« Bonjour, avez-vous une alternative de boîte mail à Gmail (service de l’entreprise américaine Google) ? », « je cherche une autre plateforme que Netflix » ou encore « Spotify est suédois, mais ses serveurs sont hébergés aux Etats-Unis. Je vous conseille cette plateforme musicale française… ». Depuis plusieurs semaines, on s’échange de bons conseils, sur des groupes Facebook dédiés, pour se passer des produits américains.
Après l’annonce du président américain de vouloir augmenter les droits de douane des produits canadiens, chinois et européens et sa joute verbale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans le bureau ovale le 28 février dernier, de nombreux appels au boycott des produits américains ont surgi. Les attaques d’Elon Musk sur son réseau social X ou son salut nazi lors de la cérémonie d’investiture du président Donald Trump ont également contribué à la popularité du mouvement.
Le Canada à l’initiative
C’est le Canada qui, le premier, promeut la consommation nationale. En réponse à la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump sur les produits en provenance de son voisin du nord, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau a invité ses concitoyens, dans un discours prononcé le 1er février, à « choisir » le Canada.
« Il existe de nombreuses façons de contribuer à l’effort : vérifier les étiquettes au supermarché et choisir des produits fabriqués au Canada ; opter pour du whisky canadien plutôt que pour du bourbon du Kentucky ou renoncer au jus d’orange de Floride. Cela peut vouloir dire changer vos projets de vacances d’été pour rester ici, au Canada », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford a annoncé répondre aux attaques américaines avec une taxe de 25 % sur ses exportations d’électricités vers trois Etats américains, celui de New York, le Michigan et le Minnesota. 15 % de la consommation d’électricité de l’Etat de New York provient du Canada.
54 000 membres dans un groupe danois
Depuis, Donald Trump a mis à exécution ses menaces de guerre commerciale vis-à-vis de l’Europe en annonçant la mise en place prochaine d’une surtaxe de 25 % sur les produits européens. En parallèle, plusieurs groupes Facebook ont émergé pour promouvoir le boycott des produits américains. Le groupe Facebook danois, boykot varer fra USA ( « boycotter les produits venant des Etats-Unis » ), à l’initiative du mouvement, compte plus de 54 000 membres.
« Il s’agit d’un groupe de personnes souhaitant soutenir le boycott des produits en provenance des États-Unis. Conséquence de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump », peut-on lire en préambule du groupe Facebook danois.
Pour remplacer les produits consommés venus d’Outre-Atlantique, les membres cherchent des substituts européens. On se partage des listes de marques à bannir. On analyse également les lieux de production des produits. « Attention, en matière de produits alimentaires, il y a ceux qui sont produits dans une usine française et les autres », est-il écrit sur le groupe Facebook « BOYCOTT USA : Achetez Français ! » qui compte 3 400 membres.
Le mouvement dépasse même les initiatives citoyennes. A la suite de l’altercation entre le président Zelensky et Donald Trump au sujet de l’aide militaire américaine en Ukraine, l’entreprise norvégienne Haltbakk Bunker, le principal fournisseur de fuel du pays, a annoncé, dans un communiqué repéré par Le Monde, de ne plus ravitailler en carburant les bateaux de la marine américaine.
Les ventes de Tesla au plus mal
Le mouvement de boycott n’augure rien de bon pour le milliardaire Elon Musk. Fidèle allié de Donald Trump, le propriétaire de Tesla voit ses ventes de voitures diminuer drastiquement en Europe. En janvier 2025, les ventes de voitures Tesla ont plongé de 45 % par rapport à l’année précédente alors que les ventes de voitures électriques ne cessent de progresser.
En cause ? Un patron provocateur, n’hésitant pas à soutenir ouvertement les mouvements d’extrême droite en Europe et à s’ingérer dans les politiques nationales à l’aide de son réseau social X. Le milliardaire a aussi provoqué l’indignation en effectuant un salut nazi lors de l’investiture du président américain Donald Trump. Sur les réseaux sociaux, avec le mouvement de boycott, on annonce vouloir vendre sa Tesla en réaction à ses agissements. Certains se justifient même de posséder une Tesla avec des stickers sur leur voiture indiquant « je l’ai acheté avant qu’Elon ne devienne fou ».
A noter que la Norvège, pays à l’initiative du mouvement de boycott, reste le leader incontesté de la voiture électrique en Europe. En 2024, 88,9 % des voitures neuves vendues en Norvège étaient des voitures électriques. Pour le mois de janvier 2025, ce chiffre est monté à 96 %.
Une aubaine pour la Chine
S’il y a bien un pays qui doit se réjouir du mouvement de boycott à l’encontre des Etats-Unis, c’est bien la Chine. Visé également par les mesures de surtaxe du président Donald Trump, l’empire du milieu compte bien remplacer son meilleur client en se tournant vers l’Europe.
En réaction aux taxes douanières de Donald Trump, l’Europe envisage de lui rendre la pareille. Diminuant ainsi ses importations en provenance des Etats-Unis, l’Europe laisse des parts de marché non-négligeables à la Chine. Cette dernière a même réussi à accaparer 11 % des parts de marché européennes de vente de voitures électriques. Depuis, l’Europe a mis en place une surtaxe sur les voitures électriques chinoises pouvant aller jusqu’à 35 %.
Pour sa part, la Chine a annoncé répondre aux surtaxes américaines en mettant elle-même en place une hausse des droits de douane en particulier sur les produits alimentaires et agricoles américains. La mesure doit être effective à partir du 10 mars prochain.