Biodiversité : le gouvernement dévoile sa stratégie et confirme près « d’un milliard » d’investissement en 2024

La Première ministre Élisabeth Borne, le ministre la Transition écologique, Christophe Béchu, et la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry, ont détaillé ce lundi 27 novembre l'ensemble des mesures de la nouvelle stratégie nationale biodiversité (SNB). Près d'un milliard d'euros doivent la financer en 2024.
gabrielle trottmann

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« 25 % des espèces sont menacées d’extinction. Rien que sur ces 30 dernières années, un quart des oiseaux communs a disparu. Le déclin des insectes est extrêmement préoccupant, la situation s’accélère et un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître dans les prochaines décennies. L’effondrement de la biodiversité est si fort, si rapide et si généralisé qu’une sixième extinction menace » : la Première ministre Élisabeth Borne a rappelé le constat implacable des scientifiques lors de la présentation de la nouvelle stratégie nationale biodiversité, ce lundi 27 novembre.

Colonne vertébrale des divers engagements de l’Etat, cette troisième stratégie nationale comporte 40 mesures phares pour décliner l’accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité, et qui fixe notamment l’objectif de protéger 30 % des terres et des mers, et de restaurer 30 % des écosystèmes dégradés. Pour Élisabeth Borne, cette feuille de route vise « la radicalité des résultats, sans la brutalité des mesures ».

40 mesures phares

Les grands axes avaient déjà été présentés, lors de la prise de fonction de la secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry et du Conseil national de la transition écologique (CNTE), en juillet. Parmi les principaux chantiers : placer 10 % des espaces terrestres et marins sous protection forte (contre 4,2 % en 2023), mettre en œuvre l’objectif « Zéro artificialisation nette » à horizon 2050, le plan Ecophyto qui vise à diviser par deux l’usage des pesticides d’ici 2030, malgré la récente prolongation de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans, planter 1 milliard d’arbres et 50 000 kilomètres de haies, restaurer 50 000 hectares de zones humides d’ici à 2026, lutter contre les espèces invasives et contre la pollution plastique.

La version finale de la stratégie intègre aussi l’objectif de « placer 100 % des glaciers sous un statut de protection forte » d’ici 2030 annoncé mi-novembre Emmanuel Macron lors du « One Planet Summit », la « lutte contre la pollution sous-marine », et « la protection des prairies », précise le secrétariat d’Etat chargé de Biodiversité. Par ailleurs, un nouveau service, « Tracnat », doit être créé pour lutter contre le commerce illégal de ressources naturelles, sur le modèle de Tracfin.

Réorienter les subventions « néfastes » pour la biodiversité

La Première ministre a confirmé que « près d’un milliard d’euros » seront consacrés à ces différentes mesures en 2024, grâce à une augmentation de « plus de 250 millions d’euros des crédits » alloués à la biodiversité, au plan eau, au fonds pour le recyclage des anciennes friches industrielles et au fonds pour la renaturation compris dans le fonds vert, qui finance les projets de transition écologique à l’échelle des territoires. Le gouvernement mise aussi sur les nouvelles « COP régionales », dont le top départ a été lancé dans le Grand-Est, le 14 novembre, pour faciliter la mise en œuvre de ce plan d’actions.

Le Secrétariat chargé de la Biodiversité a indiqué qu’une mission conjointe de l’Economie et de l’Agriculture allait servir à « réorienter les subventions néfastes pour la biodiversité », au cours des prochains mois. Une réponse à la critique adressée par les associations à propos de la précédente version de la stratégie.

Interrogé par Public Sénat, le directeur du plaidoyer chez WWF-France, Jean Burkard, souligne que ces subventions ont déjà été chiffrées à 10 milliard d’euros, dont 6,7 milliards pour les activités agricoles, dans le cadre du budget vert qui classifie les dépenses budgétaires et fiscales de l’État selon leur impact sur l’environnement : « Cet argent pourrait servir à changer de modèle et à réorienter nos pratiques en faveur de l’agriculture biologique. Le gouvernement est-il réellement prêt à passer à l’action ? » s’interroge-t-il. Avant de conclure : « À ce stade, nous n’avons encore aucune garantie que cette mission débouchera sur des mesures concrètes. »

 

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