Comme beaucoup de parents, pour faire garder ses enfants avant leur entrée à l’école, Céline Tisserand rêvait d’une place en crèche. « Tout d’abord parce que je trouve que cela facilite la sociabilité de l’enfant”, met-elle en avant, mais aussi parce que ce système est plus accessible financièrement. Après des appels et courriers répétés, elle se heurte à deux refus. Le couple se tourne alors vers des assistantes maternelles. Une solution qui leur coûte au minimum 1250 euros par mois, soit 1/5 ème de leurs salaires, et les oblige à de nombreux sacrifices non seulement financiers, comme partir en vacances, mais aussi très personnels. « Nous voulions un troisième enfant, mais avec mon mari, regrette la jeune femme, nous avons renoncé à ce projet. Financièrement, nous ne pouvons pas nous le permettre. »
Travailler peut-il être un désavantage pour avoir une place en crèche ?
Un refus inexpliqué de la part de la mairie, et qui laisse Céline Tisserand désemparée. « Nous n’avons jamais eu de réponse officielle. Seulement une personne, au téléphone, en off, parce que j’insistais, qui m’a expliqué que nous étions au-dessus des tarifs de la CAF, que nous n’étions pas prioritaires, et que le fait de travailler tous les deux était même limite un handicap. Mais je ne comprends pas : comment cela peut-il être un facteur négatif ? Dans mon monde, ce sont les personnes qui travaillent qui ont justement besoin d’une garde à plein temps. Faut-il arrêter de travailler pour avoir la chance d’avoir une place en crèche ? Pourquoi ne rend-on pas obligatoire la transparence des critères d’attribution des places ? »
La transparence des critères d’attribution des places en question
Face au récit de Céline, les sénateurs acquiescent. “Mme Tisserand a raison, opine la sénatrice (LR) du Lot-et-Garonne Christine Bonfanti-Dossat. C’est lorsque les deux parents travaillent qu’ils ont le plus besoin de faire garder leurs enfants, tout cela est à revoir.” Le sénateur Renaissance Xavier Iacovelli va même plus loin. “C’est une évidence qu’il faut une transparence concernant ces attributions, certaines collectivités organisent d’ailleurs des commissions d’attribution avec des citoyens, des élus de l’opposition, etc. Par ailleurs je pense effectivement que nous devons nous engager, au niveau de l’État, pour avoir un référentiel national sur l’attribution des places.” Davantage de berceaux dans les crèches pourraient-ils être le levier le plus efficace pour enrayer la baisse de la natalité et pour “réarmer démographiquement” la France, comme le souhaitait le président ? Dans le cas de Céline et son époux, cela aurait en tout cas été décisif.