Le Sénat adopte le projet de loi Industrie verte

Les sénateurs ont adopté en première lecture ce 22 juin le projet de loi Industrie verte, un texte destiné à faciliter et accélérer les implantations d’usines, notamment dans le secteur des technologies vertes et de la transition écologique.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une étape de franchie. Le projet de loi Industrie verte, porté par les ministres de l’Economie Bruno Le Maire et de l’Industrie Roland Lescure, va être maintenant transmis à l’Assemblée nationale, qui l’examinera au cours de la seconde semaine de juillet. Au terme de trois jours de débat, le Sénat à majorité de droite et du centre, a adopté ce texte en début de soirée, ce 22 juin. Le texte, tel qu’il a été amendé, a reçu le soutien de 251 sénateurs. Seuls les 12 membres du groupe écologiste ont voté contre. 80 sénateurs, pour l’extrême majorité socialistes et communistes, ont choisi une position intermédiaire en s’abstenant.

Comportant une variété de dispositions techniques, le texte vise notamment à réduire les durées nécessaires aux procédures d’autorisation et à simplifier la reprise d’anciennes friches pour y implanter des usines, principalement des chaînes de productions de technologies vertes. Citons l’éolien, le solaire, les batteries électriques, ou encore l’hydrogène. « C’est une loi, certes incomplète, mais importante pour engager la nécessité impérative de la réindustrialisation et la décarbonation de notre économie », a résumé le rapporteur (LR) Laurent Somon.

Des modifications notables sur les autorisations de grands sites ou encore le zéro artificialisation nette

L’une des modifications majeures intervenues au Sénat a consisté à redonner la voix aux élus locaux dans les procédures d’installations de grands projets industriels, comme les gigafactories, sur leurs territoires. Initialement, l’État souhaitait prendre la main par décret sur les autorisations. Si le gouvernement s’est dit ouvert à des aménagements, il ne s’est toutefois pas montré entièrement satisfait de la proposition sénatoriale, qui exige un accord conforme des collectivités locales en cas de modification des documents d’urbanisme.

Autre évolution majeure : le Sénat a souhaité que les nouvelles implantations industrielles, qui concourent à la transition écologique ou à la souveraine nationale, soient exemptées des objectifs de sobriété foncière, le « zéro artificialisation nette » (ZAN). Mais c’est dans une proposition de loi sénatoriale, examinée en ce moment par les députés, que les modalités précises du décompte seront précisées. Ce point fera partie, à n’en pas douter, des points cruciaux lors de la tentative de compromis avec les députés dans quelques semaines.

Au chapitre de la mobilisation de l’épargne des Français pour financer la réindustralisation décarbonée, les sénateurs ont aussi approuvé la création d’un nouveau placement financier : le livret d’épargne avenir climat. Ses modalités ont été un peu revues en séance, pour s’assurer que les financements soient bien fléchés vers l’industrie verte. D’ailleurs, le projet de loi est resté assez flou sur la définition exacte de cette notion d’industrie verte, ce qu’ont regretté plusieurs groupes. Pour le socialiste Franck Montaugé, ce projet de loi demeure « très procédural », « au périmètre très restreint, sans l’affirmation d’une stratégie d’ensemble ».

Des rendez-vous dans le projet de loi de finances

Micheline Jacques, sénatrice LR, a regretté un « texte au titre pompeux mais au contenu bien décevant », sur lequel le Sénat a injecté « un peu de bon sens ». Mais beaucoup de promesses du gouvernement sont renvoyées au débat budgétaire de fin d’année : le crédit d’impôt pour l’industrie verte, les nouvelles conditions du bonus écologiques des véhicules électriques ou encore les investissements dans les métiers de l’industrie. « Il demeure un texte à trous que le projet de loi de finances devra compléter », a insisté la sénatrice.

Les critiques les plus virulentes sont venues du groupe écologiste, qui a voté contre. « L’accélération se fait au dépend des droits de l’environnement et de la qualité du débat public […] Clairement, le compte n’y est pas, en particulier en termes de financements », a déploré Daniel Salmon.

Le ministre Bruno Le Maire a remercié les sénateurs pour leur vote, saluant une assemblée « sage dans ses débats » sur un « un texte majeur pour notre économie et la protection de notre planète ». « Les ambitions d’un texte de loi sont toujours là pour grandir, ce ne sont que des points de départ », a-t-il ajouté.

Dans la même thématique

Le Sénat adopte le projet de loi Industrie verte
4min

Économie

Budget de la Sécu : le Sénat alourdit la fiscalité de certains jeux d’argent et de hasard

Les sénateurs, qui examinent depuis le début de la semaine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ont adopté jeudi 21 novembre un renforcement de la taxation de certains jeux d’argent et de hasard, en ligne ou physique. Des dispositions spécifiques, destinées notamment à préserver le sponsoring, ont été votées pour les paris sportifs.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
7min

Économie

Budget : comment les sénateurs réduisent l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros

En commission, la majorité sénatoriale a supprimé les 800 millions d’euros d’économies sur le fonds de compensation de la TVA. Ils ont surtout supprimé le fonds de précaution de 3 milliards d’euros, pour le remplacer par un « dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales », doté de 1 milliard d’euros. L’effort est ainsi mieux réparti : environ 3000 collectivités seront concernées, contre les 450 les plus riches dans la copie gouvernementale. Le gouvernement est « d’accord sur les modalités qu’on propose », soutient le sénateur LR Stéphane Sautarel.

Le

Le Sénat adopte le projet de loi Industrie verte
3min

Économie

Budget de la Sécu : le Sénat renforce les contrôles et les sanctions contre la fraude sociale

Les sénateurs ont adopté plusieurs amendements dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, notamment pour lutter contre la fraude aux arrêts de travail. À l’initiative de la gauche, qui dénonce un deux poids deux mesures dans la lutte contre la fraude des assurés et celle des entreprises, les contrôles et les sanctions contre les entreprises fraudeuses sont aussi renforcés.

Le

La sélection de la rédaction

Le Sénat adopte le projet de loi Industrie verte
4min

Économie

Industrie verte : le Sénat multiplie par cinq l’amende pour les grandes entreprises qui ne publient pas leur bilan carbone

Les sénateurs ont modifié le projet de loi Industrie verte, en relevant fortement l’amende prévue pour les grandes entreprises qui refusent toujours d’établir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre. Avec un plafond porté à 50 000 euros, la pénalité apparaît plus dissuasive. Roland Lescure, ministre de l’Industrie, s’est opposé à un montant « très élevé ».

Le

Le Sénat adopte le projet de loi Industrie verte
5min

Économie

Industrie verte : le Sénat vote la création du livret d’épargne avenir climat

Les sénateurs ont adopté l’une des principales innovations du projet de loi Industrie verte, à savoir la création d’un nouveau produit d’investissement de long terme. L’objectif est de rediriger une partie de l’épargne privée pour financer les investissements dans la transition écologique. De nouvelles garanties, pour flécher les fonds vers des titres vertueux pour l’environnement, ont été apportées au texte en séance.

Le