Nicolas Sarkozy aime toujours autant cliver. Ce vendredi 8 novembre, aux « Rencontres de l’avenir », l’ancien chef d’Etat s’en est pris au statut des professeurs des écoles. « C’est 24 heures par semaine, six mois de l’année. Entre les vacances et les week-ends… Alors, je sais bien, il faut préparer les cours. Maternelle, grande section… », déclare-t-il, provoquant les rires du public, venu assister à l’événement organisé par l’économiste Nicolas Bouzou à Saint-Raphaël (Var). Estimant qu’il y a trop de fonctionnaires dans l’Education nationale – le gouvernement prévoit de supprimer 4 000 postes en 2025 – l’ancien homme fort de la droite française a aussi taclé certains enseignants « qui choisissent ce boulot pour de mauvaises raisons ».
Les chiffres donnés par Nicolas Sarkozy sont-ils fondés ? Si effectivement, l’emploi du temps des professeurs des écoles est de 24 heures d’enseignement hebdomadaire, « il ne se limite pas à la présence en classe », précise le site du ministère de l’Education nationale. « S’ajoutent le temps de préparation des cours, les corrections des productions des élèves et le suivi des relations avec les parents d’élèves », poursuit la fiche de poste.
41 % du temps de travail en dehors de la classe
C’est justement sur la durée en dehors de l’enseignement qu’ironise Nicolas Sarkozy, en s’étonnant qu’on puisse parler de « préparer les cours en maternelle et en grande section ». La note d’information de la Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance (Depp), indique que les professeurs du premier degré déclarent consacrer 31 % de leur temps de travail à la préparation des cours, à la correction des cahiers et à la documentation personnelle. Puis 11 % est pris par le travail en équipe, les relations avec les parents d’élèves, la participation au conseil d’écoles et la formation pédagogique. Au total, ça correspond à un temps de travail hebdomadaire médian de 43 heures.
Les professeurs des écoles travaillent aussi pendant les vacances scolaires. Sur les seize semaines dont ils disposent, la moitié d’entre eux travaillent au moins 34 jours, soit entre six et sept semaines. Un temps notamment dédié « à des tâches de préparation et de correction », indique la note d’information de la Depp. Une réalité d’autant plus vraie pour les plus jeunes. Environ 50 % des moins de 35 ans déclarent travailler au moins 41 jours pendant les vacances, contre 27 jours pour ceux âgés de 45 ans ou plus.
« Il y a un prof ‘bashing’ habituel chez Nicolas Sarkozy »
Les propos de l’ancien chef d’Etat – qui se targue de son côté d’avoir réduit de 150 000 le nombre de fonctionnaires quand il était à l’Elysée – ont beaucoup fait réagir. « Il y a un prof ‘bashing’ habituel chez Nicolas Sarkozy et une partie de la droite », déplore Guislaine David, porte-parole du syndicat SNUIpp-FSU. « Ça a choqué beaucoup de collègues. Certains se sont même posé la question de porter plainte pour diffamation », poursuit la professeure des écoles.
Après les mots de l’ancien président, Guislaine David se désole du « manque de soutien des équipes d’Emmanuel Macron ». Si la ministre de l’Education nationale a réagi ce matin, c’est « arrivé un peu tard », pour elle. « On ne peut pas dire qu’ils travaillent peu. Ils travaillent beaucoup dans des conditions parfois très difficiles », a relevé Anne Genetet sur RMC et BFMTV, évoquant « des professeurs qui sont motivés, passionnés, engagés pour la réussite de leurs élèves ». La ministre a aussi rappelé que « les professeurs des écoles français travaillent 30 % de plus dans l’année que leurs homologues allemands ».