Hausses d’impôts, efforts des entreprises, coupes dans les dépenses de l’État… À quoi faut-il s’attendre dans le budget 2025 ?
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Les détails du projet de loi de finances et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale sont désormais connus. Les deux textes ont été présentés en conseil des ministres ce 10 octobre. L’objectif de ce budget 2025, réaffirmé par Michel Barnier à l’occasion de son discours de politique générale, est de faire passer le déficit public de 6,1 % du PIB, le niveau inédit qu’il a atteint cette année, à 5 % en 2025.
Un objectif qui demandera un effort budgétaire très conséquent, aussi bien pour trouver de nouvelles recettes que pour limiter les dépenses, évalué à hauteur de 60 milliards d’euros. La répartition globale de cet effort a également été détaillée par le Premier ministre : elle sera supportée pour les deux tiers (environ 40 milliards d’euros) par une réduction de la dépense publique, le tiers restant (environ 20 milliards d’euros) sera généré par des hausses d’impôts.
Qu’est-ce que ce budget 2025 pourrait concrètement changer pour les ménages, les retraités, les entreprises, ou encore les différents ministères ? Décryptage.
Les dépenses de l’État et des collectivités lourdement impactées
Pour faire des économies, le gouvernement compte avant tout réduire les dépenses de l’État. L’effort global, chiffré à 20 milliards d’euros d’économies, ne devrait épargner aucun ministère. Les lettres plafonds, documents détaillant les dépenses de chaque ministère, envoyées par le précédent gouvernement de Gabriel Attal prévoyaient déjà une baisse des dépenses à hauteur de 15 milliards d’euros.
Pour élaborer son budget, le nouveau gouvernement est donc reparti de cette base des lettres plafonds, en y ajoutant 5 milliards d’économies supplémentaires. Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier a laissé entendre qu’elles pourraient être liées à des baisses d’effectifs dans certains services de l’État : « On va fusionner des services publics. On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite. »
Les régions, départements et communes devront aussi participer à l’effort budgétaire. Le gouvernement a donc présenté aux collectivités un plan d’économies de 5 milliards d’euros. Dans le détail, les 450 plus grosses collectivités devront contribuer à hauteur de 2,8 milliards d’euros à un fonds d’épargne, une somme qui leur sera restituée ultérieurement. La Cour des comptes a par ailleurs suggéré une autre piste d’économie drastique : la suppression de 100 000 postes de fonctionnaires territoriaux. Des efforts demandés qui suscitent la colère, aussi bien de la part des collectivités qu’au Sénat.
Environ 15 milliards d’économies sur les dépenses de la Sécurité sociale
Sur les 40 milliards d’économies portés par la réduction de la dépense publique, environ 15 milliards devraient être réalisés sur les dépenses de la Sécurité sociale, alors que celle-ci accuse un déficit qui devrait s’établir à plus de 16 milliards d’euros cette année.
Selon Les Echos, le gouvernement planche sur une baisse de la part prise en charge par l’Assurance maladie dans le remboursement des consultations chez le médecin, en augmentant en parallèle celle des complémentaires santé. Si la piste n’est pas encore confirmée, les complémentaires estiment ce transfert de charges à 1 milliard d’euros. Une charge qui, si elle venait à être répercutée sur les prix des complémentaires santé, serait in fine supportée par les Français.
Les arrêts maladie sont aussi dans le collimateur du gouvernement, qui songe à revoir à la baisse leur plafond d’indemnisation. Aujourd’hui, à partir du 4ème jour d’arrêt du salarié, l’Assurance maladie verse une indemnité équivalente à 50 % du salaire journalier, dans la limite d’un plafond équivalent à 1,8 fois le Smic. Ce plafond pourrait donc être revu à la baisse, pour passer à 1,4 fois le Smic. Une mesure qui permettrait d’économiser environ 600 millions d’euros.
Les plus fortunés et les retraités mis à contribution
Alors que les précédents gouvernements s’y opposaient, l’exécutif de Michel Barnier prévoit plusieurs mesures d’ordre fiscal pour redresser les comptes publics. Plusieurs de ces mesures toucheront directement les particuliers, à hauteur de 5,7 milliards d’euros.
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a ainsi évoqué une « contribution exceptionnelle des Français les plus fortunés ». Dans le détail, celle-ci devrait concerner 65 000 ménages – soit environ 0,3 % des foyers soumis à l’impôt sur le revenu – et rapporter près de 2 milliards d’euros. Un « mécanisme de limitation de l’optimisation fiscale pour les particuliers » devrait également rapporter 2 milliards d’euros supplémentaires.
Pour réduire le déficit, les retraités seront également mis à contribution. Une contribution toutefois très temporaire, puisqu’il s’agirait simplement de reporter de six mois la hausse des pensions de retraite – indexées sur l’inflation – traditionnellement prévue au mois de janvier. Un report qui doit permettre de dégager 3,7 milliards d’euros.
Des mesures sectorielles, sur l’électricité ou encore les voitures thermiques
Certains particuliers seront aussi directement impactés par d’autres mesures, cette fois-ci plus ciblées. Dans le secteur des transports, par exemple, la taxe sur les billets d’avion pourrait être nettement augmentée, selon les informations obtenues par Les Echos, pour trouver un milliard de recettes supplémentaires. Le montant total de cette taxe pouvant représenter jusqu’à 40 % du prix d’un billet d’avion, la hausse de celle-ci devrait alors se répercuter sur les voyageurs. Certains automobilistes devront également mettre la main au portefeuille, avec une hausse du bonus/malus automobile, taxe appliquée à l’achat des véhicules thermiques neufs les plus polluants.
Le budget 2025 devrait également impacter le secteur de l’énergie. Selon Le Parisien, le gouvernement songe en effet à augmenter la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité, qui finance le service public de l’énergie. Cette taxe, diminuée ces dernières années pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, devait déjà être ramenée à son niveau d’avant crise (32,44 euros par mégawattheure) courant 2025. Elle pourrait donc finalement voir son montant augmenter. Si la hausse de cette taxe concerne tout le monde, elle n’aura pas la même répercussion sur la facture de tous les ménages. Concrètement, ceux qui ont souscrit à des offres de marché devraient voir les prix augmenter plus rapidement que ceux qui bénéficient des tarifs règlementés.
Plus de 13 milliards de recettes trouvés auprès des entreprises
En plus des particuliers, les entreprises devraient également être mises à contribution. Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier a ainsi demandé une « participation au redressement collectif des grandes entreprises qui réalisent des profits importants ». Dans le détail, un effort fiscal – qui prendrait la forme d’une surtaxe temporaire d’impôt sur les sociétés – devrait ainsi être demandé aux 300 plus grosses sociétés, pendant « un an, peut être deux ans », a indiqué le gouvernement. Selon le chiffrage des Echos, cette surtaxe pourrait rapporter jusqu’à 8 milliards d’euros.
Le gouvernement a également indiqué aux syndicats vouloir « recibler » les allègements de cotisations patronales sur les salaires, pour dégager environ 5 milliards d’euros. Certaines aides aux entreprises devraient également connaître un coup de rabot, à commencer par celle accordée pour l’embauche d’un apprenti, qui pourrait passer de 6000 à 4500 euros. Enfin, le crédit d’impôt recherche, qui permet aujourd’hui aux entreprises de déduire de leur impôt une partie de leurs dépenses en recherche et développement, pourrait être impacté.
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