Déficit : « Jamais je n’accepterai qu’on m’accuse de dissimulation dans mes fonctions de ministre des Finances », se défend Bruno Le Maire

Lors d’une audition musclée au Sénat, Bruno Le Maire est revenu sur la chronologie des événements qui ont conduit à l’établissement du déficit public pour 2023 à 5,5 % du PIB, malgré des prévisions largement inférieures. S’il a reconnu « une erreur » dans l’évaluation des recettes fiscales par ses services, le ministre rejette en bloc les accusations d’irresponsabilité.
Rose Amélie Becel

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C’était une audition très attendue. Ce 30 mai, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire était entendu au Sénat pour s’expliquer sur les raisons de la dégradation des finances publiques en 2023. Le dérapage du déficit public à 5,5 % du PIB, contre les 4,9 % initialement prévu, a conduit la commission des finances du Sénat à ouvrir une mission d’information sur le sujet.

Usant de son pouvoir de contrôle auprès du ministère de l’Économie et des Finances, le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, s’était rendu à Bercy au mois de mars, pour comprendre les raisons du dérapage des finances publiques. Il s’était alors procuré une note, datée du 7 décembre, alertant Bruno Le Maire que le déficit pour 2023 s’établirait à 5,2 % du PIB, contre les 4,9 % initialement prévus.

« Sincérité, honnêteté, vérité et responsabilité »

Une découverte qui alimente depuis plusieurs mois les accusations d’irresponsabilité et de dissimulation à l’encontre du ministre. « Vous n’avez rien transmis à la commission des finances, alors que ces prévisions existaient », a dénoncé Jean-François Husson lors de l’audition. Des accusations que le ministre rejette en bloc, revendiquant au contraire avoir mené son travail avec « sincérité, honnêteté, vérité et responsabilité ».

« Jamais, jamais, jamais je n’accepterai qu’on m’accuse de dissimulation dans mes fonctions de ministre des Finances », a martelé le ministre, assumant de ne pas avoir communiqué cette note du 7 décembre au Parlement. « J’aurais eu la responsabilité de divulguer ces informations si elles avaient été définitives et certaines. Or, les prévisions de cette note se sont avérées lacunaires pour certaines et inexactes pour d’autres », a-t-il expliqué, « si j’avais diffusé ces notes, j’aurais donc semé le doute et l’inquiétude inutilement ».

« Il faut changer ce ton péremptoire »

Dans son propos liminaire, Bruno Le Maire est également revenu sur la chronologie des événements ayant conduit le gouvernement à envisager un déficit autour de 4,9 % du PIB. « Alors même que j’avais des informations établissant des plus-values de recettes fiscales, j’ai révisé de 500 millions d’euros à la baisse la prévision sur les prélèvements obligatoires, pour le projet de loi de fin de gestion », affirme le ministre, notamment accusé d’avoir surestimé les recettes fiscales pour l’année 2023.

S’en est suivi un échange tendu avec les sénateurs, à l’image de la tonalité de l’ensemble des discussions de cette audition. « Il faut changer ce ton péremptoire », a demandé le président de la commission des finances Claude Raynal à Bruno Le Maire. « Ce n’est pas péremptoire que de défendre son budget », a rétorqué le ministre. Largement sur la défensive, le ministre de l’Économie a tout de même concédé « une erreur » sur la question de l’évaluation des recettes fiscales. « J’ai saisi l’ensemble des administrations concernées dans mon ministère à ce sujet, une erreur pareille ne peut pas se reproduire deux fois », a-t-il affirmé.

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