2023 était la dernière année du gel des frais d’inscription à l’Université. Le ministère de l’Enseignement supérieur a décidé de mettre fin à cette mesure en vigueur depuis 2020. Le coût d’une inscription à l’Université augmentera donc de 2,9 % à la rentrée 2024. Cela se traduit par une hausse de 5 euros pour les étudiants en licence, 7 euros pour les étudiants en master, et 11 euros pour les doctorants. La Contribution de vie étudiante et de Campus (CVEC) va également augmenter de 3 euros, à 103 euros à partir de septembre 2024. Cette hausse met fin à une mesure décidée il y a quatre ans pour protéger les étudiants dans un contexte de pandémie de Covid-19.
« Coup de massue »
Mis au courant le 28 mai, les différents syndicats n’ont pas tardé à protester contre ce qu’ils considèrent comme une mesure discriminatoire envers les étudiants les plus pauvres, particulièrement touchés par la précarité. La Fage parle d’un « coup de massue », alors que « la rentrée universitaire représente toujours un coût considérable pour les étudiants ». Les étudiants boursiers sont certes exonérés de ces frais d’inscription, mais « beaucoup de jeunes précaires ne touchent pas de bourses », conteste le syndicat étudiant, ajoutant que « 20 % des jeunes ne mangent pas à leur faim ». De son côté, l’Unef affirme que « le coût de la vie étudiante a augmenté de 25,51 % » depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, en 2017, dénonçant « un enchaînement de politiques de précarisation qui n’ont fait qu’aggraver une situation déjà alarmante ». Pour le syndicat classé à gauche, le gouvernement a pour objectif de « libéraliser l’enseignement supérieur », alors qu’il devrait « investir et mettre en place de réels moyens dans les universités pour augmenter leurs capacités d’accueil ». De son côté, le cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur fait savoir à Libération qu’il ne « s’agit pas d’une décision d’augmenter ces frais, plutôt d’une non-décision de gel», étant donné que les gels des années précédentes avaient un caractère « exceptionnel »
Ce choix du ministère de l’Enseignement supérieur de dégeler les frais d’inscription à l’université s’inscrit dans un contexte d’économies en cascade décidées ces derniers mois pour tenter de maîtriser le dérapage budgétaire. Sur les 10 milliards d’euros d’économie décidés en février, 900 millions d’euros concernent l’enseignement supérieur.
Selon une étude commandée par Linkee, association d’aide alimentaire, 77 % des étudiants sondés ont moins de 100 euros de « reste à vivre » par mois, soit moins de 3,33 euros par jour pour se nourrir, se soigner, s’habiller ou se cultiver. Et plus de la moitié des jeunes ont même moins de 50 euros de reste à vivre par mois.