En marge de l’ouverture du Congrès des maires de France, le gouvernement s’est engagé à porter devant l’Assemblée nationale en janvier une proposition de loi déjà adoptée par le Sénat, et qui vise à améliorer les conditions d’exercice du mandat d’élu local.
Sénatoriales 2023 : qui est Jean-Marie Vanlerenberghe, le doyen du Sénat ?
Par Romain David
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Jean-Marie Vanlerenberghe a décroché dimanche soir son quatrième mandat de sénateur du Pas-de-Calais. Une victoire en demi-teinte pour cet ancien ingénieur, devenu une figure de la Haute Assemblée. Sa liste est arrivée en cinquième position, à la dernière place, avec seulement 482 électeurs sur les 4 062 que compte ce département, l’un de plus gros pourvoyeurs d’élus (7) pour le Sénat. « L’essentiel est de faire un siège, on aurait espéré talonner un peu plus le deuxième mais nous n’y sommes pas arrivés », a reconnu le sénateur auprès de Public Sénat, quelques minutes après la proclamation des résultats.
Sa liste a été devancée par la droite, les communistes, et surtout par celle du conseiller régional Christopher Szczurek. Il est l’un des trois élus que le RN a réussi à faire passer lors de ce renouvellement, le parti de Marine Le Pen opérant son grand retour au Palais du Luxembourg. Un autre sénateur RN a été élu dans le département voisin du Nord, Joshua Hochart, signe supplémentaire, s’il en fallait encore, que le bassin minier, longtemps acquis à la gauche, est devenu ces dernières années une terre d’implantation pour le parti à la flamme tricolore.
Une situation certainement difficile à admettre pour celui qui a été maire d’Arras pendant plus de seize ans, de 1995 à 2011. « Il y a sans doute un problème de positionnement qu’il faudra analyser. Pourtant, nous avons fait une très bonne campagne », estime Jean-Marie Vanlerenberghe.
Un regard critique sur la réforme des retraites
Son arrivée à la mairie d’Arras, au milieu des années 1990, avait fait l’effet d’un séisme politique dans la région : à 37 voix près, il ravit la ville aux mains des socialistes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et surtout à celles de Léon Fatous, figure de la gauche locale, en poste depuis vingt ans.
Compagnon de route de François Bayrou, Jean-Marie Vanlerenberghe a également participé à la fondation du MoDem en 2007, dont il a été le vice-président. Soutien d’Emmanuel Macron en 2017 et à nouveau en 2022, il a pourtant fait le choix, comme les autres sénateurs MoDem, de siéger au sein du groupe centriste et non chez les RDPI qui rassemblent les élus macronistes du Sénat. Un positionnement emblématique de la liberté de ton et d’idées que revendiquent de nombreux sénateurs à la Chambre haute, au-delà des étiquettes politiques. Celle-ci s’est récemment illustrée pendant les débats sur la réforme des retraites, lors desquels Jean-Marie Vanlerenberghe a réclamé davantage de garanties sur le volet social du texte, notamment l’employabilité des seniors. Il s’est finalement abstenu au moment de voter l’article 7, portant le recul de l’âge légal de départ.
Au plateau
À 84 ans, l’élu, qui a su garder bon pied bon œil, conserve également sa place de doyen d’âge du Sénat, qu’il occupe depuis 2017, l’année où Gérard César, sénateur de Gironde, quitte son poste à 83 ans en application de la loi sur le non-cumul des mandats. Loin toutefois du record de Serge Dassault, qui termine la même année son dernier mandat à 92 ans.
Avec l’âge viennent aussi quelques prérogatives : c’est au doyen qu’il revient de présider la séance d’ouverture de la nouvelle assemblée. L’article 1er du règlement du Sénat lui est d’ailleurs consacré. Jean-Marie Vanlerenberghe se dit « profondément sensible » à l’exercice. Cette séance se tiendra le 2 octobre prochain, à cette occasion les élus procéderont à l’élection du président du Sénat. Le sénateur du Pas-de-Calais s’y était déjà plié lors du dernier renouvellement, en 2020, rendant hommage à cette occasion à l’ancien président Christian Poncelet, décédé quelques semaines plus tôt.
De père en fille
Pour autant, l’âge est un sujet sur lequel le sénateur n’aime guère s’attarder. Il faut dire que dès la campagne, la question de sa succession a été posée. « Certains l’ont anticipé pour moi en me disant que je suis beaucoup trop âgé pour continuer », reconnaît Jean-Marie Vanlerenberghe. « J’ai l’âge que j’ai, je le sais. Je suis en forme – Dieu merci ! -, mais je sais aussi qu’il faut savoir transmettre dans la vie. Lorsque l’on a des valeurs, c’est pour les transmettre. Lorsque l’on a des idées, c’est pour les faire vivre ».
Sa colistière, l’ancienne secrétaire d’Etat Brigitte Bourguignon, pourrait reprendre son siège avant la fin du mandat, en 2029. Nommée en 2022 pour remplacer Olivier Véran au portefeuille de la Santé, elle avait dû quitter le gouvernement au bout de quelques semaines, n’ayant pas réussi à se faire élire aux législatives. Ce dimanche, le faible score enregistré par la liste de Jean-Marie Vanlerenberghe ne lui a pas permis de rentrer au Sénat. « Ma n° 2, Brigitte Bourguignon, est une femme remarquable, le temps viendra où elle prendra la suite, incontestablement », confie Jean-Marie Vanlerenberghe.
D’une manière ou d’une autre, la relève semble déjà assurée. La fille de Jean-Marie Vanlerenberghe, l’ancienne députée Isabelle Florennes, a également été élue sénatrice ce dimanche, sur la liste conduite dans les Hauts-de-Seine par Hervé Marseille, le patron des centristes. Le Palais du Luxembourg est loin de lui être étranger : elle avait œuvré comme collaboratrice parlementaire de son père entre 2004 et 2017.
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