visite pour préparer le jour d’après
Une fois le choc de l’horreur passé, il faut réfléchir aux réponses et aux solutions, en particulier politiques. La visite de la délégation sénatoriale, et les rencontres organisées avec les principaux responsables politiques israéliens, de la majorité comme de l’opposition, et palestiniens, y participe. La position à tenir est périlleuse, entre soutien à l’Etat d’Israël dans sa réponse aux attaques du 7 octobre, et protection des populations gazaouies, sous les bombardements israéliens incessants depuis presque autant de temps. « On comprend qu’Israël veuille supprimer toute tentative de réédition de ce genre de chose », confie Bruno Retailleau à Public Sénat, après sa visite de Kfar Aza. Cette visite, pour Gérard Larcher, se veut comme une étape pour préparer le jour d’après, porter la voix de la France pour encourager une solution à deux Etats. Des discussions que Gérard Larcher pourra avoir avec le président de la Knesset, Amir Ohana, lors de sa visite en France, prévue en février prochain.
Pour aller plus loin