Le projet de loi de finances chemine difficilement à l’Assemblée nationale depuis le début de son examen en séance le 21 octobre. Entre les majorités fluctuantes sur les différents scrutins et le retard pris sur le calendrier prévu, le budget 2025 vire au véritablement parcours du combattant pour le gouvernement, qui a fixé un objectif de 60 milliards d’euros d’effort pour limiter le déficit à 5 %. Le texte est aussi sévèrement jugé dans l’opinion publique, comme le constate le baromètre politique d’Odoxa-Mascaret, réalisé pour Public Sénat et la presse régionale les 23 et 24 octobre 2024.
Une partie importante des personnes interrogées, 64 %, pensent que le projet ne permettra pas de réduire le déficit public. Seuls les sympathisants des partis engagés dans le « socle commun » pensent en majorité que ce projet de loi de finances pourra répondre à cet impératif : les électeurs de Renaissance sont 59 % à le penser, et les sympathisants LR 56 %.
73 % des Français sont même d’avis qu’il ne sera pas efficace pour l’économie française. Dans une étude du 16 octobre, l’OFCE estimait que les mesures budgétaires pourraient peser sur la croissance à hauteur de 0,8 point et limiter la progression du PIB à seulement 0,8 % l’an prochain.
Seuls 15 % des Français estiment que le budget 2025 protégera leur pouvoir d’achat
Les Français se montrent également très critiques sur la répartition des efforts dans le projet de loi de finances. 79 % sont convaincus que le budget ne sera pas « juste socialement ». Le sentiment général est très éloigné de la communication du gouvernement qui avait insisté sur les mesures exceptionnelles visant les hauts revenus et les grandes entreprises. Le Haut Conseil des finances publiques a d’ailleurs une lecture différente sur le ratio entre mesures d’économies et mesures fiscales : l’institution présidée par Pierre Moscovici estime que le texte initial reposait sur 30 milliards d’euros de prélèvements obligatoires supplémentaires, et non 20 selon la vision du gouvernement.
Dans ce contexte, les Français sont en très grande majorité inquiets sur leur niveau de vie. 15 % seulement estiment que le budget 2025 protégera leur pouvoir d’achat, contre 84 % qui s’attendent à l’effet inverse.
Qu’il s’agisse de l’impact sur l’économie et sur le pouvoir d’achat, ou de la justice sociale, toutes les tendances politiques portent majoritairement un regard négatif. Ainsi, seuls 38 % des sympathisants Renaissance estiment que le budget sera juste socialement, une part qui tombe à moins de 20 % dans les différentes oppositions.
Méthodologie : l’enquête a été réalisée les 23 et 24 octobre 2024, sur Internet, auprès d’un échantillon de 1 005 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Par exemple, dans un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 % ou de 80 %, la marge d’erreur est égale à 2,5 points : le pourcentage réel est donc compris entre 17,5 % et 22,5 %.