Colère des agriculteurs : tour d’Europe des revendications
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Avec l’ouverture du Salon de l’agriculture en ligne de mire ce samedi, les exploitants français attendent de pied ferme de nouvelles annonces de Gabriel Attal, lors d’une conférence de presse prévue ce 21 février. Au même moment, partout en Europe, les mobilisations se poursuivent, notamment en Pologne où elles gagnent en intensité.
En Pologne, la gronde contre les importations ukrainiennes
Ce mardi, les tracteurs polonais se massent à proximité de la frontière avec l’Ukraine, autour d’une centaine de points de passage. Dans la matinée, un groupe d’agriculteurs a également bloqué une voie ferrée, assurant le transport de marchandises entre les deux pays, pour déverser au sol les céréales ukrainiennes contenues dans des wagons. « Comment peut-on ouvrir la frontière à quelque chose qui n’est nullement contrôlé ? Nous, quand on transporte quelque chose à l’étranger on passe des centaines de contrôles différents alors que là, rien du tout », s’est indigné un exploitant polonais auprès de l’AFP.
Depuis l’invasion russe, l’Union européenne a choisi d’exempter les importations ukrainiennes de droits de douane. Depuis, partout en Europe, les accusations de concurrence déloyale fusent contre Kiev, notamment chez les producteurs de céréales, de sucre et de volailles. La Pologne, dont les routes sont fortement empruntées par les entreprises ukrainiennes pour continuer à exporter, est en première ligne. Début février, des agriculteurs polonais avaient déjà bloqué un camion ukrainien pour déverser sur la route toute sa cargaison de céréales, entraînant l’ouverture d’une enquête par le parquet polonais.
Pour calmer la colère, la Commission européenne a proposé fin janvier de prolonger l’exemption de droits de douane jusqu’en juin 2025, tout en l’assortissant de « mesures de sauvegarde ». Cette année, si les exportations ukrainiennes atteignent les mêmes volumes qu’en 2022 et 2023, alors l’UE rétablira des droits de douane pour les œufs, les volailles et le sucre. Des mesures de protection jugées insuffisantes, puisque le sujet provoque désormais des mobilisations internationales. Selon le réseau de médias européens EurActiv, des organisations agricoles de République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie, Lituanie et Lettonie ont prévu de mener des opérations coordonnées devant des postes-frontières, ce 22 février.
En Grèce et en Italie, la question cruciale des revenus
Ce mardi, en Grèce, après plusieurs jours de blocages routiers, 250 tracteurs convergent aussi vers la capitale. Au cœur de leurs revendications : une dénonciation de la baisse des revenus agricoles. Durement éprouvés par les inondations et les incendies qui ont ravagé le pays l’année passée, les agriculteurs grecs peinent à être indemnisés. Après avoir versé une aide exceptionnelle comprise entre 2 000 et 4 000 euros l’an passé, le gouvernement a promis aux professionnels une nouvelle aide de 5 000 à 10 000 euros pour cette année.
Les exploitants grecs réclament également une diminution des coûts de l’électricité et du carburant – pour lequel il n’existe pas de fiscalité spécifique au secteur, comme c’est par exemple le cas en France. Pour abaisser les coûts de production, le gouvernement a ainsi promis de réduire les factures d’énergie des agriculteurs au cours des dix prochaines années et de réduire la TVA sur les engrais et les produits d’alimentation pour animaux de 13 % à 6 %. Face à la poursuite des mobilisations, le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, qui a rencontré les organisations agricoles la semaine dernière, a d’ores et déjà annoncé que le gouvernement n’avait « rien de plus à donner » aux agriculteurs, rapporte l’AFP.
Ce sont des revendications similaires, pour une meilleure rémunération, qui ont poussé plus d’un millier d’agriculteurs italiens dans les rues de Rome le 15 février dernier. Un petit groupe s’est rassemblé devant le Palazzo Chigi, siège du gouvernement, pour porter ses revendications auprès de Giorgia Meloni. Dans le cadre d’une table ronde organisée autour d’associations d’agriculteurs italiens, la Première ministre a déjà annoncé qu’elle restaurerait un certain nombre d’exemptions fiscales pour les exploitants aux revenus les plus faibles.
En Espagne, des engagements contre les accords de libre-échange
Depuis deux semaines, les mobilisations d’agriculteurs ne faiblissent pas non plus en Espagne. Après des blocages routiers, plusieurs tracteurs ont convergé jeudi dernier vers le siège du ministère de l’Agriculture, en plein cœur de Madrid. Un rassemblement similaire est annoncé le 21 février. L’union des paysans catalans, l’une des principales organisations à l’origine des mobilisations, dénonce particulièrement la concurrence déloyale générée par les accords de libre-échange.
Le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, a déjà annoncé une série de mesures, parmi lesquelles le soutien au niveau européen du « principe de réciprocité dans l’utilisation des produits phytosanitaires dans la production alimentaire ». Aussi nommés « clauses miroirs », ces mécanismes obligeraient les pays non-européens signataires d’accords de libre-échange avec l’UE à respecter les mêmes normes que celles en vigueur sur le sol européen, notamment en matière d’utilisation de pesticides et de respect du bien-être animal.
Sous la pression du monde agricole, les ministres européens de l’Agriculture sont attendus le 26 février prochain pour une réunion du Conseil de l’Union européenne. Des discussions qui visent un objectif : « apporter des réponses à la fois rapides et structurelles à la crise actuelle du secteur agricole ».
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