A dix jours de la dernière phase des négociations du traité international visant à mettre fin à la pollution plastique, le député MoDem Philippe Bolo a remis un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur « l’impact des plastiques sur la santé ». Il propose plusieurs recommandations.
L’écologie, « moteur de rentrée » d’Emmanuel Macron ?
Par Ella Couet
Publié le
Pourquoi Emmanuel Macron décide-t-il de prendre la parole sur l’écologie maintenant ?
Il a toujours eu cette façon de faire, c’est son style. Lorsqu’il est content d’une politique, il vient faire le « service après-vente » de sa communication à la télé. Il prend toujours le soin de venir expliquer et donner du sens à un événement. Il dit ce qu’il faut en retenir, afin de sortir d’une situation sur ses propres termes. C’est une manière de créer un événement médiatique, un peu comme un artiste qui signe un tableau.
Cette nouvelle séquence qu’il est en train de créer est une séquence inévitable car nous nous trouvons dans une crise évidente qu’on ne peut pas ignorer. Tous les gouvernements actuels sont obligés, soit de nier la crise climatique comme Donald Trump a pu le faire aux Etats-Unis, soit d’agir pour le climat, ou au moins donner l’impression de le faire. Or Macron a eu un mauvais démarrage, après avoir nommé Nicolas Hulot ministre de l’Ecologie, et ne s’est jamais vraiment relancé depuis. C’est aussi important pour son image, car il mène une politique très à droite depuis la rentrée, en tenant un discours dur sur l’immigration, ou en relançant des thèmes comme l’abaya. Il a besoin de maintenir son fameux « en même temps ». Cette thématique lui permet aussi de diviser la gauche, qui aura probablement des avis divergents sur les mesures annoncées, et c’est ce qu’il recherche.
Cela signifie-t-il que l’on peut s’attendre à un tournant dans la politique en matière d’écologie ?
Permettez-moi une comparaison. Jacques Chirac, lorsqu’il était Président, tenait un discours similaire à ceux de Greta Thunberg sur l’écologie aujourd’hui, mais ne faisait rien. On sait qu’Emmanuel Macron ne tient pas du tout ce genre de discours, il a au contraire tendance à se présenter comme très pragmatique. Mais en raison de la situation d’urgence dans laquelle nous sommes, on peut peut-être s’attendre à des mesures. D’autant plus qu’il s’agit de la fin de son mandat, il ne pourra pas être réélu ensuite. Cela lui offre une plus grande marge de manœuvre, et l’opportunité de laisser un héritage politique. Contrairement à ses prédécesseurs, n’y a pas eu de « grande mesure Macron » fiscale, économique ou régalienne. Il pourrait peut-être y avoir une grande mesure écologique. Et la conjoncture politique y est plutôt favorable, car les climatosceptiques ne sont pas structurés et puissants en France comme ils peuvent l’être aux Etats-Unis.
Le Président dispose d’une petite fenêtre, mais c’est à lui de décider s’il compte agir. Pour l’instant, il n’a pas mené de politique écologique, on est face à une feuille blanche. Il a exprimé quelques bonnes intentions en 2017, mais a surtout envoyé des signaux contraires depuis : la prolongation de l’autorisation du glyphosate, les nombreux cadeaux faits aux chasseurs… La sortie du charbon qu’il a mentionnée hier soir est un engagement qui date de 2017 et qui n’a toujours pas été atteint. On a toutes les raisons d’être sceptiques. La question est de savoir si Macron va continuer à demander, comme c’est le cas par exemple avec les questions de pouvoir d’achat, ou si l’Etat va commencer à imposer, auquel cas nous rentrons dans une séquence politique bien plus intéressante.
Mais le Président a tendance à préférer la discussion et l’organisation de débats à l’action politique, comme lorsqu’il passe un coup de téléphone à Vladimir Poutine pour résoudre la crise ukrainienne. Ce qui pourrait aussi être un frein, c’est qu’il ait peur de l’impopularité car l’écologie est toujours perçue comme quelque chose de punitif, ce don le Président s’est défendu hier, ou comme un produit de luxe à destination des bobos des centres-villes.
Le président a entre autres affirmé qu’il « aime la bagnole » et se refuse à faire de « l’écologie punitive ». Peut-on qualifier l’intervention télévisée d’hier soir de populiste ?
C’était une intervention très démagogique. Le Président essaie d’instaurer un clivage avec les écologistes plus radicaux, comme il l’a fait avec LFI. On avait déjà eu un premier signe de cela avec l’interdiction par Gérald Darmanin des Soulèvements de la Terre, qu’il avait qualifié d’organisation écoterroriste. C’est une stratégie pour ne pas agir sur des sujets embarrassants : il faut désigner les militants les plus convaincus comme des extrémistes. Cela permet de diviser ses adversaires et de marginaliser toutes les critiques qui pourraient être émises, afin de conserver sa liberté de manœuvre. Le recours à cette technique a été un automatisme dans la politique d’Emmanuel Macron.
Pourquoi multiplier les interventions sur le sujet ?
Il cherche à créer une séquence, à occuper le terrain médiatique en position centrale. Il n’a pas de majorité au Parlement et son image a un peu souffert des thématiques abordées avant les vacances, comme la réforme des retraites et les violences urbaines, donc l’écologie est en quelque sorte son moteur de rentrée. Là, il a créé une séquence très à droite avec les débats sur l’immigration, puis une séquence « feel good » avec la venue de Charles III, et maintenant il s’attaque à l’écologie. Cependant, il est étonnant qu’il n’ait pas priorisé le sujet de l’inflation alors qu’il s’agit de la préoccupation numéro un en ce moment. Les Français peuvent légitimement se demander si on ne fuit pas la question du pouvoir d’achat, qui est gérée par Bruno Le Maire uniquement.
Pour aller plus loin