Standard & Poor’s cuts China’s credit rating

Note de l’agence S&P : quelles conséquences pour la France ?

Après les agences de notation Fitch et Moody’s en avril, c’est au tour de Standard & Poor’s Global Ratings (S&P) de rendre, ce vendredi, son verdict sur la dette française. Contrairement aux deux premières, S&P pourrait rétrograder la note de la France.
Rédaction Public Sénat

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L’agence de notation américaine rendra ses conclusions sur son évaluation de la dette française. Filiale de Mc McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations, S & P est une l’une des trois principales grandes sociétés de notation financière mondiale. Elle utilise une échelle de notation, allant de AAA à D, composée de 23 crans.

Des « conditions sont réunies pour que l’agence de notation sanctionne la France »

Une dégradation de la note suivrait celle du déficit public de 2023. Prévu à 4,9 %, il s’est révélé être de 5,5 %. Auditionné le 30 mai au Sénat, Bruno Le Maire a reconnu à demi-mot une « erreur » sur la question de l’évaluation des recettes fiscales. « J’ai saisi l’ensemble des administrations concernées dans mon ministère à ce sujet, une erreur pareille ne peut pas se reproduire deux fois », a-t-il expliqué devant les sénateurs.

Contrairement aux espoirs de l’exécutif, la situation budgétaire de la France ne s’est pas améliorée au cours des six derniers mois. « La qualité de la dette s’était déjà largement dégradée depuis la crise sanitaire du Covid 19 », rappelle l’économiste et conseillère économique chez PwC Stéphanie Villers. « La dette publique a atteint 110,6 % du PIB fin 2023, contre 98 % en 2019. Or depuis la fin de la crise sanitaire, aucun évènement majeur ne peut expliquer un tel pourcentage. Les conditions sont donc réunies pour que l’agence de notation sanctionne la France », poursuit-elle.

Le AA de la France est l’équivalent d’un 18/20. Une nouvelle dégradation de la note de l’économie française pourrait-elle avoir des répercussions négatives dans l’économie ? « Les conséquences sur l’économie seraient nulles », estime l’économiste Éric Heyer. « Combien même la note de la France serait dégradée d’un voire deux crans, selon le classement de S & P, la dette de la France serait encore considérée de haute qualité. ». Seule « une dégradation de la note de quatre crans pourrait réellement avoir des conséquences sur l’économie », concède-t-il.

L’enjeu est avant tout « d’alerter les investisseurs, et de leur indiquer la trajectoire de la France cette année », nuance de son côté l’économiste Stéphanie Villers. Si la note est dégradée, elle estime qu’il pourrait y avoir un « risque d’augmentation des taux d’intérêt. Même si la Banque centrale européenne prévoit de baisser ses taux début juin, ce ne serait pas une bonne nouvelle : ils sont les taux de référence pour tous les autres taux ». Un autre risque pourrait émerger, toujours selon Stéphanie Villers, celui du refus des investisseurs d’acheter de la dette française.

Des conséquences politiques qui pourraient « attiser les tensions »

Une dégradation qui pourrait également avoir des conséquences politiques, à neuf jours des élections européennes. Stéphanie Villers estime qu’elle « pourrait attiser les tensions, notamment dans l’opposition. En avril, l’agence Moody’s avait maintenu sa note pour ne pas souffler sur les braises ». Finalement, « La situation des finances publiques est déjà connue par ceux qui sont aux responsabilités. L’information est rendue publique, mais n’est pas pour autant originale », conclut Éric Heyer.

En 2012, S & P avait été la première agence de notation à retirer son AAA – équivalent à un 20/20 – à la France. Elle reprochait alors à la France « l’aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires dans la zone euro à laquelle [elle] est étroitement liée », et soulignait déjà « l’endettement relativement élevé des administrations publiques ainsi que les rigidités du marché du travail ».

Le 1er décembre, l’agence américaine avait maintenu la note « AA » émise en juin 2023, mais « assortie de perspectives négatives ». Autrement dit, une nouvelle dégradation est possible dans les 18 mois qui suivent ladite évaluation. La société l’avait justifiée en raison d’une « incertitude » liée aux « finances publiques de la France dans un contexte de déficit budgétaire élevé, quoiqu’en baisse lente, et d’une dette publique élevée ». Un choix pourtant salué par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire rappelant dans un post sur X la détermination du gouvernement « à réduire les dépenses publiques et à accélérer le désendettement de la France. Il y va de notre indépendance et du respect de nos engagements nationaux et européens. » Reste à savoir quelle sera la réaction de l’exécutif et des oppositions si une nouvelle dégradation est retenue par S & P. Réponse ce vendredi soir.

Emile Douysset

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