La ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, a présenté ce mardi le deuxième volet de la réforme du « Choc des savoirs », initiée en 2023 par Gabriel Attal, et destinée à renforcer le niveau des élèves. La droite sénatoriale, qui a soutenu cette réforme, regrette des allégements vraisemblablement imposés par le contexte budgétaire. La gauche, en revanche, épingle des annonces faites sans retour sur les dispositifs déjà entrés en vigueur.
Rentrée scolaire : l’interdiction du portable au collège ne fait pas l’unanimité
Par Fabien Recker
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Le portable au collège, c’est fini ? A partir de lundi, près de 200 collèges vont expérimenter la « pause numérique » : c’est-à-dire le bannissement du téléphone portable dans leur enceinte. Une expérimentation, en vue d’une possible généralisation de l’interdiction du portable au collège « en janvier 2025 » selon la ministre Nicole Belloubet.
Pour le ministère, l’interdiction du portable participe à « prévenir les violences en ligne, à limiter l’exposition aux écrans et à faire respecter les règles encadrant l’usage des outils numériques ».
Une « urgence de santé publique » ?
Concrètement, l’expérimentation va concerner 50 000 élèves, qui seront invités à « déposer leur portable à l’entrée » indiquait la ministre à France Inter en avril dernier. Aux établissements de s’organiser en fournissant des casiers prévus à cet effet. Ceux « qui le peuvent utiliseront le matériel déjà présent dans l’établissement. Pour les autres, les conseils départementaux ont été sollicités » indique le ministère à Public Sénat. « L’Etat ne participera pas au financement » précise-t-on.
Si Nicole Belloubet a justifié la mesure en invoquant les conclusions de la commission sur les écrans, créée à l’initiative d’Emmanuel Macron, cette interdiction du téléphone au collège va également dans le sens d’une récente proposition de loi rédigée par Agnès Evren. La sénatrice (LR) de Paris salue « une excellente décision » du ministère face à une « urgence de santé publique ».
En théorie, les portables déjà interdits
« Car malgré l’interdiction depuis 2018 (par une circulaire, ndlr) de garder les portables éteints pendant les cours, nos jeunes continuent massivement à les utiliser » rappelle Mme Evren, alors que « l’hyperconnexion a des effets désastreux sur les apprentissages ». La sénatrice se réjouit de l’engagement de la ministre d’une généralisation prochaine du bannissement des portables, « comme cela se passe déjà en Norvège ou (dans certaines régions) en Espagne ».
Mais pour les syndicats, le ministère « fait les choses à l’envers » en annonçant une généralisation avant même que la mesure n’ait été testée. « Expérimentons d’abord » tempère Jérôme Fournier. Le secrétaire national du syndicat UNSA s’inquiète que « pour quelques établissements problématiques, on crée de nouveaux problèmes là où il n’y a pas de besoin ».
Une mesure « déconnectée du terrain »
« Quel personnel pour surveiller tout ça ? Matériellement, je ne sais pas comment on va faire. Il y a une question de responsabilité à conserver 500 ou 600 téléphones portables au même endroit » poursuit Jérôme Fournier.
Même son de cloche du côté du syndicat SNES-FSU. La mesure « est déconnectée des réalités de terrain » alerte sa secrétaire générale Sophie Venetitay. « Les élèves doivent poser leur téléphone quelque part et le récupérer, cela pose des questions logistiques importantes et va peser sur la vie scolaire, les CPE et les surveillants ».
Aux établissements qui se sont portés volontaires de désormais mettre en œuvre l’expérimentation. Celle-ci va nécessiter « la modification du règlement intérieur de l’établissement », précise le ministère de l’Education nationale, sans indiquer pour l’instant quelles sanctions risquent les collégiens qui ne respectent pas cette interdiction.