Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Conflit Liban/ Israël : « La stratégie de Netanyahou consiste à pousser le Hezbollah et l’Iran à la faute pour justifier une intervention militaire israélienne », analyse Pierre Razoux
Par Henri Clavier
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Après la frappe contre Saleh el-Harouri dans la banlieue de Beyrouth par l’armée israélienne, doit-on craindre une escalade et un embrasement de la région ?
Les risques de tension et d’escalade sont plus élevés aujourd’hui qu’au début de la guerre. On constate que Benjamin Netanyahou et ses partisans sont tentés de profiter de la situation pour affaiblir le Hezbollah. En plus de Saleh el-Harouri, quatre cadres du Hezbollah ont été tués par la frappe israélienne et un général iranien a été assassiné à Damas la semaine précédente. Pour Benjamin Netanyahou, pousser le Hezbollah à s’impliquer dans le conflit peut permettre d’affaiblir durablement l’une des principales menaces pour Israël et de faire durer la guerre. Le premier ministre israélien sait bien que lorsque la guerre sera finie il risque d’être ciblé par une commission d’enquête, de perdre le soutien de la Knesset, de devoir quitter le pouvoir et de connaître de nouvelles poursuites judiciaires.
Avec cet assassinat, l’armée israélienne a-t-elle franchi les lignes rouges du Hezbollah ?
La stratégie de Netanyahou consiste justement à se rapprocher de cette ligne rouge et de pousser le Hezbollah et l’Iran à la faute pour justifier une intervention militaire israélienne massive contre le Hezbollah. Pour Téhéran, la ligne rouge serait franchie en cas de frappe sur le sol iranien ; les incursions de l’aviation israélienne en Syrie ou au Liban ne suffiront pas à plonger l’Iran dans le conflit, sauf si Israël attaquait massivement des infrastructures vitales du Hezbollah au nord du fleuve Litani, ce qui n’est pas encore le cas. Benjamin Netanyahou veut profiter de son avantage et pousser l’Iran et le Hezbollah à franchir les lignes rouges israéliennes que sont les tirs de missiles vers les grandes villes d’Israël et l’infiltration de commandos adverses en territoire israélien, ce qui dépasse le cadre actuel de combats très limités à la frontière sud du Liban.
L’Iran et le Hezbollah ont-ils un intérêt à une intensification du conflit ?
Pas vraiment, et le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a appelé le Hezbollah et les gardiens de la révolution à faire preuve de patience et à ne pas céder à la tentation de représailles directes qui pourraient porter le conflit dans une nouvelle dimension. Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, fait également preuve de prudence depuis le début du conflit et ne souhaite pas étendre les combats. La ligne rouge est encore loin d’être franchie du côté du Hezbollah dans la mesure où même en cas d’assassinats ciblés sur d’autres membres de milices sunnites (comme le Jihad islamique) ou chiites autres que le Hezbollah, ceux-ci ne devraient pas suffire pour que le Hezbollah franchisse les lignes rouges israéliennes. Par ailleurs, sans cibler les grandes villes israéliennes, le Hezbollah qui dispose d’un arsenal six à huit fois supérieur à celui du Hamas (avant le 7 octobre 2023) pourrait cibler des infrastructures stratégiques comme les plateformes gazières offshore des gisements de Katlan, Tamar et Leviathan. Cela pourrait avoir un coût politique et économique majeur pour Israël, sans s’en prendre directement à la population israélienne. Enfin, l’Iran a déjà rempli la plupart de ses objectifs stratégiques depuis le 7 octobre en réussissant à stopper la normalisation des relations diplomatiques entamée par Israël avec les pays arabes et notamment l’Arabie saoudite.
Le gouvernement israélien ne risque-t-il pas de se couper du soutien des Etats-Unis en cas de nouvelles frappes au Liban ?
Pour les Etats-Unis, les assassinats ciblés au Liban sont à la limite de ce qu’ils peuvent accepter, tant qu’ils ne sont pas de nature à provoquer l’escalade régionale du conflit. La question est d’ailleurs de savoir s’ils ont été consultés en amont concernant la frappe dans la banlieue de Beyrouth.
Peut-on imaginer une situation dans laquelle Tsahal lancerait une invasion du Liban ?
Toute la question sera de savoir quels sont les rapports de force au sein du gouvernement israélien si cette situation se présentait. Une partie de l’opinion israélienne est consciente que l’État Hébreu doit composer avec son voisinage et sait également que les interventions terrestres israéliennes au Liban ont toujours été difficiles pour Tsahal. Ce serait prendre le risque de rentrer dans une guerre de harcèlement avec des morts quotidiennement dans l’armée et une image d’Israël encore plus dégradée sur la scène internationale. Et de l’autre côté, une partie de l’opinion publique israélienne considère que leur pays est engagé dans une guerre existentielle et que c’est le moment pour affaiblir durablement le Hezbollah, quels que soient les risques induits
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