Prime Minister Michel Barnier visits the Rhone department

Catastrophes naturelles : le fonds Barnier va être porté à 300 millions d’euros en 2025, annonce le Premier ministre

En déplacement dans la vallée du Rhône, un peu plus d’une semaine après les inondations qui ont frappé plusieurs communes de la région, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé une hausse de 75 millions d’euros de ce fonds public qui soutient les travaux destinés à prévenir les risques naturels.
Romain David

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Le fonds Barnier, qui permet aux particuliers, aux collectivités et aux petites entreprises de financer des travaux destinés à réduire leur vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, va être abondé de 75 millions d’euros en 2025 pour voir ses crédits portés à 300 millions d’euros, a annoncé le Premier ministre ce vendredi 25 octobre. « Le coût de l’adaptation doit être vu comme un investissement. Un euro investi dans l’adaptation, c’est huit euros d’économisés sur les dégâts », a fait valoir Michel Barnier après une visite à Givors, l’une des communes ravagées par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la vallée du Rhône la semaine dernière.

Le chef du gouvernement est lui-même à l’origine de la mise en place de ce mécanisme de prévention des risques naturels majeurs, lorsqu’il était ministre de l’Environnement en 1995, et plusieurs fois remanié depuis. Michel Barnier a également indiqué que l’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour les communes frappées par cet épisode cévenol d’une très forte intensité, qui a causé « entre 350 et 420 millions d’euros » de dégâts selon une estimation de la Caisse centrale de réassurance, serait publié « la semaine prochaine ».

Par ailleurs, Michel Barnier souhaite que le Fonds vert crée en 2022, destiné à financer la transition écologique dans les territoires, et dont le projet de loi de finances 2025 prévoit de raboter les crédits de près d’un milliard d’euros, « soit plus substantiellement consacré au changement climatique. »

Le 3e plan d’adaptation au changement climatique

Le Premier ministre a profité de ce déplacement auprès des sinistrés pour dévoiler les grandes orientations du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc-3), attendu de longue date. « Notre plan d’adaptation doit mettre en cohérence tous les leviers de la protection environnementale », a-t-il expliqué. « Il devra tenir compte de notre stratégie en guise de biodiversité, des zones humides, des questions de santé liées à l’environnement, de la protection des forêts… », a-t-il notamment énuméré. Il devra également « prendre en compte les spécificités de nos territoires. » Michel Barnier a aussi évoqué la nécessité de « s’appuyer sur des financements adéquats », dans un contexte budgétaire extrêmement contraint.

La loi relative à l’énergie et au climat de 2019 prévoyait une présentation de ce Pnacc-3 avant juillet 2023, celle-ci aura été repoussée jusqu’au printemps dernier, avant de faire les frais, semble-t-il, de la campagne des européennes puis de la séquence politique des derniers mois, déclenchée par la dissolution. Ce plan sera « soumis à la concertation pour deux mois, de façon à recueillir le point de vue des parties prenantes, de faire éventuellement bouger certains éléments », a précisé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, au micro de franceinfo.

« Marseille aura le climat de Séville »

Ce document regroupe un ensemble de pratiques en œuvre pour préparer la France à une trajectoire hypothétique de réchauffement climatique de 4°c d’ici la fin du XXIe siècle. Il s’agit de limiter l’impact des dérèglements attendus sur les activités socio-économiques, la faune et la flore. Le premier plan national d’adaptation au changement climatique a été présenté en 2011, il est le pendant des politiques d’atténuation déployées depuis plusieurs années et qui ciblent les causes du réchauffement, comme la stratégie bas carbone et sa trajectoire de réduction des émissions de gaz à effets de serre.

Publié en 2018, le deuxième plan d’adaptation visait à préparer les territoires à une hausse de 2°c des températures mondiales d’ici 2050, en lien avec les engagements pris dans l’Accord de Paris sur le climat en 2015. Plutôt que des dispositifs concrets, ce document d’une vingtaine de pages fixe les grandes orientations à suivre. Il privilégie les solutions « fondées sur la nature » et évoque le rôle que doivent jouer les acteurs locaux, en attirant plus particulièrement l’attention sur la vulnérabilité des outre-mer. Par ailleurs, ce deuxième plan portait un volet « Prévention et résilience », insistant sur la nécessité de limiter les conséquences des catastrophes climatiques sur les biens et les personnes. Il alertait notamment sur l’augmentation du risque des feux de forêt.

Mais le Pnacc-2, dont le déploiement courait jusqu’en 2022, apparaît aujourd’hui comme partiellement dépassé, dans la mesure où l’augmentation moyenne des températures avoisine déjà les + 1,7°c en France métropolitaine par rapport à l’ère préindustrielle. « Ce réchauffement va concerner toutes les régions de France. Marseille aura le climat de Séville et Lille celui de Bilbao, sans parler des outre-mer », a alerté Michel Barnier ce vendredi.

Parmi les autres annonces faites par le Premier ministre : « L’organisation d’une grande conférence nationale sur l’eau » pour faire un bilan et tracer des perspectives, un an et demi après la présentation du « Plan eau », destiné à améliorer la gestion de la ressource face à la multiplication des épisodes de sécheresse.

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