A dix jours de la dernière phase des négociations du traité international visant à mettre fin à la pollution plastique, le député MoDem Philippe Bolo a remis un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur « l’impact des plastiques sur la santé ». Il propose plusieurs recommandations.
Mégabassines dans le Puy-de-Dôme : « C’est une aberration de retenir de l’eau pour de la culture de maïs destiné à l’exportation », dénonce le sénateur écologiste Thomas Dossus
Par Adrien Pain
Publié le
Des déguisements et perruques bleus mettant l’eau à l’honneur, aucun incident… La mobilisation festive de ce week-end contraste avec la violence des affrontements à Sainte Soline dans les Deux-Sèvres il y a plus d’un an.
Plusieurs milliers d’opposants à la construction des « deux plus grandes mégabassines de France » se sont mobilisés samedi dans le Puy-de-Dôme. Ils étaient 4000 à manifester selon la préfecture et 6500 selon les organisateurs, dont font partie la Confédération paysanne ou encore les associations écologistes Extinction Rébellion et Les Soulèvements de la Terre.
Dans une ambiance bon enfant, les membres du cortège ont dénoncé deux réserves d’eau en projet, l’une de 14 hectares et l’autre de 18 hectares.
Ces bassines irrigueraient principalement des champs de maïs dans la plaine de la Limagne, où est implanté Limagrain, le 4ème semencier mondial.
« Cela ne profiterait qu’à un petit nombre d’agriculteurs du Puy-de-Dôme. C’est une aberration de retenir de l’eau pour de la culture de maïs destiné à l’exportation. On est en train de virer sur un modèle dangereux pour la population », fustige le sénateur écologiste Thomas Dossus, qui a pris part à la manifestation de ce week-end.
D’autres élus sont également venus en soutien sur place comme Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes, ou la députée LFI Clémence Guetté, qui a porté un projet de loi de moratoire sur les mégabassines.
Un rassemblement sous haute surveillance
Les autorités ont déployé 400 fonctionnaires assistés d’un hélicoptère, des mesures de sécurité renforcées en raison du caractère sensible de cette mobilisation après les violents affrontements survenus à Sainte Soline l’an dernier. S’il n’y a pas eu d’incident cette fois, c’est car « les forces de l’ordre se sont tenues à distance », d’après le sénateur écologiste Thomas Dossus.
La foule de manifestants a formé une chaîne humaine pour représenter le tracé d’une des deux retenues. Des pousses et graines de hêtres, chênes, noisetiers ont aussi été plantées. Dans un communiqué, le collectif Bassines Non Merci s’oppose à des projets qu’il qualifie même de « gigabassines » qui « se rempliront directement par pompage » dans l’Allier, « une zone classée Natura 2000 qui supporte localement l’alimentation en eau potable de plus de 200 000 habitants ».
Projet de loi agricole : une facilitation prévue des constructions d’ouvrages d’irrigation comme les bassines
Les deux retenues d’eau dans le Puy-de-Dôme ont été portées par l’Association Syndicale Libre des Turlurons, qui regroupe 36 agriculteurs, dont le président de la coopérative Limagrain. Pour l’heure, elles n’ont pas fait l’objet de demande formelle d’autorisation. Leurs opposants espèrent toutefois obtenir un moratoire.
Limagrain justifie de son côté ces projets par leur caractère « essentiel » pour la « sécurité alimentaire ». Selon la coopérative agricole, les retenues seraient remplies par prélèvements dans l’Allier entre le 1er novembre et le 31 mars, en respectant le débit autorisé de 45,7 m3/seconde.
Actuellement examiné au Parlement, le projet de loi d’orientation agricole que l’exécutif a élaboré en réaction à la crise de cet hiver et aux demandes de plusieurs syndicats agricoles, prévoit notamment de faciliter les constructions d’ouvrages d’irrigation comme les bassines. En cas de recours contre des projets de stockage d’eau, le texte vise l’ « accélération des contentieux ».
Entre 2010 et 2020, les prélèvements d’eau destinés à l’irrigation ont plus que doublé en France, pour atteindre 3,42 milliards de m3 en 2020, selon un rapport de la chambre régionale de la Cour des comptes de Nouvelle-Aquitaine publié en juillet 2023.
Pour aller plus loin