EPP Group meeting – Election Chair of the Group

« Au Parlement européen, oubliez tout ce que vous savez sur la politique française », explique l’eurodéputé Arnaud Danjean

Le 9 juin, les Français vont voter pour élire 81 députés européens. Une fois élus, que font-ils ? A quoi ressemblent leurs journées entre le parlement de Bruxelles et celui de Strasbourg ? Pour le savoir, la rédaction de Public Sénat en a suivi deux : Catherine Chabaud, du parti Renaissance/ Renew Europe et Arnaud Danjean, membre des Républicains/ PPE. Tous les deux ont fait le choix de ne pas se représenter, mais ils évoquent un mandat « très spécial ».
Audrey Vuetaz

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Je pense qu’il est important qu’on précise « bien commun » à cet endroit. » Dans son bureau de Bruxelles, Catherine Chabaud, eurodéputée Renaissance (le parti d’Emmanuel Macron), peaufine sa prochaine intervention avec sa collaboratrice. Chaque mot est pesé. Sur une étagère, une photo d’elle à la barre, en pleine transatlantique. Ancienne navigatrice, elle est très logiquement devenue spécialiste, au Parlement européen, de tous les sujets en lien avec la mer. « A Bruxelles on prépare les textes, c’est aussi le lieu où l’on rencontre les représentants d’intérêts. » L’autre terme pour les lobbys. Et ici, ce n’est pas un gros mot. « On essaye de construire des compromis sur des textes. Parfois, ce sont des thématiques très précises, et on n’a pas tous les tenants et les aboutissants. C’est important de rencontrer toutes les parties prenantes, les associations de défense de l’environnement, mais aussi les entreprises ou les pêcheurs. Ensuite on essaye de concilier tous les points de vue, » souligne-t-elle.

« Il faut apprendre à composer avec des visions différentes »

Au Parlement européen, aucun groupe n’a la majorité, loin de là. Il y en a sept et le plus important, le Parti populaire européen (la droite conservatrice), n’a que 176 eurodéputés sur 705. Il n’y a pas non plus d’accord de coalition, alors il faut négocier entre groupes politiques, texte par texte. « Ça c’est vraiment un bout du travail du député qui est passionnant ! », lance Catherine Chabaud. Et il faut commencer par convaincre son propre groupe politique. C’est justement ce que va tenter de faire l’ancienne navigatrice dans quelques instants. « Je veux pousser l’Union européenne à investir dans la relance de l’industrie navale européenne et créer un pavillon européen et donc là je vais demander le mandat à mon groupe de me dire « ok Catherine, tu peux y aller au nom du groupe » ».

Les traducteurs sont à pied d’œuvre car dans la salle, il n’y a pas que des Français et c’est aussi une particularité du Parlement européen. « Il faut apprendre à composer avec des visions différentes, des pays différents. On a travaillé sur la forêt, mais la forêt en France ce n’est pas la même que la forêt dans l’Est de l’Europe. Il faut arriver à composer avec les diversités et construire un chemin commun. »

Le grand déménagement à Strasbourg

Un chemin qui se poursuit à Strasbourg. Une fois par mois pendant 3 jours, le Parlement entier déménage en Alsace pour la plénière. C’est ici que nous retrouvons Arnaud Danjean, eurodéputé Les Républicains qui se dirige vers l’hémicycle pour voter. « Traditionnellement à midi chaque jour de session plénière, nous avons les votes. C’est la fin de course des textes qu’on a travaillés pendant des mois à Bruxelles, qu’on a triturés dans tous les sens et là c’est l’apothéose, l’aboutissement : on vote les textes, » explique-t-il au pas de course. Avant d’entrer, il reçoit les dernières consignes de son assistant et sa liste de vote. « C’est le fameux sésame ! Les votes sont nombreux, complexes. Les groupes qui sont bien organisés fournissent à leurs membres, des listes de vote, et sur ces listes on retrouve toutes les indications, sachant qu’elles peuvent aussi être amendées »

A Strasbourg, les journées sont rythmées : vote, intervention dans l’hémicycle, Arnaud Danjean participe aussi aux réunions du PPE, la droite européenne, dont il est le vice-président. Malgré tout, il prend le temps de recevoir un groupe de visiteurs, les membres du conseil municipal de Reclesne en Saône-et-Loire. Et il commence son intervention d’une manière étonnante : « Au Parlement européen, oubliez tout ce que vous savez sur la politique française, ici il faut construire des compromis. » En aparté, il nous explique que ces interventions sont au moins aussi importantes que son travail politique. « Il y a une telle déconnexion entre les citoyens et le fonctionnement même des institutions européennes que si on ne prend pas le temps, nous, d’expliquer en quoi consiste notre travail, l’exercice du mandat lui-même est un peu vain, car on ne sera pas compris par nos concitoyens. » Après trois mandats d’eurodéputés, il a décidé de raccrocher les gants, et il le concède, la partie pédagogique est celle qui lui manquera le plus.

Ecoutez le podcast « Traits d’Union » réalisé par Audrey Vuetaz.

Dans la même thématique

Paris Marine Le pen Trial
4min

Institutions

Procès du RN : au Sénat, Henri Cabanel plaide sans succès pour l’inéligibilité des détenteurs d’un casier judiciaire

Ce lundi Jordan Bardella a affirmé sur BFM que tout candidat RN devra avoir un casier judiciaire vierge pour pouvoir se présenter. Interrogé sur le cas de Marine Le Pen qui risque une condamnation dans le cadre du procès des assistants parlementaires, Jordan Bardella a déclaré, mal à l’aise, être persuadé de son innocence. Au Sénat, Henri Cabanel propose depuis plusieurs années que tout candidat à une élection doit être exempt de casier judiciaire. Retour sur une proposition de loi plusieurs fois déposée, mais jamais examinée.

Le

« Au Parlement européen, oubliez tout ce que vous savez sur la politique française », explique l’eurodéputé Arnaud Danjean
4min

Institutions

Pierre Rosanvallon : « Quand la confiance envers les institutions se dérobe, c’est là que toutes les catastrophes arrivent »

Invité de la matinale de Public Sénat, Pierre Rosanvallon, sociologue et historien, alerte sur le manque de confiance, de légitimité et d’autorité dont souffrent les institutions françaises. Pour résoudre cette crise, il recommande d’élargir le fonctionnement démocratique aux citoyens et préconise davantage de proximité entre les Français et leurs institutions.

Le