La ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, a présenté ce mardi le deuxième volet de la réforme du « Choc des savoirs », initiée en 2023 par Gabriel Attal, et destinée à renforcer le niveau des élèves. La droite sénatoriale, qui a soutenu cette réforme, regrette des allégements vraisemblablement imposés par le contexte budgétaire. La gauche, en revanche, épingle des annonces faites sans retour sur les dispositifs déjà entrés en vigueur.
Choc des savoirs : Anne Genetet fera « prochainement » des annonces sur un réaménagement de la réforme pour les 4e et 3e
Par Romain David
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La ministre de l’Education nationale réfléchit à aménager le déploiement de la réforme du « choc des savoirs », portée en son temps par Gabriel Attal mais largement décriée par les syndicats. Auditionnée ce mardi 22 octobre par la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat, Anne Genetet a indiqué qu’elle annoncerait « prochainement » comment « adapter ce dispositif pour les classes de 4e et de 3e ». Selon l’agenda initialement arrêté, l’ensemble des collégiens doit théoriquement bénéficier, à partir de la rentrée 2025 des groupes de besoins en français et en mathématiques, mis en place depuis septembre pour les élèves de 6e et 5e.
« Elever le niveau de notre jeunesse »
« L’objectif est d’avoir un parcours qui soit cohérent, et qui permette de s’appuyer aussi sur les résultats de ce qui est en place actuellement en 6e et en 5e », a-t-elle expliqué. Elle évoque ainsi un dispositif « ambition lycée », qui pourrait « réunir sous un même chapeau un ensemble de dispositifs qui permettraient de conduire nos élèves à la réussite. » « Les groupes de besoin font partie des hypothèses de travail, ce n’est pas à l’exclusion de ce dispositif », a-t-elle précisé. « Il s’agit de voir que ce qu’on peut mettre en place à la rentrée 2025, avec encore une fois une ambition d’élever le niveau de notre jeunesse et donc de toute la cohorte qui va de la 6e à la 3e. »
« Je voudrais dire l’attachement sur les bancs de mon groupe au choc des savoirs et aux groupes de besoins que certains continuent d’appeler groupes de niveaux », a tenu à réagir le sénateur LR Max Brisson, spécialiste des questions d’éducation. « Nous souhaitons sur le sujet de la continuité dans l’action, une inscription dans le temps long et beaucoup de liberté dans la mise en application par les établissements », a-t-il averti.
La ministre a assuré que le dispositif, tel qu’il a été mis en place en septembre, sur les classes de 6e et 5e, avec des redéploiements de postes et la création de 800 emplois, « serait maintenu en 2025 ». « Il ne sera pas remis en question », s’engage Anne Genetet.
« La réforme du brevet pourrait intervenir à partir de la session 2026 »
La ministre est également revenue sur la réforme du brevet des collèges qui prévoyait de conditionner l’entrée au lycée à l’obtention de cet examen, mais qui a été suspendue avec la dissolution. « Cela pourrait déboucher sur une réforme qui est attendue, je le sais, du brevet, et qui pourrait intervenir à partir de la session 2026 pour rétablir la valeur du diplôme », a-t-elle indiqué. Sans préciser, toutefois, s’il était toujours question de conditionner le passage en classe de seconde.
4 000 postes d’enseignants supprimés
Alors qu’elle sera réauditionnée début novembre par les parlementaires sur le budget de l’Education nationale, en préparation des débats sur le projet de loi de finances, Anne Genetet n’a pas manqué d’être interrogée à plusieurs reprises sur la suppression polémique de 4 000 postes d’enseignants. Comme un avant-goût de la bataille qui s’annonce dans l’hémicycle.
En effet, l’Education nationale va payer le plus lourd tribut à la baisse du nombre de fonctionnaires portée par le projet de loi de finances : de 2 200 emplois dans la fonction publique d’Etat, dont 2 000 postes en moins rue de Grenelle. Surtout : 4 000 postes d’enseignants vont être supprimés. Le premier degré public (maternelle et primaire) devrait être le plus touché, avec 3 155 postes en moins, et 180 emplois pour le second degré (collège et lycée).
« Sur la suppression de 4 000 postes, voyons ce que le débat budgétaire va nous dire et comment nous en sortirons, où sera le curseur », a-t-elle tenté de balayer. Elle a insisté sur sa volonté d’entamer un dialogue avec les élus locaux pour trouver des solutions au cas par cas sur la répartition des élèves. « Une hypothèse que je mets de côté : relever le seuil de dédoublement des classes. On sait déjà que ce seuil, hélas, est un peu dépassé : 13-14 élèves au lieu de 12. On va commencer à en voir les résultats bénéfiques. Ce n’est pas le moment de mettre ce dispositif par terre. »
« Nous nous opposerons à cette baisse avec les élus de notre groupe », lui a lancé la sénatrice socialiste de Paris Colombe Brossel. « Vous allez nous parler de baisse démographique, on vous répondra que si c’est une question de démographie, on aurait pu augmenter les moyens quand il y avait une hausse de la démographie », s’est-elle agacée. « On va arriver à 10 000 postes supprimés depuis 2017 », a encore dénoncé l’élue.
Alors qu’un amendement porté par le camp présidentiel à l’Assemblée nationale prévoit de revenir sur ces suppressions de postes – amendement qui a de fortes chances d’être adopté –, Colombe Brossel a également demandé à la ministre de s’engager à conserver cette modification si jamais le chef du gouvernement décidait d’enclencher le 49-3 pour faire passer son budget.
« Ce n’est pas de mon ressort, la décision appartient à Monsieur Barnier et, sauf erreur de ma part, je ne m’appelle pas et je ne ressemble pas encore à Monsieur Barnier », lui a répondu Anne Genetet. « Même si la suppression de 4 000 postes est d’une grande complexité, c’est le mot le plus faible que je peux utiliser, elle ne nous empêchera pas de poursuivre sur la baisse des effectifs par classe », a-t-elle voulu rassurer.
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