La dernière réforme des retraites continue de faire débat au Parlement, un an et demi après son adoption dans la douleur. Ce 18 novembre, au premier jour de l’examen en séance au Sénat du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, les socialistes et les communistes ont relancé leur combat pour tenter de revenir sur le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les deux amendements en faveur de l’abrogation ont sans surprise été massivement rejetés par le Sénat (229 voix contre, 109 voix pour), où le gouvernement compte près de 70 % d’alliés.
Le 4 novembre, la gauche à l’Assemblée nationale avait arraché une victoire symbolique, en faisant adopter des amendements qui modifient une annexe du texte en y abrogeant le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Une conférence de financement « pour ne pas, à chaque fois, se contenter de penser qu’il suffit d’allonger la durée du travail »
Les amendements défendus ce lundi par Monique Lubin (PS), et Catherine Apourceau-Poly (communiste) visaient à convoquer une conférence nationale de financement des retraites, dans le but d’identifier d’autres pistes de recettes qu’un allongement de la durée du travail. « Il faut la convoquer de manière régulière, pour ne pas, à chaque fois, se contenter de penser qu’il suffit d’allonger la durée du travail pour les salariés afin de maintenir à flot notre système de retraites », a fait valoir la socialiste Monique Lubin.
Sa collègue communiste Cathy Apourceau-Poly a, elle, déploré la désindexation partielle des pensions prévue en 2025, alors que l’esprit de la réforme était de ne pas dégrader le niveau de vie des retraités.
« Nous aurons certainement à faire d’autres réformes », estime la rapporteure LR
Opposée à l’amendement, la rapporteure sénatrice Pascale Gruny (LR) a souligné que la réforme permettrait d’améliorer le solde de la branche retraite de 8 milliards d’euros. « Je mets ça au conditionnel. On a une situation dégradée, avec davantage de retraités, moins d’actifs, et la natalité qui est en berne. On ne peut pas se permettre dans ces conditions de revenir sur cette réforme », a-t-elle averti. « J’ajouterai même que nous aurons certainement à en faire d’autres, pour assurer la pérennité de notre système par répartition, ou envisager d’autres moyens de financement. »
Selon la trajectoire financière inscrite dans le projet de loi, le déficit de la branche vieillesse de la Sécurité sociale devrait s’aggraver à l’horizon 2028, avec un déficit attendu de 6,1 milliards d’euros.
Les amendements étaient gagés sur une augmentation des cotisations sur les revenus d’activités des plus hauts revenus, situés au-delà de deux fois le plafond mensuel de la sécurité sociale, soit 4 945 euros environ net par mois après impôt sur le revenu.
Le gouvernement rappelle qu’il est prêt à des « pistes d’amélioration justes et raisonnables »
Le gouvernement n’a pas non plus donné son accord. « Cela revient à alourdir très fortement des prélèvements obligatoires de 7 milliards d’euros », s’est opposé la ministre du Travail et de l’Emploi Astrid Panosyan-Bouvet. L’ancienne dirigeante d’entreprise a réaffirmé le souhait de l’exécutif de « travailler avec les partenaires sociaux sur des pistes d’amélioration justes et raisonnables, dans le cadre des équilibres existants ». Ce chantier doit porter sur la retraite progressive, les droits à la retraite des femmes et l’usure professionnelle.
Parmi les autres pistes alternatives de financement à explorer, les socialistes ont également cité une abrogation des niches sociales, l’atteinte de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, ou encore l’amélioration de l’emploi des travailleurs seniors. Selon les socialistes, une augmentation du taux d’emploi des 55-64 ans de 10 points équilibrerait le système des retraites d’ici 2032.
Le 10 avril dernier, une proposition de loi soutenue par le groupe socialiste avait déjà été écartée par le Sénat, au motif de l’irrecevabilité financière du texte.