Invité au micro de Public Sénat à réagir à la victoire de Donald Trump, Cédric Perrin, président (LR) de la commission sénatoriale des affaires étrangères, estime qu’il faut se montrer prudent vis-à-vis des annonces, parfois fracassantes, faites par le Républicain pendant la campagne électorale sur les questions de politique internationale.
Election de Donald Trump : « Ça fait très longtemps que les Français parlent d’une Europe de la défense, les autres n’en veulent pas », estime Hubert Védrine
Par Henri Clavier
Publié le
« Nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte », écrit Emmanuel Macron, sur X, immédiatement après avoir félicité Donald Trump pour sa victoire à l’élection présidentielle américaine. Une nouvelle fois, l’élection de Donald Trump incite les Européens à renforcer leur coopération et à anticiper les conséquences de l’élection du 47è président des Etats-Unis. Les Européens sont particulièrement dépendants de la protection militaire américaine dont ils bénéficient dans le cadre de l’Otan. C’est également dans le cadre de l’Otan que les pays occidentaux ont pu soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe. Alors que Donald Trump assure vouloir trouver une solution menant à la paix, sans préciser les moyens mobilisés, les Européens se préparent à subir la politique étrangère américaine. « Il n’a pas de position spéciale sur la France, il s’en fiche », rappelle Hubert Védrine qui insiste sur le caractère « unilatéral » de la politique étrangère des Etats-Unis.
« Ça fait très longtemps que les Français parlent d’une Europe de la défense, les autres n’en veulent pas »
« Au minimum, il faudrait des convergences France-Allemagne », pointe Hubert Védrine à propos du développement d’une Europe de la défense permettant aux membres de l’Union européenne de s’affranchir de la dépendance américaine. Néanmoins, comme le rappelle l’ancien ministre, le cadre de l’Union européenne nécessite également l’accord des autres Etats membres. Or l’idée n’est pas nouvelle, mais n’a jamais convaincu. « Ce sont les Européens qui ont demandé d’être protégés par les Américains. Ça fait très longtemps que les Français parlent d’une Europe de la défense, les autres n’en veulent pas », insiste Hubert Védrine. Alors que les Etats-Unis ont apporté près d’un tiers de l’aide militaire à l’Ukraine (98 milliards d’euros sur 310 milliards d’aides), Hubert Védrine anticipe la vulnérabilité européenne face aux décisions américaines.
Les Européens dépendants de la solution américaine en Ukraine
« Je m’attends à une évolution vers une sorte d’enlisement en Ukraine », avance Hubert Védrine qui juge que Donald Trump ne pourra pas offrir une victoire trop grande à Vladimir Poutine. En revanche, l’ancien ministre estime probable que « Trump avance dans l’idée que l’Otan n’est plus importante et que les Européens doivent se débrouiller ». Dans ce cas de figure, les Européens pourraient difficilement « contrebalancer la position américaine », juge l’ancien chef de la diplomatie française. Des positions difficiles à équilibrer, en particulier si les Etats-Unis décident de reconnaître la souveraineté russe sur certains territoires de l’est de l’Ukraine notamment les régions de Donetsk et Louhansk. « Il y aura un moment de déchirement, même moral, éthique et politique », pour les Européens, prédit Hubert Védrine.
Pour aller plus loin