La délégation des outre-mer du Sénat a fait sa rentrée, en présentant un rapport sur l’intégration régionale des outre-mer dans l’océan Indien. La France est présente dans cette zone de la planète au travers des îles de Mayotte, La Réunion, et des Terres australes et antarctiques (TAAF). Ces territoires, par leur éloignement géographique de la métropole, ont un statut particulier et peinent à s’intégrer avec les Etats qui les avoisinent. Un problème auquel cherche à s’attaquer le rapport de Stéphane Demilly, Christian Cambon et Georges Patient.
Les outre-mer de l’océan Indien : une intégration régionale insatisfaisante
Les auteurs du rapport font un constat : le manque d’intégration économique des outre-mer français de l’océan Indien vis-à-vis de leurs voisins. Ils citent ainsi l’exemple de La Réunion, dont la métropole est toujours le premier partenaire économique, représentant 55 % de ses importations en 2022. Une situation qui ne peut que se détériorer lorsque l’on considère les écarts de richesse entre les îles de la région. Le rapport fait état d’un écart de PIB par habitant d’un facteur 20 entre Mayotte et Madagascar, et du simple au double entre La Réunion et Maurice. Enfin, les rapporteurs font état de relations détériorées entre certains Etats de la zone et les territoires français. La souveraineté de la France sur Mayotte est, par exemple, contestée par l’Union des Comores depuis cinquante ans, menant une « guerre hybride » contre le département français.
« Réorienter en profondeur les relations des outre-mer vers leur environnement proche »
Pour remédier à cette intégration inaboutie, Christian Cambon, Stéphane Demilly et Georges Patient proposent de « réorienter en profondeur les relations des outre-mer vers leur environnement proche ». Pour cela, ils recommandent d’abord d’améliorer les liens entre ces îles et leurs voisins, en rénovant les infrastructures portuaires de Mayotte, ou encore en instaurant un Erasmus régional.
Le deuxième volet de propositions du rapport concerne la diplomatie. Il recommande ainsi au Quai d’Orsay de mieux associer les territoires d’outre-mer à la politique diplomatique, via l’organisation régulière d’ « Assises de la diplomatie des outre-mer ». Les sénateurs préconisent également de revoir avec chaque pays voisin sa politique de visa pour « assouplir les conditions de leur délivrance, sans ouvrir les portes à des filières organisées ». Ce sujet est très sensible, notamment au niveau de Mayotte, qui connaît une forte immigration des Comores voisins.
Enfin, les rapporteurs suggèrent de plaider, au niveau européen, pour la mise en place d’un paquet d’aides au niveau européen pour les « régions ultrapériphériques », ou RUP, ces espaces faisant partie de l’Union européenne mais se trouvant géographiquement éloignés de ses pays membres. L’objectif de ces aides serait de lutter contre la vie chère, qui pose un problème durable dans les territoires outre-mer, et qui met les Martiniquais dans la rue depuis plusieurs semaines.