Toulouse Manifestation contre l’autoroute A69. Demonstration against the A69 freeway

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet

Après la décision du tribunal administratif de Toulouse d’annuler l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, les réactions politiques sont vives. A droite, certains qualifient cette décision de « ubuesque » tandis que d’autres saluent « un grand pas en avant » pour la cause écologique.
Marius Texier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Jeudi 27 février, le tribunal administratif de Toulouse a décidé de suspendre la construction de l’autoroute A69 « faute de nécessité impérieuse à la réaliser ».

« C’est une décision totalement incompréhensible qui fait suite à 14 décisions du tribunal administratif qui autorisait le chantier à avancer », s’agace Philippe Folliot, sénateur (UC) de Haute-Garonne et fervent défenseur du projet d’autoroute, avant d’expliquer « respecter » la décision de justice tout en la « condamnant ».

À l’inverse, le sénateur écologiste du Bas-Rhin, Jacques Fernique salue une décision historique : « La décision du tribunal administratif est limpide, c’est une immense satisfaction. La justice administrative a fait son job, elle a eu du courage. C’est la première décision de ce genre prise pour un grand projet d’autoroute, un dossier dans lequel le droit a été malmené, avec des passages en force ces dernières années. »

Sans certitude sur l’issue finale, l’élu s’imagine toutefois mal comment la « décision pourrait changer désormais » avançant la « solidité des arguments » du tribunal administratif. Dans un communiqué, la juridiction justifie sa décision par « les nombreuses lacunes » de l’étude d’impact, notamment sur les « impacts sanitaires, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre ».

Après avoir qualifié la décision d’« ubuesque », le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a annoncé que l’État comptait faire appel de la décision.

« Une victoire à la Pyrrhus »

« Pour les opposants, c’est une petite victoire à la Pyrrhus », écrit Philippe Folliot dans un communiqué, « l’arrêt du chantier aura aussi pour conséquence l’annulation de toutes les compensations environnementales prévues ». Selon l’élu, les conséquences d’une telle décision seront nombreuses et coûteuses, notamment pour les finances publiques. « 300 millions d’euros ont déjà été investis et l’autoroute est déjà construite au deux tiers », se désole le sénateur du Tarn.

Le sénateur socialiste Olivier Jacquin est quant à lui dans une position mitigée. L’élu salue « la victoire de l’environnement », à la suite de la décision du tribunal, mais regrette le « désastre » pour les politiques publiques et les « millions d’euros » dépensés. « Ce n’est absolument pas satisfaisant dans la conduite des politiques publiques ».

Dans cette affaire, la société Atosca n’est plus responsable, mais c’est désormais l’État qui le devient. Au vu de la décision du tribunal administratif, c’est l’État qui a délivré une autorisation environnementale illégale. Le 1er et 2 mars 2023, les préfets de la Haute-Garonne et du Tarn ont attribué des autorisations environnementales pour la réalisation de l’A69. Désormais, la société Atosca pourrait même prétendre au statut de victime au vu des frais avancés.

Du côté des opposants, on pointe l’acharnement pendant des années pour la construction de l’autoroute. « Il va falloir cesser les frais, réparer. Il y a une irresponsabilité à avoir pris, en 2023, la décision de s’acharner à poursuivre le chantier quoi qu’il arrive, quoi qu’il en coûte », regrette l’écologiste Jacques Fernique.

« Je n’étais pas favorable au début du projet, je ne voyais pas l’intérêt public majeur de cette construction », explique Olivier Jacquin,  mais en tant que parlementaire, j’aurais souhaité que l’on arrive à une situation plus claire et que l’on ne puisse pas revenir en arrière ».

« Nous sommes en train d’apporter de l’insécurité juridique sur tous les projets de notre pays »

À l’image de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, qui défend le projet d’autoroute et qui a réagi sur X en se questionnant sur « la capacité d’un pays comme la France à réaliser de grandes infrastructures à l’avenir », le sénateur Philippe Folliot met en garde contre un risque d’« insécurité juridique chronique » dans le cas de projets comme celui de l’autoroute. « Nous nous trouvons maintenant avec ce qui pourrait faire une jurisprudence assez catastrophique », s’inquiète le Tarnais.

Il a annoncé son intention de déposer une proposition de loi visant à limiter les recours juridiques dans le cas de projets « d’intérêt public ».

Mais pour l’écologiste Jacques Fernique, l’intérêt public réside dans la protection de l’environnement. « C’est une étape très importante pour le droit de l’environnement qui ne pourra pas être balayée comme cela, se félicite le sénateur avant d’évoquer le « grand pas en avant » effectué.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet
3min

Environnement

Loi agricole : « Le gouvernement cède à une forme de populisme », déplore Olivier Faure

La loi d’orientation agricole a été adoptée par le Parlement le 20 février. Un texte plutôt bien accueilli par les exploitants, mais très critiqué par la gauche. « Après l’agribashing, on a maintenant l’écologie-bashing », fustige Olivier Faure ce mercredi 26 février. Le Premier secrétaire du Parti socialiste regrette que le gouvernement mène selon lui « un combat contre la norme, de tout ce qui est de l’ordre de la régulation, contre la science elle-même ».

Le

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet
3min

Environnement

« L'OFB, il faut dire stop : ils sont allés trop loin », tacle de nouveau Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez vise de nouveau l’Office français de la biodiversité (OFB). Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale appelle à dissoudre l’agence, quelques semaines après avoir décrit ses fonctionnaires comme « une coalition d’idéologues ». « Des agents qui contrôlent les agriculteurs avec un pistolet à la ceinture, ce n’est pas acceptable », a-t-il lancé ce mercredi 26 février, durant sa visite au Salon de l’Agriculture.

Le

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet
4min

Environnement

Néonicotinoïdes : « On ne peut plus accepter dans notre pays de commercialiser des produits dont on interdit la production en France », demande Françoise Gatel

Le Sénat a adopté fin janvier une proposition de loi qui autorise de nouveau l’usage d’une famille des néonicotinoïdes, ces pesticides nocifs pour les pollinisateurs. Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité, appelle à « engager des solutions avant de lancer trop d’interdictions » pour les agriculteurs sur ce type de problématiques. Elle dénonce un « agribashing » de la part d’associations écologistes envers les producteurs, accusés selon elles de « ne pas être assez écolos ».

Le

A69 annulée : « ubuesque », « immense satisfaction »… Vives réactions après l’arrêt du projet
3min

Environnement

Inondations : « Pourquoi n'a-t-on rien fait ! », malgré les alertes, cette maraîchère dénonce l’inaction des pouvoirs publics  

Inondations, pluies diluviennes, au moment où une partie de l’Ouest de la France sort à peine de la catastrophe, Dialogue citoyen réunit sur son plateau celles et ceux qui ont été touché face à des sénateurs et sénatrices spécialistes de ces questions. Comme cette maraîchère touchée de plein fouet par les intempéries et qui n’envisage pas de quitter son exploitation, malgré les menaces qui planent encore sur son outil de travail.

Le