« Quand on a acheté la maison en 2015, elle n’était pas du tout en zone inondable ». Le désarroi des habitants désormais touchés par les inondations

En Seine-et-Marne, installée à Doue, Sandrine Gerbin a vécu deux inondations en 2024, sur une zone jusqu’alors préservée et jamais classée en zone inondable. Sur le plateau de Dialogue citoyen, elle revient sur les conséquences de ces événements qui ont profondément marqué sa famille et bouleversé son quotidien. Face aux sénateurs, elle les interpelle : comment protéger les citoyens en première ligne face aux inondations.
Agathe Alabouvette

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Mon fils de huit ans me disait : maman, l’eau monte à la première marche. L’eau monte à la deuxième marche » se remémore Sandrine Gerbin. En août 2024, l’eau est montée dans la maison de cette habitante de Doue, en Seine-et-Marne. Près de 60 centimètres dans le rez-de-chaussée. En quelques heures, l’eau emporte tout, sous les yeux de la famille impuissante. Le mobilier, les deux voitures. « Quand elle commence à rentrer, rien ne l’empêche d’aller plus loin. On avait mis des sacs de sable mais elle passe partout », explique-t-elle. « Quand on revoit les images aujourd’hui, il y a plein de choses qui remontent. C’est traumatisant » confie Sandrine Gerbin, encore émue.

« Face à autant d’eau, les secours n’ont pas les moyens d’intervenir »

Un épisode marquant, que Sandrine Gerbin, sa famille et les habitants de son hameau ont dû affronter seuls, sans intervention des secours. « Pour les pompiers, c’est assez compliqué dans les campagnes. On a essayé d’alerter pour avoir du secours, mais ils n’ont pas de moyens quand il y a autant d’eau » constate Sandrine Gerbin. « Ce n’était pas possible de rester dans notre maison. Nous ne pouvions plus fuir car les voitures étaient inondées. On a appelé nos proches pour qu’ils viennent nous chercher. »

« Les voisins n’avaient jamais vu ça » 

« Quand on a acheté la maison 2015, elle n’était pas du tout en zone inondable » explique la mère de famille.  « On avait déjà vécu une inondation en 2018 dans notre maison qui nous avait alerté. Mais là c’est la pire inondation que notre hameau ait connue. Nos voisins, qui vivent ici depuis bien plus longtemps que nous, n’avaient jamais vu ça. »

« On a besoin d’actualiser les cartes de risque »

Au-delà des mesures d’urgence, et d’entretien des cours d’eau, pour la sénatrice des Hauts-de-Seine Christine Lavarde « On a besoin d’actualiser les cartes de risque et doc d’urbanisme (…)  Au moment où Sandrine achète sa maison, la maison n’est pas exposée à des risques potentiels. Avec le changement climatique, elle le devient. C’est peut-être aussi le cas de sa commune. Si elle n’est pas en zone rouge, elle ne peut pas profiter des mécanismes de l’Etat. Quand une commune est exposée, elle doit développer un plan de prévention des risques. »

« Il faut réussir à sortir de ce sentiment d’impuissance » répond Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique. Avant de tempérer. « Il n’y a pas de solutions miracles. Certaines solutions immédiates peuvent aggraver la situation. Il faut se poser la question du diagnostic. Pourquoi y a-t-il des inondations à cet endroit : est-ce lié à la pratique agricole, à l’urbanisation ? Il faut que l’on trouve des pratiques pour ralentir le cycle de l’eau. « Avec 7% de précipitations en plus, ce phénomène va s’aggraver », prévient-il.  En France, 18 millions de personnes vivent désormais dans un territoire susceptible d’être inondé.

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici.  

Dans la même thématique

Trump Inauguration
7min

Environnement

Donald Trump président : quelles sont les conséquences de la sortie des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat ?

L’un des décrets signés par Donald Trump dans la foulée de son investiture acte un nouveau retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Le désengagement du deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre pourrait pousser certains signataires à l’imiter, d’autant que le nouveau président des Etats-Unis table sur un changement radical en matière de politique énergétique et industrielle.

Le

Dans le budget 2025, le gouvernement prévoit de réduire les moyens alloués à MaPrimeRénov, une aide de l’Etat destinée aux travaux de rénovation thermique des logements.
3min

Environnement

MaPrimeRénov’ : le gouvernement propose une nouvelle baisse du budget de 234 millions d’euros

Ce 21 janvier, le Sénat examinera le volet « cohésion des territoires » du budget 2025, qui comprend notamment les crédits alloués à MaPrimeRénov’. Déjà porté à 2,5 milliards d’euros, contre 3 milliards en 2024, le budget du dispositif de soutien rénovation des bâtiments devrait connaitre une nouvelle coupe de 234 millions d’euros en séance.

Le

« Quand on a acheté la maison en 2015, elle n’était pas du tout en zone inondable ». Le désarroi des habitants désormais touchés par les inondations
3min

Environnement

Ademe, OFB : « Je n’accepte pas qu’on mette des cibles dans le dos d’agents publics », dénonce Agnès Pannier-Runacher

Lors de l’examen du budget au Sénat, la ministre de la Transition écologique a défendu les agences de l’Etat, récemment critiquées pour leur coût ou leurs contrôles. De son côté, la commission des finances envisageait de réduire le budget de l’Ademe et de l’Office français de la biodiversité, avant de revenir sur ses amendements.

Le