Alors qu’un nouveau sommet européen se tiendra à Bruxelles jeudi 20 et vendredi 21 mars, Valérie Hayer est revenue sur le plan « Réarmer l’Europe » présenté par la Commission européenne il y a deux semaines (voir notre article). « Les 800 milliards c’est une bonne chose et c’est beaucoup d’argent, mais effectivement c’est assez hypothétique : on considère que si les États augmentent de 1,5 % leurs dépenses de Défense ça ferait 650 milliards et ensuite il y a des prêts aux Etats », a détaillé la présidente du groupe Renew au Parlement européen. L’ancienne tête de liste Renaissance aux élections européennes a par ailleurs estimé que « la vraie bonne solution », mais qui n’était « pas encore mûre à ce stade », était « un emprunt commun comme pendant le Covid, avec des subventions aux États-membres. »
Endettement européen : « Les lignes bougent »
L’élue identifie un changement au sein des Européens sur la question de l’endettement pour financer la défense européenne. « Les lignes bougent. Il y a des Etats qui sont traditionnellement frugaux, qui étaient contre l’endettement en 2020, et qui appellent aujourd’hui à un emprunt commun de 100 milliards pour financer la Défense européenne, comme la Finlande ou l’Estonie », détaille-t-elle.
Ainsi, la Commission pourrait utiliser sa crédibilité auprès des marchés financiers pour obtenir des prêts à des taux plus intéressants puis accorder des subventions directement aux Etats à condition que celles-ci financent l’industrie de défense européenne. « Sur la préférence européenne, les lignes bougent aussi y compris chez les plus atlantistes de nos partenaires », précise Valérie Hayer, alors que « 80 % des équipements militaires que l’on utilise en Europe sont produits hors des frontières européennes, dont 60 % aux Etats-Unis. »
« La démilitarisation de l’Ukraine n’est pas acceptable »
La présidente du groupe Renew place cet effort financier et industriel dans le cadre d’une l’aide à l’Ukraine « qui doit s’accélérer » pour que les Ukrainiens soient « dans la meilleure position possible à la table des négociations », au moment où Donald Trump a annoncé qu’il téléphonerait à Vladimir Poutine le mardi 18 mars pour « mettre fin à la guerre. »
« C’est important que l’administration américaine et les Ukrainiens aient pu se reparler », a réagi Valérie Hayer. « Maintenant la balle est dans le camp de Poutine. C’est aussi un test pour la relation entre Donald Trump et Vladimir Poutine », a-t-elle poursuivi. Les discussions devraient s’articuler autour de la question des garanties de sécurité, alors que Vladimir Poutine réclame un statut de neutralité et le désarmement de l’Ukraine.
« Il faut d’abord permettre aux Ukrainiens de se renforcer eux-mêmes », estime la députée européenne, avant d’ajouter : « Ensuite, il y a la question des garanties de sécurité que l’Europe doit mettre en place pour éviter que Poutine ne viole le cessez-le-feu comme il l’a fait en 2014. La démilitarisation de l’Ukraine n’est pas acceptable, parce que Poutine risque d’attaquer de nouveau. »