Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
Charles III : revivez la visite du roi au Sénat
Charles III : revivez la visite du roi au Sénat
Par Romain David
Publié le
Un monarque au Palais du Luxembourg. Au deuxième jour de sa visite d’Etat en France, le roi Charles III s’est rendu au Sénat en fin de matinée, où il a prononcé un discours d’une vingtaine de minutes, en français et en anglais, depuis la tribune de l’hémicycle. Une première pour un monarque étranger. Avant lui, le roi d’Espagne, Felipe VI, avait déjà eu l’occasion de s’exprimer devant les parlementaires français, en 2015, mais depuis la tribune de l’Assemblée nationale. Le choix de la Chambre haute pour cette prise de parole est un clin d’œil à la mère du souverain, la reine Elisabeth II, qui s’était rendue au Sénat en 2004, se contentant à l’époque d’un bref discours en salle des Conférences.
Après un fastueux dîner d’Etat à Versailles mercredi soir, la visite de Charles III au Sénat ouvre une séquence un peu plus politique de sa visite en France, la première depuis son couronnement. Même si le monarque est tenu par un droit de réserve, sa prise de parole s’inscrit dans un contexte de resserrement des liens franco-britanniques, plus de trois ans après le Brexit. L’intervention du roi, que l’on sait féru d’écologie, intervient au moment où le gouvernement Français s’apprête à mettre en place, non sans remous, sa propre « planification écologique ». Charles III est également revenu sur la guerre en Ukraine et l’importance d’une alliance franco-britannique pour la stabilité du continent.
Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, vient d’arriver au Sénat. Elle accueillera le roi Charles III aux côtés de Gérard Larcher, le président du Sénat.
Sénateurs et députés prennent place dans l’hémicycle. Certains élus communistes ont choisi de bouder la séquence, comme le sénateur des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias, qui a rappelé sur X (anciennement Twitter) que la date du 21 septembre 1792 correspond, en France, à l’abolition de la royauté par la Convention.
Sous un ciel pluvieux, le cortège royal fait son entrée dans la cour du Petit Luxembourg, la résidence officielle du président du Sénat. Le roi est accueilli par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale et Gérard Larcher, qui préside la Chambre haute, avant un rapide passage en revue de la Garde républicaine.
Charles III est accueilli dans la salle des Conférences, située à quelques pas de l’hémicycle, par une délégation de 18 parlementaires français.
Pour l’Assemblée nationale :
- Valérie Rabault, vice-présidente ;
- Elodie Jacquier-Laforge, vice-présidente ;
- Naïma Moutchou, vice-présidente ;
- Caroline Fiat, vice-présidente ;
- Sébastien Chenu, vice-président ;
- Hélène Laporte, vice-présidente ;
- Jean-Louis Bourlanges, président de la vommission des affaires étrangères ;
- Thomas Gassilloud, président de la vommission de la défense nationale et des forces armées ;
- Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des affaires européennes ;
Pour le Sénat :
- Roger Karoutchi, vice-président ;
- Valérie Létard, vice-présidente ;
- Laurence Rossignol, vice-président ;
- Nathalie Delattre, vice-présidente ;
- Pascale Gruny, vice-présidente ;
- Vincent Delahaye, vice-président ;
- Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ;
- Jean-François Rapin, président de la commission des affaires européennes ;
- Eric Bocquet, président du groupe interparlementaire d’amitié France-Royaume-Uni.
Le roi a également signé le livre d’or du Sénat et celui de l’Assemblée nationale.
« Si le Royaume-Uni réclamait des royalties sur l’idée de Parlement, toutes les démocraties du monde lui seraient redevables »
Sous les applaudissements des parlementaires, le roi fait son entrée dans l’hémicycle, puis prend place dans un fauteuil installé au pied du « plateau ». Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, est la première à prendre la parole, depuis la place habituellement réservée à Gérard Larcher, une séquence rare au Sénat.
« Pour que la présidente de l’Assemblée nationale prenne la parole dans l’hémicycle du Sénat, il faut un grand évènement, et c’est en effet un événement historique que nous vivons, et un honneur que vous nous faites, votre Majesté, qui connaissez bien la France », a-t-elle souligné. « Cette visite se devait de comporter une dimension parlementaire, car il faut le reconnaître, si le Royaume-Uni réclamait des royalties sur l’idée de Parlement, toutes les démocraties du monde lui seraient redevables », a-t-elle ironisé.
