Contrôles aux frontières : « Le social-démocrate Olaf Scholz applique ce que préconise le Rassemblement national », se réjouit l’eurodéputé Fabrice Leggeri 

Suite à une attaque terroriste cet été, et sur fond de montée de l‘extrême droite l’Allemagne a décidé, pour 6 mois, de rétablir des contrôles à ses frontières intérieures. Doit-on y lire un basculement de la politique migratoire en Europe ? On en débat cette semaine dans Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat.
Alexandre Poussart

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Coup de tonnerre dans l’Union européenne ce lundi 16 septembre, l’Allemagne a rétabli, de manière temporaire, des contrôles à ses frontières intérieures, avec les 8 pays voisins, membres de l’Union européenne, dont la France. Une décision qui marque un coup d’arrêt à la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen, l’un des piliers de l’Union européenne. Le gouvernement d’Olaf Scholz, qui rassemble sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, assume cette mesure, après plusieurs attentats en Allemagne ces dernières semaines, dont une attaque terroriste au couteau à Solingen, fin août, qui a fait 3 morts et dont l’auteur est un Syrien de 26 ans. Un contexte dramatique auquel s’ajoute la montée de l’extrême droite allemande aux dernières élections locales, face à un gouvernement fragilisé politiquement.

« Le chancelier allemand social-démocrate fait ce que préconise le Rassemblement national en protégeant son pays contre l’immigration illégale et l’insécurité puisque la frontière extérieure de l’Union européenne ne fonctionne pas », se réjouit Fabrice Leggeri, eurodéputé RN et ancien directeur de Frontex, l’agence chargée de surveiller les frontières extérieures de l’UE, interrogé dans l’émission Ici l’Europe sur France 24 et Public Sénat.

« L’espace Schengen est fondamental dans la construction européenne »

Un point de vue diamétralement opposé à celui de l’eurodéputé portugais Francisco Assis : « L’espace Schengen est fondamental dans la construction européenne. Et nous devons conserver une immigration légale car nous avons besoin d’immigration. Au Portugal, les chefs d’entreprises, de différents secteurs, demandent au gouvernement de favoriser l’immigration car nous manquons de main d’œuvre. »

Les Pays-Bas veulent sortir du Pacte asile et immigration

Ces derniers jours, les discours européens sur l’immigration se sont durcis : la Hongrie de Viktor Orban, condamnée à une amende européenne de 200 millions d’euros pour non-respect du droit d’asile, a menacé d’envoyer des bus de migrants à Bruxelles, tandis que le gouvernement des Pays-Bas, composé d’une coalition du centre-droit avec l’extrême droite, a indiqué vouloir sortir du Pacte européen asile et immigration, voté en avril dernier.

Ce Pacte prévoit une solidarité entre les Etats-membres dans la répartition des demandeurs d’asile et un premier traitement des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’UE. « Les Pays-Bas demanderont, lors du prochain changement de traités européens, de sortir de ce pacte, mais appliqueront ces nouvelles règles d’ici là », explique Dirk Gotink, eurodéputé néerlandais, membre du parti centriste Nouveau contrat social qui participe à la coalition avec l’extrême droite du PVV. « Le problème c’est que ce pacte européen s’applique seulement en 2026 et nous n’avons pas le temps d’attendre deux années pour qu’il y ait de vrais contrôles aux frontières extérieures de l’Union. »

Un nouveau commissaire européen à la Méditerranée

La politique migratoire sera l’une des priorités de la nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen, présentée cette semaine, avec un Commissaire dédié à la migration et un Commissaire à la Méditerranée. Un nouveau portefeuille qui pourrait faciliter la conclusion d’accords entre l’Union européenne et des pays du Sud pour sous-traiter les demandes d’asile hors de l’Union européenne. Certains s’inquiètent de conditions de rétention de migrants qui ne correspondent pas à l’Etat de droit européen, comme en Tunisie, pays qui coopère avec l’Italie de Giorgia Meloni. Pour l’eurodéputé néerlandais, « Il ne faut pas être moraliste et parler avec nos voisins tout en s’assurant que les droits humains de ces personnes soient respectés. »

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Commissaires européens : quelles leçons tirer de la nouvelle équipe dévoilée par Ursula von der Leyen ?

