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Affaires étrangères : face à des sénateurs inquiets, Jean-Noël Barrot présente un budget 2025 amputé d’un milliard d’euros
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« Je ne vous cache pas que le projet de loi de finances pour 2025 suscite des inquiétudes au sein de notre commission. Si on considère le périmètre du ministère et de l’aide publique au développement, c’est une baisse d’un milliard d’euros. C’est considérable ! »
Dès le début de l’audition de Jean-Noël Barrot devant la commission des affaires étrangères du Sénat, ce 23 octobre, son président Cédric Perrin donne le ton. « Cela bouscule les engagements pris par le président de la République pour réarmer notre diplomatie, après des années de baisse des effectifs », alerte le sénateur Les Républicains.
Une contribution « significative » du ministère des Affaires étrangères aux économies pour 2025
Devant les sénateurs, le ministre des Affaires étrangères « assume un certain nombre de choix budgétaires, que nous avons du prendre étant donné l’exigence d’économies fixée par le Premier ministre ». Il reconnaît toutefois l’ampleur des efforts demandés, qu’il semble même déplorer à demi-mots.
Jean-Noël Barrot rappelle ainsi que le ministère qu’il dirige depuis septembre a déjà contribué de façon « significative » aux annulations et gels de crédits déjà réalisés en 2024 à la demande de Gabriel Attal, à hauteur de 800 millions d’euros. « Le projet de loi de finances pour 2024 confirme les économies déjà réalisées en 2024 et en ajoute 200 millions de plus », affirme le ministre, confirmant donc une baisse de son budget d’un milliard d’euros.
Sans pouvoir « entrer dans le détail de la répartition », Jean-Noël Barrot confirme par ailleurs que son ministère sera aussi mis à contribution dans le cadre des 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires, hors des lettres plafond, demandés aux différents ministères par Michel Barnier.
75 nouveaux postes créés, principalement pour renforcer les effectifs des ambassades
Dans « ce cadre contraint », Jean-Noël Barrot a présenté aux sénateurs ses priorités en matière de dépenses pour l’année à venir. Le ministre souhaite d’abord préserver au maximum les moyens du réseau diplomatique à l’étranger et la capacité de la France à « agir au cœur des crises, en soutien aux populations en détresse et aux autorités qui sollicitent notre aide ».
Si le budget global du ministère diminue, les dépenses en matière de personnel doivent ainsi augmenter et permettre la création de 75 postes l’an prochain. Les deux tiers de ces recrutements doivent servir à « renforcer notre réseau à l’étranger », notamment dans les ambassades aux effectifs réduits.
Un effort que le ministre lui-même peine à défendre. « Même avec ces 75 ETP (équivalents temps plein) supplémentaires, les effectifs de mon ministère étant portés à 13 892 ETP, c’est l’équivalent des moyens humains de la métropole de Toulouse. Et c’est avec ces moyens que nous assurons le fonctionnement de plus de 170 postes diplomatiques à travers le monde », regrette-t-il. Il faut dire que cette hausse du nombre d’agents du ministère est bien loin de la trajectoire initialement affichée. Après avoir subi la suppression de 3 000 postes enter 2006 et 2021, l’Etat s’était engagé dans un plan de recrutement massif promettant la création de 700 postes d’ici 2027, dont 150 l’année prochaine.
Fortement impactée par les économies, l’aide publique au développement ramenée à son niveau de 2021
Au sein du ministère des Affaires étrangères, la majorité des économies pour 2025 porteront en réalité sur les dépenses allouées à l’aide publique au développement. Ce volet du budget, partagé entre le quai d’Orsay et Bercy, devrait connaître en tout une baisse de 1,4 milliard d’euros par rapport à 2024. Le programme géré par le ministère des Affaires étrangères, consacré à l’aide aux pays en développement principalement sous forme de dons, sera davantage mis à contribution que celui géré par le ministère de l’Economie, consacré notamment à l’aide de pays moins en difficulté sous forme de prêts.
« À ce stade, une baisse de 857 millions d’euros est prévue par rapport à 2024, ce qui ramènerait ce programme à son niveau de 2021, avec 2,4 milliards d’euros de crédits », explique Jean-Noël Barrot. Une trajectoire encore une fois en dessous des espérances, puisque le budget alloué à l’aide publique au développement devait encore augmenter jusqu’en 2027.
Rapporteur pour avis de ce volet dans le budget du ministère, Christian Cambon a tenu à alerter Jean-Noël Barrot sur les dépenses à prioriser. « Il faudrait vérifier que l’ensemble de ces crédits soient prioritairement orientés vers trois objectifs essentiels, notamment vis-à-vis des pays les plus pauvres et les plus en difficulté : l’aide alimentaire, l’aide à la formation et l’aide à la santé », prévient le sénateur Les Républicains. Des priorités auxquelles Jean-Noël Barrot semble souscrire.
Enfin, le ministre des Affaires étrangères a assuré vouloir « faire aboutir au plus vite » le décret d’application permettant le lancement d’une commission d’évaluation de ces aides publiques au développement. Une annonce très attendue par les parlementaires, puisque la loi obligeant sa mise en place a été votée en août 2021. « Nous en avons plus que besoin pour apprécier les politiques d’aide au développement, dans un contexte où les crédits se contractent », souligne Christian Cambon.
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