En marge de l’ouverture du Congrès des maires de France, le gouvernement s’est engagé à porter devant l’Assemblée nationale en janvier une proposition de loi déjà adoptée par le Sénat, et qui vise à améliorer les conditions d’exercice du mandat d’élu local.
En Essonne, la droite part divisée aux sénatoriales
Par Fabien Recker
Publié le
« L’Essonne, c’est une petite France ! » vante Laure Darcos, venue rendre visite à des viticulteurs implantés à l’Ouest de son département. « On l’ignore souvent, mais nous avons des vignes, et nous en sommes très fiers car c’est la preuve qu’on peut tout faire en Essonne ».
Entre dégustation et accolade aux élus locaux, la sénatrice LR affiche une mine réjouie. Elle sort pourtant d’une campagne marquée par une querelle fratricide à droite, puisque deux listes estampillées LR s’affrontent dans le département francilien.
« Pour la place des femmes au Sénat »
Élue en 2017 sur la liste de Jean-Raymond Hugonet (qui n’est pas encarté LR), Laure Darcos s’était d’abord vu proposer de repartir en deuxième position, derrière son colistier d’il y a six ans.
Hors de question pour la sénatrice, devenue entre-temps patronne de la fédération LR du département. « J’estime avoir mérité mes galons de tête de liste vis-à-vis de ma famille politique » se justifie Laure Darcos. « Et c’est important pour la place des femmes au Sénat. Nous ne sommes que 35%. Les élues femmes me le disent : elles veulent être représentées par des élues femmes plus nombreuses au Sénat ! »
Les centristes comme en 2017
Quelques mètres plus loin, Jean-Raymond Hugonet ignore poliment sa concurrente. Venu lui aussi saluer les viticulteurs, l’ancien président de l’Union des maires de l’Essonne se décrit comme un « Essonno-essonnien, régional de l’étape ». Un ancrage local qui justifie selon lui sa position de tête de liste. Il prend acte de la décision de son ancienne colistière : « J’ai proposé à Laure Darcos de me rejoindre sur ma liste comme il y a six ans, elle ne l’a pas souhaité. C’est la vie. »
Divisée, la droite n’a pas non plus fait alliance avec les centristes. Un temps poussée par des élus locaux essonniens, l’idée d’une liste unique regroupant les quatre sortants de la majorité sénatoriale de droite et du centre a fait long feu. « Ça ne s’est pas fait parce que les équilibres ne sont plus les mêmes qu’en 2017 » explique le centriste Vincent Delahaye devant le restaurant de Corbeil-Essonnes où il a réuni quelques soutiens.
Le sénateur centriste a fait ses comptes. « Il y a cinq ans, la droite et le centre ont remporté quatre sièges sur les cinq à pourvoir. Cette fois-ci, on sera plus proches de trois. Donc personne ne voulait être quatrième sur la liste ! On a vu qu’il y avait des divisions à droite, on a décidé de repartir avec Jocelyne Guidez ». Sous l’étiquette UDI, la liste de Vincent Delahaye et Jocelyne Guidez espère bien conserver ses deux sièges.
A gauche, la dynamique des municipales
Il faudra cependant composer avec une autre candidate centriste. La sortante Daphné Ract-Madoux n’a pas été élue en 2017 : deuxième de liste derrière Olivier Leonarth, ex-transfuge du PS, elle lui a succédé au Sénat après le décès de M. Leonarth en cours de mandat. Daphné Ract-Madoux siège au groupe centriste, mais soutient la majorité présidentielle. Sa liste incarne le « en même temps » d’Emmanuel Macron : « Des personnalités de droite, de gauche, et de la société civile ».
L’architecte-urbaniste de métier affirme aussi ses valeurs progressistes : « Je suis la seule sénatrice de l’Essonne à avoir voté la constitutionnalisation de l’IVG. C’est un vrai marqueur de progressisme que je veux défendre au sein du Sénat ».
Si les places sont chères à droite et au centre, c’est parce que la gauche surfe sur la bonne dynamique des municipales dans le département, où elle a gagné de nombreuses villes en 2020 : « Athis-Mons, Les Ulis, Epinay-sur-Orge, Epinay-sous-Sénart… » David Ros énumère ces prises de guerre, synonyme d’autant de grands électeurs potentiellement acquis à sa candidature.
La gauche veut « transformer l’essai »
Le maire socialiste d’Orsay mène une liste d’union avec les verts et communistes. David Ros croit en l’union de la gauche, déjà pratiquée dans l’opposition départementale comme à l’Assemblée nationale – même si en Essonne La France insoumise n’est pas de la partie
« On le voit dans les exécutifs dans les villes, on l’a porté au département, on a cette dynamique depuis les législatives… On s’est dit que c’était dommage de ne pas transformer l’essai et de gagner de nouveaux sièges au Sénat pour la gauche ». Car David Ros ne vise pas un siège, mais deux : « On nous dit que le premier est acquis. Donc on a l’ambition de viser le deuxième ».
Si la gauche essonnienne semble en position de faire son retour au Sénat, tout va se jouer à droite et au centre. Parmi les quatre candidats de la majorité sénatoriale élus il y a 6 ans, au moins un devrait rester sur la touche. « L’essentiel, c’est de ne pas être celui-là », résume un observateur de la campagne à droite. « Il va y avoir de la casse ».
Pour aller plus loin