Après des semaines de négociations avec les États membres, Ursula von der Leyen a dévoilé ce 17 septembre les noms des personnalités qui l’entoureront lors de son nouveau mandat à la tête de la Commission européenne. Les profils des 27 nouveaux commissaires ont directement été recommandés par les États membres, puis validés par Ursula von der Leyen. Les candidats aux postes devront encore être auditionnés au Parlement européen, qui validera leur nomination par un vote. Comment se compose ce nouveau collège de commissaires ? De quel portefeuille la France hérite-t-elle ? Certaines personnalités risquent-elles d’être retoquées par les eurodéputés ? Décryptage. La parité, enjeu central dans l’attribution des portefeuilles de commissaires Signe des difficultés rencontrées par Ursula von der Leyen pour former cette nouvelle équipe, l’annonce de sa composition a finalement été reportée d’une semaine. Un retard qui n’a rien d’exceptionnel, souligne Francisco Roa Bastos, maître de conférences en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « La composition de la Commission européenne est toujours un exercice compliqué, parce qu’il faut satisfaire plusieurs logiques, de géographie, de parité, en plus des exigences des différents États membres. » Cher à Ursula von der Leyen depuis son premier mandat, c’est notamment le critère de parité qui semble avoir donné du fil à retordre à la présidente de la Commission. « Lorsque j’ai reçu les premières propositions de nomination des États membres, nous avions 22 % de femmes et 78 % d’hommes. Vous imaginez bien que c’était tout à fait inacceptable », a-t-elle déploré à l’occasion d’une conférence de presse. Finalement, le collège proposé comporte 40 % de femmes. Une répartition non-paritaire, compensée toutefois par l’attribution de quatre des six postes clés de vice-présidents de la Commission à des femmes. « Ursula von der Leyen a su faire de cet enjeu de parité un élément de négociation important dans la répartition des portefeuilles entre les différents États membres », observe Francisco Roa Bastos. Sommés de proposer le nom d’une femme pour le poste, les pays qui ont joué le jeu – notamment la Bulgarie, la Slovénie et la Roumanie – se voient en effet attribuer « des portefeuilles importants », estime-t-il. Les socialistes obtiennent un poste clé, un proche de Meloni nommé vice-président Par ordre d’importance, après Ursula von der Leyen, c’est d’ailleurs l’Espagnole Teresa Ribera qui hérite du poste le plus influent. La socialiste, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Pedro Sanchez, est nommée vice-présidente de la Commission et prend en charge le portefeuille de la concurrence. Un rôle central. « Elle guidera les travaux pour que l’Union européenne reste sur les rails du Pacte vert, de la décarbonation et de la réindustrialisation », a détaillé Ursula von der Leyen. Pourquoi la présidente de la Commission européenne, membre de la droite européenne du PPE, a-t-elle attribué ce poste de premier plan à une socialiste ? « Elle a été fine stratège », estime Francisco Roa Bastos : « Avec la nomination de Teresa Ribera, il va être plus difficile pour les eurodéputés socio-démocrates de contester la composition globale du collège de commissaires, au risque de voir ce poste leur échapper ». Deuxième force politique du Parlement derrière le PPE, le groupe S&D aura en effet un rôle central à jouer dans la validation par un vote de ce nouveau collège de commissaires. Le profil de Teresa Ribera pourrait ainsi calmer les critiques venues de la gauche quant à la nomination d’un autre vice-président : Raffaele Fitto. Le choix de l’Italien, ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Giorgia Meloni, est en effet vivement contesté par les eurodéputés de gauche, opposés à la nomination d’une personnalité d’extrême droite à la Commission. « La France sort affaiblie de cette séquence » Enfin, côté français, le bilan de ces nominations semble contrasté. Après la démission fracassante du commissaire européen Thierry Breton, victime de ses relations exécrables avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a finalement proposé la candidature de Stéphane Séjourné. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères obtient une place de choix dans ce nouveau collège : un poste de vice-président, chose que Thierry Breton n’avait pas obtenue, ainsi qu’un portefeuille dédié à la « prospérité » et à la « stratégie industrielle ». « Grâce à sa position de vice-président, Stéphane Séjourné aura une position importante et transversale au sein de la Commission, que n’avait pas Thierry Breton. Mais son portefeuille n’inclut que la politique industrielle, on peut regretter qu’il n’intègre pas des éléments de politique commerciale, notamment la concurrence », analyse Elvire Fabry, chercheuse senior à l’institut Jacques Delors. Pour Francisco Roa Bastos, la nomination de Stéphane Séjourné peut même être vue comme une « rétrogradation » par rapport au poste occupé par Thierry Breton. Sans pouvoir s’occuper des politiques centrales de concurrence, attribuées à Teresa Ribera, l’influence de Stéphane Séjourné pourrait selon lui être « limitée », comparée à celle que pouvait avoir Thierry Breton. « C’est assez clair pour tous les observateurs, la France sort affaiblie de cette séquence », tranche Francisco Roa Bastos. Pour être confirmé à son poste, le nouveau commissaire français devra dans tous les cas se soumettre au vote des eurodéputés. Un soutien qui ne semble pas acquis dans le camp des eurodéputés français. « Stéphane Séjourné hérite d’un portefeuille clé, avec possiblement plusieurs commissaires expérimentés sous ses ordres. Avec quelle expertise ? Il va se faire manger et l’influence française va payer l’addition », a par exemple raillé l’eurodéputé Les Républicains Céline Imart, auprès de l’AFP.

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