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Election américaine 2024 : les 7 choses à savoir avant le scrutin

Avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, Public Sénat fait le point sur les 7 points essentiels à avoir en tête pour comprendre le scrutin.
Camille Romano

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Le peuple américain n’élit pas directement son président

C’est une particularité du système électoral américain : l’élection présidentielle est un scrutin indirect. C’est d’ailleurs la seule élection qui est organisée selon cette modalité, une volonté inscrite dans la Constitution et vue comme un compromis entre un suffrage direct et une élection par les membres du Congrès. Si les électeurs votent le 5 novembre, c’est en fait pour des grands électeurs : c’est le collège électoral. C’est à ses 538 membres (le même nombre que les membres du Congrès), que revient la tâche d’élire le ou la prochaine locataire de la Maison-Blanche. Il faut avoir obtenu la voix d’au moins 270 de ces grands électeurs pour pouvoir réclamer la victoire.

L’élection se tient le 5 novembre… mais débute bien avant

Le système électoral américain reconnaît le vote par anticipation et le vote par correspondance, deux modalités qui permettent à certains électeurs de voter avant le jour du scrutin du 5 novembre. La plupart des Etats mettent en place une période allouée au vote anticipé, qui peut aller jusqu’à une cinquantaine de jours avant l’élection, sans que les électeurs aient à se justifier. Dans certains Etats, il faut au contraire faire une demande d’« absentee ballot », un genre de vote par procuration, afin de pouvoir se rendre dans les bureaux de vote anticipé. Dans le New Jersey par exemple, le vote anticipé débute dix jours avant le jour de l’élection, mais les votes par procuration débutent quarante-cinq jours avant l’élection. Des bureaux de votes par anticipation sont ouverts sur des créneaux précis, qui varient en fonction des Etats ou des comtés. D’autres Etats, comme la Californie, le Colorado, le Nevada ou le district de Columbia, ont mis en place un système de vote par correspondance : tous les électeurs inscrits sur les listes électorales de l’Etat reçoivent à leur domicile des bulletins de vote, qu’ils doivent ensuite remplir, signer et renvoyer aux autorités organisatrices du vote.

… et se poursuit bien après

Après le jour de l’élection en novembre, si le nom du vainqueur du vote populaire est connu la plupart du temps, il faut encore franchir quelques étapes avant de pouvoir officiellement déclarer le prochain président des Etats-Unis. Comme nous l’expliquions plus haut, les électeurs américains votent en novembre pour des grands électeurs, les membres du collège électoral. Ils se réunissent, par Etat, pour voter, à la mi-décembre. Leurs votes sont ensuite envoyés au Congrès pour être comptabilisés et certifiés, le 6 janvier. C’est à cette date que des soutiens de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole, afin de protester contre la certification de ce vote qu’ils estimaient avoir été volé.

Certains Etats ont un rôle plus crucial que d’autres

On les appelle « swing states », « états clés », « pivots », « états violets » ou « champs de bataille » : les qualificatifs ne manquent pas pour désigner la poignée d’Etats qui peuvent faire basculer l’élection. En 2024, la plupart des médias et des analystes politiques s’accordent à dire qu’ils sont sept, ces états à surveiller de près : l’Arizona, la Caroline du Nord, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Ni les Républicains ni les Démocrates ne peuvent affirmer être en terrain conquis dans ces territoires et ne peuvent donc pas compter sur les voix de leurs grands électeurs pour assurer la victoire. Et avec 93 grands électeurs au total, les « swing states » ne sont pas négligeables, loin de là. C’est donc dans ces états cruciaux que les campagnes concentrent la plupart de leurs efforts : déplacements, campagnes publicitaires, porte-à-porte… Selon une étude de la société d’analyse ADImpact publiée à la fin du mois d’août 2024, près de 589 millions de dollars ont été consacrés aux dépenses publicitaires dans ces États, entre la fin du mois de mars et le mois d’août, tous camps confondus. En Pennsylvanie par exemple, qui pourrait lui rapporter dix-neuf grands électeurs en cas de victoire, Kamala Harris a déjà effectué dix visites. Aucun effort n’est superflu dans ce système où le candidat qui a le plus grand nombre de voix (le vote populaire) dans l’État empoche les votes de tous les grands électeurs de l’Etat, qui a cours dans tous les États sauf dans le Maine et le Nebraska.

Le président n’est pas le seul à être élu

Le 5 novembre, les citoyens américains ne votent pas seulement pour leur futur président : ils sont également amenés à voter pour des membres du Congrès. Aux Etats-Unis, les élections de mi-mandats, les « mid-terms », ont lieu tous les deux ans. A cette occasion, la Chambre des Représentants est renouvelée dans son intégralité, soit 435 sièges, ainsi qu’un tiers du Sénat (qui compte 100 membres, deux par États).
Diverses élections locales sont aussi organisées le 5 novembre : des élections municipales, pour les chambres législatives des Etats, les gouverneurs, ou encore des juges. Dans certains états, les électeurs pourront aussi se prononcer sur des référendums au niveau local.

 

Il y a plus que deux candidats

Si l’attention de tous se concentre sur le duel entre Kamala Harris et Donald Trump, ils ne sont pas les seuls à briguer la Maison-Blanche. Trois autres candidats, indépendants ou de partis tiers sont toujours dans la course, après l’abandon en août de Robert F. Kennedy Junior. Cet avocat, fils du sénateur Robert F. Kennedy et neveu du président John Fitzgerald Kennedy s’était présenté en tant que candidat indépendant après avoir échoué à remporter l’investiture démocrate. Activiste antivaccin avec des relents idéologiques complotistes, il a fini par jeter l’éponge et a annoncé son ralliement à Donald Trump le 23 août 2024.
Ce n’était pas l’unique candidat indépendant dans la course : Cornel West, un activiste et universitaire spécialiste des questions de genre et de race, a fini par se lancer seul, après avoir voulu être le candidat du parti Vert et du « People’s Party ». Un temps affilié au parti démocrate, proche de Bernie Sanders, ce professeur des universités s’est montré très critique de Barack Obama et de son mandat.
Le parti Vert a fini par investir Jill Stein, une médecin et activiste, qui mène en 2024 sa troisième campagne présidentielle, avec un programme défini comme « pro travailleur, antiguerres » et axé sur « l’urgence climatique ». En 2016, lors de sa dernière campagne, elle avait remporté 1.07 % du vote populaire. Pour l’anecdote, elle était la directrice de campagne de Cornel West jusqu’à sa décision de ne plus briguer l’investiture verte.

Le parti libertarien présente également un candidat, Chase Oliver. A 39 ans, c’est le plus jeune candidat de ce scrutin, qui se définit lui-même comme « pro armes, pro réforme de la police, pro choix », ainsi que « gay et armé ».

Une élection très serrée

Dans cette élection comme dans toutes les autres, l’issue du scrutin est indécise. Si l’abandon de Joe Biden et l’entrée en lice de Kamala Harris a entamé les chances de l’emporter de Donald Trump, rien n’est fait avant le 5 novembre. Les sondeurs américains ont encore en tête leurs erreurs de 2016, où ils avaient sous-estimé le vote Trump et donné pour la plupart Hillary Clinton gagnante. Le 8 octobre, le site 270towin, qui agrège 7 sondages, donnait les deux candidats au coude à coude, à 48 % d’intentions de vote chacun au niveau national.

 

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