La ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, a présenté ce mardi le deuxième volet de la réforme du « Choc des savoirs », initiée en 2023 par Gabriel Attal, et destinée à renforcer le niveau des élèves. La droite sénatoriale, qui a soutenu cette réforme, regrette des allégements vraisemblablement imposés par le contexte budgétaire. La gauche, en revanche, épingle des annonces faites sans retour sur les dispositifs déjà entrés en vigueur.
Parcoursup : un rapport du Sénat dresse le bilan et propose des pistes d’amélioration
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« C’est un abandon des élèves et de leurs familles par le ministère ». C’est ainsi que le sénateur Jacques Grosperrin résume la situation des élèves confrontés à la plateforme Parcoursup. Cette dernière créée en 2018, a pour ambition de centraliser l’ensemble des offres de formations post-bac pour permettre aux élèves de postuler dans la formation de leur choix. Chaque année, des milliers d’élèves formulent donc des vœux dans l’espoir d’obtenir la formation de leur choix. En 2023, ce sont 11,8 millions de vœux qui sont déposés sur la plateforme, un record depuis sa création.
Pourtant, ces dernières années le terme de « Parcoursup » est associé à un sentiment d’angoisse, pour les élèves et les parents, rapporte le sénateur Jacques Grosperrin. La plateforme très décriée, fait l’objet de nombreuses critiques, venant de divers bords politiques.
L’interpellation de la ministre de l’enseignement supérieur Sylvie Retailleau par la sénatrice Alexandra Borchio Fontimp (LR) lors des Questions au gouvernement au Sénat ce mercredi en témoigne encore. « On a déshumanisé cette dernière étape de la vie scolaire au nom d’un impératif technocratique », avance-t-elle, sous les applaudissements des oppositions.
Le constat de certaines améliorations
Le sénateur Grosperrin rapporteur de la commission de l’éducation, admet néanmoins que certaines améliorations ont été apportées depuis l’apparition de Parcoursup. « La plateforme numérique a globalement gagné en ergonomie, ses contenus ont été quantitativement et qualitativement développés, le calendrier du processus a été revu pour intégrer la réforme du baccalauréat et réduire les délais d’attente », précise le rapport.
Ces modifications se traduisent concrètement par un meilleur accès aux vœux. On fait le constat de rubriques à disposition sur « les chiffres clé ; les débouchés ; contacts de l’établissement ; les critères utilisés par l’établissement », autant d’éléments qui n’existaient pas en 2018 et qui ont permis une meilleure compréhension de la plateforme par ses usagers.
Un rejet paradoxal par ses utilisateurs
Bien que la plateforme ait un petit peu évolué, cette dernière reçoit un accueil très négatif. Ce paradoxe est souligné par le rédacteur du rapport qui fait le constat d’un rejet généralisé aussi bien de la part des élèves que des parents.
Ce sont 83 % des usagers qui trouvent que Parcoursup est « stressant », selon le rapport. Le sénateur Jacques Grosperrin estime que s’il est difficile de comprendre d’où vient exactement cette anxiété, il demeure qu’« il est certain que Parcoursup n’a, pour l’instant, pas réussi à inspirer confiance à ses usagers ». Il semblerait que ce climat anxiogène soit entretenu à la fois par une procédure défaillante du fait du « manque de rapidité, d’équité et du degré de transparence » et d’une angoisse plus globale dues aux incertitudes de l’avenir, au poids du diplôme etc. Le sénateur précise dans ce cadre que ces biais sont accentués, car « la société a changé après le covid-19, les routines des jeunes aussi ».
Ce sont trois obstacles « à sa bonne acceptation » qui sont retenus par le rapport et contre lesquels les ministères se doit de lutter. D’abord, des « lacunes au niveau de l’information délivrée », ensuite la longueur de la procédure en 2022 « plus de 17 000 (4 %) ont attendu deux mois la proposition qu’ils ont finalement approuvée » et enfin « le caractère trop opaque des modalités de classement ».
Gagner la confiance des usagers comme impératif
Le rapport présente 8 recommandations adressées au ministère de l’enseignement supérieur pour améliorer le rapport des usagers à la plateforme. Plusieurs enjeux sont listés comme celui d’assurer une information plus intelligible et encourager son harmonisation ou pousser sur la hiérarchisation des vœux en liste d’attente le plus tôt possible.
Un autre point de tension concerne l’amélioration de la transparence dans les critères d’examen. Il demeure plusieurs inégalités de traitement des dossiers de candidatures selon la formation demandée. « Dans les universités, l’existence d’un algorithme de préclassement, non rendu public, est quasi systématique au vu du nombre très important de candidatures. Dans les lycées à CPGE, le traitement humain est prépondérant », comme le souligne le rapport, qui y dénonce une grande inégalité.
Pour le sénateur Jacques Grosperrin, l’objectif est de « réhumaniser » cette sélection, avec comme objectif premier d’assurer « un service public d’accompagnement à l’orientation au lycée adapté à la nouvelle organisation du lycée et à la maîtrise de Parcoursup ». L’enjeu est d’informer les élèves tout au long de leurs années lycée, pour prévenir certaines inégalités au moment de la sélection.
« Un service public ambitieux de l’accompagnement à l’orientation »
Plus largement, le rapport met en lumière plusieurs niveaux d’inégalités exacerbés dans le cadre de la sélection sur Parcoursup.
D’abord, entre les différents types d’élèves notamment les cas des élèves boursiers ou des candidats en reprise d’études. Ensuite, entre les différents établissements du secondaire, au regard de leur application respective des formations du personnel sur l’usage de la plateforme. Enfin, cette plateforme tend à favoriser les inscriptions en écoles privées, ce qui vient renforcer encore les inégalités entre les élèves.
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