Les échanges entre le gouvernement et les sénateurs ont pour coutume d’être plus apaisés qu’à l’Assemblée nationale. Thomas Dossus, sénateur du groupe EELV du Rhône a cependant été particulièrement offensif ce mercredi, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat en abordant le sujet hautement polémique de la tenue de la coupe du monde de football au Qatar.
Thomas Dossus met les pieds dans le plat face à la ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques : « Nous sommes face à un dilemme, une troisième étoile sur le maillot vaut-elle toutes les compromissions ? »
6 500 travailleurs décédés
Et d’énumérer les compromissions qui ont eu lieu depuis douze ans, date à laquelle la FIFA a choisi le Qatar pour accueillir l’évènement sportif. « A l’époque, Kylian Mbappé n’avait que douze ans, mais Nicolas Sarkozy œuvrait déjà avec succès pour que la monarchie qatarie se voit attribuer l’organisation de l’événement. Douze ans plus tard, poursuit-il, on s’apprête à jouer la plus grande compétition de football sur les cadavres de 6 500 travailleurs qui ont participé à la construction des stades climatisés. »
Car au-delà du désastre écologique, de l’absence de respect des droits humains, le sénateur souligne une chose simple qui sous-tend la tenue de cet événement, où la France enverra 220 gendarmes et agents civils pour compléter la sécurité : Quel avenir pour les compétitions sportives internationales ? « Le sport français devrait être un réel vecteur d’engagement en faveur des droits humains et du climat. »
« Nous voulons aider le Qatar à mettre en œuvre l’accord de Paris »
Amélie Oudéa-Castéra prend la parole dans l’hémicycle pour rappeler, non pas sans difficulté, qu’effectivement la décision prise par la FIFA d’attribuer la coupe du monde au Qatar a été prise il y a douze ans dans un tout autre contexte. » Et de poursuivre, sous les soupirs des sénateurs : « Nous souhaitons que le Qatar fasse tout ce qu’il doit pour tenir l’objectif de neutralité carbone qu’il a affiché pour le mondial. Il a indiqué pouvoir s’appuyer sur un système de transports en commun ambitieux d’ailleurs bâti pour l’occasion avec l’expertise française et des investissements dans les énergies renouvelables de tout premier plan. »
Par la suite, la ministre botte en touche : « Nous voulons aider le Qatar à mettre pleinement en œuvre l’accord de Paris et réduire ses émissions de gaz à effets de serre. Nous sommes d’ailleurs engagés dans des opérations techniques pour accélérer les efforts de ce pays dans ce sens », sans en dire plus. Mais elle espère qu’en « prévision » de la Cop27 qui doit se tenir en Egypte à Sharm-el-Sheikh en novembre prochain, le Qatar pourra « soumettre une contribution nationale rehaussée et une stratégie de long terme davantage alignée sur l’objectif de limitation de réchauffement climatique de 1,5 degré".
S’agissant des droits humains, la ministre reconnaît que les « progrès » incarnés par les réformes du droit du travail de 2018 et 2020, notamment au sujet des travailleurs migrants, restent « insuffisants ». Insuffisant aussi, comme le temps de parole dont la ministre aurait aimé bénéficier pour étayer sa réponse.