A dix jours de la dernière phase des négociations du traité international visant à mettre fin à la pollution plastique, le député MoDem Philippe Bolo a remis un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur « l’impact des plastiques sur la santé ». Il propose plusieurs recommandations.
Réchauffement climatique : « +4 °C, d’ici 2100, c’est un avis unanime et lucide, sans être catastrophique »
Par Henri Clavier
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Vice-président de la commission spécialisée du Conseil national de la transition écologique, Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique, explique l’importance de cet avis. La prise en compte d’un réchauffement climatique estimé à +4 °C d’ici la fin du siècle aurait des conséquences importantes en termes d’adaptation.
En quoi le vote de cet avis, par la commission spécialisée du conseil national de la transition écologique est important ?
Il s’agit d’un avis très important dans le sens où il va avoir une influence sur l’ensemble des politiques publiques françaises. A partir du moment où l’avis est repris dans le Plan national d’adaptation au changement climatique, il y a des conséquences concrètes. Par exemple pour les plans d’urbanisme, notamment dans les zones particulièrement exposées à la montée des eaux. Donc oui, il s’agit d’un avis important. Un autre point très intéressant c’est que, d’une part, cela reprend les observations des scientifiques du Giec qui estime que l’on va vers un réchauffement de +3 °C au niveau mondial et donc +4 °C au niveau de la France métropolitaine.
Est-ce que le vote de cet avis marque une forme de rupture ?
Dans cette perspective, prendre en compte, dans l’élaboration des politiques publiques, une augmentation de 3 à 4 degrés est quelque chose de majeur, une nouvelle étape. C’est un avis unanime et lucide, sans être catastrophique, +4 °C c’est la réalité. Par ailleurs, ce qui est important c’est que l’avis a été voté à l’unanimité. Le ministre, Christophe Béchu, avait commencé à en faire une perspective il y a quelques semaines, aujourd’hui tout le monde est en phase avec les +4 °C. Il faut bien comprendre que c’est vraiment la déception de la COP de Glasgow qui entraîne aussi comme conséquence de vouloir accélérer. Maintenant, il faut souhaiter que l’on aille jusqu’à l’inscription dans la loi.
Est-ce qu’avec une perspective de +4 °C on peut toujours parler d’adaptation ?
Oui on peut encore parler d’adaptation. D’ici la fin du siècle, il y aura des désordres mondiaux importants et notre avis porte principalement sur le niveau national mais on n’a pas idée de l’ampleur des conséquences au niveau international. Il ne serait pas raisonnable de ne pas intégrer le +4 °C dans nos politiques publiques. Il faut aussi préciser que ce niveau de réchauffement est anticipé pour la deuxième moitié du siècle, donc en prenant cette réalité en compte il est possible de s’adapter.
Qu’est-ce que cette adaptation à +4 °C implique concrètement ?
Déjà, elle ne s’applique pas pareil à tous les investissements. Il y a un gros enjeu sur le bâti équilibré et l’efficacité énergétique, notamment sur la chaleur des bâtiments pendant l’été. La question du confort d’été des bâtiments publics, notamment les écoles au mois de juin, va devenir cruciale très rapidement et il va falloir raisonner pour éviter des îlots de chaleur. De manière générale, il est impératif de développer une culture de l’adaptation. Dans l’agriculture, par exemple, cela veut dire qu’il faut une vraie stratégie qui ne se concentre pas uniquement au niveau des agriculteurs mais qui s’attaque à l’ensemble du fonctionnement du modèle agricole.
Enfin, parmi les enjeux immédiats et prioritaires, il y a l’accompagnement des collectivités territoriales. On travaille sur le sujet avec des outils de prévision comme Climadiag de Météo-France pour donner des informations précises et fiables sur les effets du réchauffement climatique et éviter une forme de réticence issue d’une mauvaise information. On sait où nous en sommes, il faut être lucide sur la trajectoire et il ne faut pas opposer les priorités. Il y a un vrai enjeu pédagogique à assumer cette trajectoire.
Est-ce que tout cela ne rend-il pas les accords de Paris ou les objectifs européens sur le sujet, obsolètes ?
Je pense qu’il faut garder les objectifs des accords de Paris, de limiter à +2 °C le réchauffement climatique. Dire que nous sommes obligés d’inscrire le +4 °C n’empêche pas que l’on ne souhaite pas atteindre le +4 °C. Ce qui n’est pas assez dit c’est que la stratégie mondiale passe par l’exemplarité européenne. Pour imposer ses normes, notamment environnementales, et in fine réguler les échanges internationaux, il faut agir au niveau européen. Donc, selon moi, il n’y a pas de contradiction avec les objectifs européens ou internationaux vers lesquels nous devons continuer de tendre.