L’élue s’est ensuite lancée dans un discours riche en références historiques, s’attardant notamment sur la naissance du parlementarisme en France, et rappelant l’admiration des philosophes des Lumières pour le système politique anglais.
Yaël Braun Pivet a également rendu hommage aux suffragettes anglaises qui ont obtenu le droit de vote en 1918.
« Pour la première fois, un souverain britannique va prendre la parole devant le Parlement français »
Gérard Larcher, le président du Sénat, prend à son tour la parole. « C’est un moment inédit que nous fait vivre votre Majesté en nous faisant l’honneur de s’adresser, dans cet hémicycle du Sénat, à la représentation parlementaire française. Pour la première fois, dans l’histoire multiséculaire de nos deux pays, un souverain britannique va prendre la parole devant le Parlement français réuni dans sa composition bicamérale et sa diversité politique », a-t-il salué.
Le président du Sénat a rappelé les désaccords, mais aussi l’histoire commune des deux pays, en particulier durant la Seconde Guerre mondiale. « Parfois ennemis, souvent alliés, longtemps concurrents, le Royaume-Uni et la France ont destin lié. Dans les heures sombres, le Royaume-Uni fut un refuge pour tous les Français contraints à l’exil. Il fut même un temps, en juin 1940, où la capitale de la France s’était en quelque sorte transportée à Londres. »
Il a également fait applaudir les représentants de la Chambre des communes et de la Chambre des Lords, présents en tribunes pour cette occasion.
L’humour so british de Charles III
Le roi Charles III monte à la tribune pour prendre la parole, en français. Il débute son allocution par une boutade aux élus. « Je suis bien conscient que ma visite précède la rentrée officielle des deux chambres et je ne peux que vous présenter mes excuses pour avoir interrompu votre pause ! », a-t-il plaisanté, déclenchant les éclats de rire des parlementaires.
Effectivement, le calendrier parlementaire ne doit reprendre qu’en octobre, les élections sénatoriales se tenant le 24 septembre.
Le discours d’un roi
« La longévité de votre démocratie se reflète dans la longue amitié qui lie nos nations et nos peuples », a déclaré le roi Charles III, dans un discours mêlant le français et l’anglais. « Notre partenariat, construit sur des expériences partagées, demeure absolument vital alors que nous sommes confrontés aux défis de ce monde. Le Royaume-Uni sera toujours l’un des alliés les plus proches et le meilleur ami de la France », a assuré le fils d’Elizabeth II.
Charles III a longuement évoqué la mémoire de sa mère, se disant très touché par les hommages qui lui ont été rendus en France après son décès, il y a un peu plus d’un an. « Je souhaite qu’elle nous inspire pour continuer de tisser des liens entre nos deux pays, avec détermination, avec espoir et amour. »
La France et le Royaume-Uni « inébranlables » face à l’agression russe en Ukraine
Le roi a également abordé guerre en Ukraine. « Depuis que nous nous sommes battus côte à côte, il y a plus de 80 ans, pour la libération de l’Europe, nous faisons face encore une fois à une agression injustifiée sur notre continent. Notre détermination et notre alliance sont plus importantes que jamais. Ensemble, nous nous tenons aux côtés du peuple ukrainien avec une solidarité résolue. Ensemble, nous sommes inébranlables dans notre détermination pour que l’Ukraine triomphe et que nos libertés, si chères, l’emportent », a-t-il martelé.
Une « Entente pour la Durabilité »
Féru d’écologie, Charles III s’est également attardé sur le défi que présente le changement climatique. « Il est urgent de voir les mesures prises par nos gouvernements, nos concitoyens et, de plus en plus, par le secteur privé. Je pense depuis longtemps que nos entreprises peuvent jouer un rôle essentiel en travaillant en partenariat et en harmonie avec nos gouvernements, et investir des milliards pour développer les solutions qui permettront une transition réussie vers un monde durable ».
Il a plaidé pour que Paris et Londres s’engagent autour d’une « Entente pour la Durabilité » afin de répondre « plus efficacement » à « l’urgence mondiale en matière de climat et de biodiversité ».
» Regardez l’intégralité du discours de Charles III
Annoncée pour durer une dizaine de minutes, la prise de parole du roi aura duré pratiquement 20 minutes. Elle s’achève sous les applaudissements nourris de l’hémicycle. « Des applaudissements qui nous feraient rêver », a commenté le président Gérard Larcher.
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