Retraites : le périmètre des concertations fait débat

Retraites : le périmètre des discussions fait débat entre le gouvernement et les partenaires sociaux

Plusieurs participants à la première réunion sur le système de retraite pressent le gouvernement de ne pas inclure dans les discussions la question des pensions des agents du public. Les organisations syndicales se montrent par ailleurs inflexibles sur l’abrogation de l’âge de départ à 64 ans.
Guillaume Jacquot

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Un « conclave » pendant trois mois, mais avec quel périmètre ? Ce premier tour de table, ce 17 janvier, entre les partenaires sociaux, le Premier ministre et plusieurs de ses ministres, avait pour objet d’aborder la méthode des concertations à venir sur le système de retraites.

Sur le fond des modifications à opérer sur la réforme de 2023, les partenaires sociaux sont encore très loin de partager quelques éléments d’accord. Mais déjà une demande semble faire l’unanimité : le refus d’aborder au sein de la même instance les retraites du privé et celles du public. « La question des retraites touche à la fois le privé et la fonction publique », motivait ce matin le Premier ministre.

Les partenaires sociaux opposés à intégrer la question de la retraite des fonctionnaires

« Les deux systèmes ne sont pas miscibles. En vérité, la retraite des fonctionnaires, c’est du domaine de la politique de l’État […] Il ne faut pas rajouter du sel dans le gâteau, sinon ce ne sera pas possible de travailler », a prévenu François Hommeril, le président de CFE-CGC. Sophie Binet, numéro 1 de la CGT, dénonce, elle aussi, un mélange des genres. « Cela conduirait, c’est très dangereux, à faire payer les salariés du privé pour la retraite des fonctionnaires et ainsi à dégrader la retraite de l’ensemble des salariés du public comme du privé. »

Patrick Martin, le président du Medef, réclame des « clarifications sur la méthode » et veut aussi cantonner la discussion au secteur privé. Il ne veut pas « recréer des tuyauteries entre les régimes privés […] remarquablement bien gérés par les partenaires sociaux, et des régimes qui sont chroniquement déficitaires. »

Qui autour de la table ?

Reste aussi une question : qui doit prendre part à ces concertations ? Plusieurs syndicats ont par exemple déploré l’absence de Solidaires et de la FSU, qui étaient engagées contre la réforme des retraites. « Nous l’avons regretté, le Premier ministre nous a dit que ce serait corrigé », a assuré Sophie Binet.

La première rencontre ce matin a réuni, outre cinq représentants du gouvernement, les organisations représentatives syndicales que sont la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, et côté patronal, le Medef, la CPME, l’U2P. Le syndicat Unsa et les agriculteurs de la FNSEA ont également été conviés. Patrick Martin a indiqué qu’il souhaitait que les discussions se fassent à « huis clos » et avec les organisations représentatives.

La question de l’âge légal ressurgit déjà dans les discussions

Si le Premier ministre s’est montré très optimiste sur les chances de succès de cette conférence sociale, le chemin reste encore long avant de faire converger les acteurs autour de la table. Les organisations syndicales font toujours de l’abrogation de l’âge légal de départ à 64 ans, cœur de la réforme de 2023, un sujet central. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, martèle qu’il faut « un bougé sur l’âge légal ». « Tout le monde a rappelé que nous souhaitions l’abrogation de la réforme », soutient aussi François Hommeril, de la CFE-CGC.

Les organisations patronales sont pour le moment loin d’être convertie à cette idée. « Je ne suis pas fermé à 64 ans si on nous fait des propositions, qui n’aillent pas chercher davantage de charges sur le coût du travail, c’est-à-dire les charges que payent les entreprises », a prévenu Michel Picon, le président de l’U2P (Union des entreprises de proximité). « J’appelle ceux qui veulent revenir à 62 ans à nous expliquer comment ils comptent le financer. »

« L’accord est possible. Il faut qu’il puisse y avoir des discussions sereines, que tout le monde mette tout sur la table et de voir quels sont les accords possibles », estime Marylise Léon, de la CFDT.

Organisations syndicales comme représentants du patronat attendent désormais les conclusions de la Cour des comptes sur la situation financière des régimes de retraite. Cette étape, le 19 février, permettra réellement de lancer les travaux, sur la base de données que le gouvernement veut « indiscutables ». « Il est évident que cette clarification sur les chiffres est très importante », a insisté Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT regrette par exemple que François Bayrou ait inclus, dans sa déclaration de politique générale, le déficit lié aux retraites des fonctionnaires. « Cela alourdirait la facture de ce qu’il faudrait trouver pour abroger cette réforme [de 2023]. »

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