« Sur une base volontaire, des Français vont pouvoir souscrire à des produits de la défense », a lancé Éric Lombard devant la foule d’investisseurs et entreprises du secteur de la défense.
Cette nouvelle formule de financement : un nouveau « produit » lancé par la banque publique d’investissement Bpifrance pour permettre aux épargnants français volontaires de placer leur argent sur des entreprises de la défense. Ce nouvel investissement requiert un montant minimum de 500 euros. Au total, le fonds doit grimper jusqu’à 450 millions d’euros.
« Le parapluie américain est devenu incertain. Nous devons garantir la paix et pour cela investir dans les entreprises de la défense ».
4 500 entreprises et 220 000 emplois
« Vous pourrez devenir indirectement actionnaires des entreprises du secteur de la défense », a défendu le ministre. Selon les données de Bercy, près de 4 500 entreprises composent le système de la base industrielle et technologique de défense (BITD) et 220 000 emplois sont concernés.
Le ministre est revenu sur les besoins de ces entreprises. « Leur situation financière est plus fragile que le reste de l’économie avec un endettement plus important et un faible capital. Il nous faut des fonds propres d’un à trois milliards d’euros pour les prochaines années afin que les entreprises puissent suivre les commandes de l’Etat », a-t-il indiqué. Neuf très grandes entreprises du secteur sont visées par le ministre.
« 5 milliards de capitaux nouveaux »
« C’est à peu près cinq milliards de fonds propres, de capitaux nouveaux, d’argent des investisseurs publics et privés afin d’augmenter les chaînes de production, de se développer », a précisé Éric Lombard. Les investissements publics notamment via la Caisse des dépôts et Bpifrance devraient s’élever aux alentours de 1,7 milliard d’euros. L’investissement privé, quant à lui, permettra d’atteindre les cinq milliards annoncés.
« Ce sera de l’argent public, mais nous avons aussi besoin d’argent privé. D’autres entreprises privées, des fonds d’investissement, des banques vont proposer à leurs clients des produits adaptés », a précisé le ministre tout en insistant à plusieurs reprises sur l’aspect « volontaire » de ce financement.
La fédération des assureurs français, France Assureurs, avait annoncé mercredi « être prêt à prendre toute leur part dans l’effort de réarmement du pays ».
« Des bons placements »
Afin d’assurer un développement sur le long terme des entreprises, les fonds engagés par les épargnants « volontaires » seront bloqués au « minimum cinq ans », a expliqué le ministre. « Ce n’est pas comme le livret A de l’argent qu’on peut placer et reprendre deux mois après. C’est du capital d’entreprise. Et donc, il faut que ces entreprises montent en régime, de façon qu’au bout d’un moment, on puisse retrouver sa liquidité ».
« Ce seront des bons placements, parce que c’est une bonne et une mauvaise nouvelle, mais nous devrons, dans la durée, augmenter notre effort de défense nationale », assure Éric Lombard. Le président du MEDEF, Patrick Martin avait souligné « l’inquiétude » des entreprises de la défense sur la « pérennité de l’effort ».
Présent également à la conférence, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a salué le dispositif du ministre de l’Economie en précisant que la fabrication d’armes « n’est pas sale ». « Il y a un élan patriotique dans notre pays. Depuis les attentats que nous avons connus, il n’y a jamais eu autant de demandes pour intégrer l’armée de réserve. Nous recevons de nombreux appels de personnes qui nous demandent comment aider », se réjouit le ministre.
« Je pense que capitalisme et patriotisme sont deux choses complémentaires qui peuvent se rencontrer », a-t-il conclu devant la foule d’investisseurs.