Le sénateur LR Jean-François Husson estime qu’il faut « aller vite sur la loi spéciale » et ensuite « se remettre au travail rapidement » pour doter la France d’un budget.
EPR2 : le PDG d’EDF prévoit 3 milliards d’euros sur ses fonds propres en 2024
Par Luna Perez
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Si le parc nucléaire français peut théoriquement encore être utilisé pendant plusieurs décennies pour produire l’électricité nécessaire aux entreprises et aux particuliers français, le numéro 1 d’EDF, Luc Rémont se veut clair sur les ambitions du groupe : « Il nous faut être prêt pour être capables de remplacer nos réacteurs ». Le directeur du principal fournisseur d’énergie en France a insisté auprès de la commission d’enquête sur son implication dans la mise en place du programme de Nouveau nucléaire.
Le gouvernement porte ce projet de relance de la filière du nucléaire, avec la création prévue de 6 nouveaux réacteurs nucléaires, les EPR2, annoncée par Emmanuel Macron à Belfort, en février 2022. Mais depuis, peu d’avancées ont été relevées, au point que les syndicats d’EDF s’impatientent et demandent à l’Etat « d’appuyer sur le champignon ». Comme l’a confirmé Luc Rémont au président de la commission d’enquête sur l’électricité, Franck Montaugé, aucune commande de l’Etat n’a pour le moment été effectuée sur ce projet. La volonté de l’exécutif d’installer de nouveaux réacteurs avait pourtant également été mise en avant lors de la présentation du plan d’investissement France 2030, pour « répondre au besoin de décarbonation de l’énergie en maintenant l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ».
La question du financement
Le PDG d’EDF l’assure, « à ce jour nous avons engagé un peu moins de 2 milliards d’euros des fonds propres d’EDF sur la préparation de ce projet. En fin d’année nous atteindrons 3 milliards d’euros ». Des chiffres importants mais « soutenables » pour un groupe comme EDF, considère Luc Rémont. A condition bien sûr que l’Etat finisse par s’engager aux côtés d’EDF. « Je considère qu’il est souhaitable qu’en fin d’année nous puissions converger vers une décision qui doit être commune au conseil d’administration d’EDF et à l’Etat sur les conditions de lancement du projet. Ce ne sera pas les conditions finales parce qu’il nous faudra aller chercher l’accord communautaire sur les conditions de lancement du projet. Nous irons ensuite vers une deuxième décision, qui devrait aller jusqu’en 2025, qu’on appelle la décision finale d’investissement », récapitule le directeur général du fournisseur d’énergie. A partir de cette décision finale, impossible de faire demi-tour.
Luc Rémont rappelle à la commission qu’il est essentiel qu’EDF fasse la demande de financement public : « Aujourd’hui, à de très rares exceptions près, aucun site de production électrique en Europe n’est réalisé en l’absence d’un financement public. Nous sommes dans un environnement de marché qui fait que la fluctuation des prix affecte la capacité à lever les financements nécessaires sans forme de garantie publique. Nous aurons besoin de cette forme de garantie pour réaliser ce projet ». L’opérateur tente de couvrir ses risques, puisque « les montants à lever sur les marchés financiers sont colossaux », et que ceux-ci ne sont pas en mesure de répondre à une demande d’investissement aussi importante, précise Luc Rémont aux sénateurs.
L’objectif de la décarbonation
Le programme Nouveau nucléaire s’inscrit dans la stratégie bas-carbone de la France, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050. Il s’agit notamment de diversifier le mix énergétique et de le décarboner, en misant en partie sur le nucléaire, ce qu’a évoqué le numéro 1 d’EDF à plusieurs reprise devant la commission d’enquête. « Une écologie décarbonée et compétitive pour nos concitoyens », c’est ce que souhaite permettre EDF, selon son président. A la question « quel est votre monde électrique idéal ? », posée par le directeur et le rapporteur de la commission sur l’électricité, Luc Rémont évoque à nouveau la protection de l’environnement. « Dans ce monde électrique idéal, il est également nécessaire d’accompagner les consommateurs sur le chemin de la décarbonation », déclare-t-il. Mais toutes les oppositions ne semblent pas du même avis, face à ce projet de relance nucléaire, en critiquant les conséquences écologiques, sanitaires, et surtout les coûts importants.
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