Unanimes, les différents syndicats auditionnés mardi par le Sénat ont salué la volonté de l’exécutif de vouloir relancer le nucléaire, mais ont tancé le décalage entre la volonté et les actes. « Il faut s’attacher à traduire en acte le discours de Belfort, qui pour l’instant reste un discours », affirme Alexandre Grillat pour la CFE-Energie.
Ils ont également attaqué la responsabilité de l’Etat dans le lent démarrage de la construction de 6 EPR2, annoncée en grande pompe à Belfort, surnommé « Nouveau nucléaire » : « Tant que le modèle de financement du nouveau nucléaire n’est pas défini, il n’y aura pas de relance », a poursuivi le représentant de la CFE, rejoint par son collègue de la CFDT, Julien Laplace : « Sur le plan « Nouveau Nucléaire », il faut déjà se mettre d’accord avec l’Union Européenne sur la régulation et sur la détermination du modèle de financement. »
La question du financement de ces projets, estimé à près de 52 milliards, devrait être précisée d’ici à la fin de l’année 2024, comme l’a annoncé le ministre de l’Economie aux députés lors d’une audition cet été. Egalement auditionnée, Agnès Pannier-Runacher, alors chargée de la Transition énergétique, avait ajouté que ce financement devait s’intégrer dans le « cadre européen ». C’est donc cette étape qui semble coincer selon les représentants syndicaux de l’énergéticien.
« Il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon »
Le représentant pour Force Ouvrière, Paul Guglielmi, a résumé ce décalage d’une question rhétorique et volontairement taquine : « Ils ont été commandés, les réacteurs ? » Reprenant un ton sérieux, le syndicaliste a assuré que les salariés n’attendaient que le démarrage du projet : « Les salariés sont prêts à y aller, mais il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon. »
Au-delà des questions de financements, la représentation syndicale a également insisté sur la nécessité d’attirer, de valoriser et de conserver les compétences nécessaires à la construction de ces nouveaux réacteurs, mais aussi à l’entretien du parc existant. Amélie Henri pour la CFE a rappelé qu’EDF avait besoin de recruter 100 000 personnes sur 10 ans dans sa filière nucléaire : « Comment réussir ces recrutements, comment attirer et fidéliser les compétences ? Il faut investir le sujet », a-t-elle asséné. « Il est nécessaire de garder un personnel compétent et réactif, ainsi que de garder ces compétences en interne », a abondé son collègue de la CGT, José Fernandes, qui a plaidé également pour l’ouverture de nouvelles écoles de métier et la conservation des existantes