Il y a des coups de rabots plus importants que d’autres. Les crédits de la mission travail et emploi sont en recul de 2,35 milliards d’euros, à 21,35 milliards d’euros, selon le projet de loi de finances pour 2025 présenté ce 10 octobre en Conseil des ministres. Ce ministère va donc supporter une part importante des 15 milliards d’euros d’économies déjà inscrites dans le budget pour ce qui relève des dépenses d’État. Le tour de vis était déjà inscrit dans l’ébauche de budget préparé cet été par le gouvernement Attal, il se confirme dans le budget que le gouvernement a déposé au Parlement.
« Nous ajustons les soutiens publics à l’évolution du contexte économique, en particulier les dispositifs de soutien à l’emploi », a motivé hier, le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, lors d’une présentation à la presse. « Dès lors que le chômage atteint ses niveaux les plus bas depuis 40 ans, nous pouvons adapter nos mesures et l’ampleur du soutien. »
Le gouvernement a en effet l’intention de supprimer ou de réduire certains dispositifs. À commencer par les emplois francs, qui consistent en une aide financière versée aux entreprises pour encourager le recrutement d’habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Bercy explique avoir tiré les conclusions d’une revue de dépenses sur le sujet, mais aussi d’un rapport de la DARES. Selon cette analyse, plus des trois quarts des employeurs expliquaient qu’ils auraient embauché la personne sans l’aide. Bercy compte aussi réduire « l’ampleur du soutien sur les contrats aidés ».
Diminution des moyens de France Travail
L’une des politiques phares de la mission, le financement de l’apprentissage, va également être réduite dans son envergure. Le budget de cette politique atteint aujourd’hui 16 milliards d’euros, c’est trois fois plus qu’en 2017. « La dynamique lancée est un très grand succès ; nous pouvons à présent ajuster le montant des primes sans grever la dynamique », a assuré hier le ministre. L’une des pistes serait de faire passer le montant de la prime d’embauche, versée aux entreprises, de 6000 à 4500 euros. La cible pourrait également être réduite, en resserrant la taille des entreprises concernées ou du niveau de qualification des apprentis. Le Sénat avait tenté d’opérer cette modification l’an dernier, pour une économie de 600 millions d’euros, mais le gouvernement n’avait pas retenu l’amendement dans la version adoptée par le 49.3.
Au sein des opérateurs de l’État (qui doivent réaliser en cumulé 1,5 milliard d’euros d’économies), France Travail sera également l’un des plus touchés. Les opérateurs liés au ministère du Travail vont en effet perdre l’équivalent de 883 postes. Pour le gouvernement, c’est une conséquence de son nombre de bénéficiaires qui « se réduit ».
Au deuxième trimestre, le taux de chômage en France a légèrement diminué, pour s’établir à 7,3 %, selon l’Insee. Mais il est légèrement supérieur à son point bas de 7,1 % atteint à la fin de 2022.