Revalorisation des pensions : une majorité de retraités seront perdants avec la proposition de Laurent Wauquiez

Revalorisation des pensions : une majorité de retraités seront perdants avec la proposition de Laurent Wauquiez

Le compromis annoncé par le président des députés de la Droite républicaine, ce lundi, est moins favorable que le projet initial du gouvernent pour plus de la moitié des retraités. Le mécanisme aboutirait pour ces derniers une base de calcul plus faible pour les années à venir.
Guillaume Jacquot

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Point sensible du budget, la question des modalités de la revalorisation des pensions de retraite devrait évoluer par rapport au projet initial présenté par le gouvernement il y a un mois, sous réserve évidemment que le Parlement valide la nouvelle mouture. Annoncé lundi soir, lors de son passage au journal de 20 heures de TF1, le dispositif du chef de file des députés DR (Droite républicaine) Laurent Wauquiez a reçu l’appui du Premier ministre Michel Barnier, hier lors des questions au gouvernement. Dans ce qui est présenté comme un « compromis », les retraités ne seront pas logés à la même enseigne, selon qu’ils touchent une pension inférieure ou non au montant d’un smic mensuel net (1426 euros).

En quoi consistait le projet initial du gouvernement ?

Début octobre, en présentant ses arbitrages budgétaires, le gouvernement avait proposé le report au 1er juillet de l’indexation des retraites, pour limiter la progression des dépenses sociales. Normalement, la revalorisation des pensions sur l’inflation (estimée à 1,8 % en 2025) intervient au 1er janvier. Ce décalage de six mois aurait eu pour effet de geler les pensions à leur niveau actuel durant le premier semestre. Selon le ministère des Comptes publics, cette mesure représente 3,6 milliards d’économies.

La mesure a suscité beaucoup de débats, y compris sein du « socle commun », les forces politiques qui soutiennent le gouvernement Barnier. Début novembre, le gouvernement a déjà commencé à lâcher du lest, en se disant prêt à protéger de ce décalage de six mois les « petites retraites », celles en dessous d’un Smic. L’exécutif imaginait une « compensation » versée en juillet pour éviter une perte de pouvoir d’achat pour les pensionnés les plus modestes sur l’année 2025. Lors d’une audition au Sénat, la Caisse nationale d’assurance vieillesse avait indiqué qu’une revalorisation différenciée atténuerait les économies attendues d’un montant de l’ordre de 500 millions d’euros, si le seuil retenu est une pension de 1200 euros.

Que prévoit le dispositif annoncé par Laurent Wauquiez ?

L’alternative dévoilée en avant-première par Laurent Wauquiez, reprise le lendemain par le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin, diffère sensiblement. L’idée est désormais de faire bénéficier tous les retraités d’une revalorisation de leur pension dès le 1er janvier, mais à un niveau de moitié inférieure à celui de l’inflation, soit une progression de 0,9 %.

Au 1er juillet, les retraités dont la pension (retraite de base et retraites complémentaires intégrées) est inférieure au Smic net, bénéficieront d’une « seconde revalorisation pérenne » mais aussi d’une « d’une compensation du manque à gagner du premier semestre », a précisé hier le Premier ministre. Ce « bouclier anti-inflation », selon les mots de Laurent Wauquiez, bénéficiera à 44 % des retraités.

Selon Laurent Saint-Martin, ce second mouvement de revalorisation réduira les économies attendues de 500 à 800 millions d’euros.

Pourquoi la deuxième option est moins intéressante pour une majorité de retraités

À première vue, rien ne change en 2025 pour les retraités touchant plus que le Smic. Une revalorisation de 1,8 % sur le second semestre ou une hausse des pensions de 0,9 % durant 12 mois équivaut à percevoir la même somme sur l’année de l’année. Mais le second dispositif est en réalité moins avantageux sur le long terme pour les retraités percevant plus d’un Smic, soit près de dix millions de personnes (56 % de l’ensemble).

En effet, la revalorisation de 0,9 % leur assure une base de calcul moins haute pour les futures revalorisations annuelles. Prenons l’exemple d’une pension de 1600 euros. Dans le dispositif initial, cette personne aurait touché 1600 euros mensuels au premier semestre, puis 1628,80 euros au second, après revalorisation de 1,8 % au 1er juillet. Dans le second mécanisme, la personne toucherait 1614,4 euros chaque mois, après revalorisation de 0,9 % au 1er janvier. La hausse de l’année 2026 se fera sur une base de calcul plus faible, dans le deuxième exemple.

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