En commission, la majorité sénatoriale a supprimé les 800 millions d’euros d’économies sur le fonds de compensation de la TVA. Ils ont surtout supprimé le fonds de précaution de 3 milliards d’euros, pour le remplacer par un « dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales », doté de 1 milliard d’euros. L’effort est ainsi mieux réparti : environ 3000 collectivités seront concernées, contre les 450 les plus riches dans la copie gouvernementale. Le gouvernement est « d’accord sur les modalités qu’on propose », soutient le sénateur LR Stéphane Sautarel.
Electricité : devant le Sénat, les syndicats d’EDF appellent à « traduire en actes le discours de Belfort » sur le nucléaire
Par Camille Romano
Publié le
Unanimes, les différents syndicats auditionnés mardi par le Sénat ont salué la volonté de l’exécutif de vouloir relancer le nucléaire, mais ont tancé le décalage entre la volonté et les actes. « Il faut s’attacher à traduire en acte le discours de Belfort, qui pour l’instant reste un discours », affirme Alexandre Grillat pour la CFE-Energie.
Ils ont également attaqué la responsabilité de l’Etat dans le lent démarrage de la construction de 6 EPR2, annoncée en grande pompe à Belfort, surnommé « Nouveau nucléaire » : « Tant que le modèle de financement du nouveau nucléaire n’est pas défini, il n’y aura pas de relance », a poursuivi le représentant de la CFE, rejoint par son collègue de la CFDT, Julien Laplace : « Sur le plan « Nouveau Nucléaire », il faut déjà se mettre d’accord avec l’Union Européenne sur la régulation et sur la détermination du modèle de financement. »
La question du financement de ces projets, estimé à près de 52 milliards, devrait être précisée d’ici à la fin de l’année 2024, comme l’a annoncé le ministre de l’Economie aux députés lors d’une audition cet été. Egalement auditionnée, Agnès Pannier-Runacher, alors chargée de la Transition énergétique, avait ajouté que ce financement devait s’intégrer dans le « cadre européen ». C’est donc cette étape qui semble coincer selon les représentants syndicaux de l’énergéticien.
« Il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon »
Le représentant pour Force Ouvrière, Paul Guglielmi, a résumé ce décalage d’une question rhétorique et volontairement taquine : « Ils ont été commandés, les réacteurs ? » Reprenant un ton sérieux, le syndicaliste a assuré que les salariés n’attendaient que le démarrage du projet : « Les salariés sont prêts à y aller, mais il faut que le donneur d’ordre appuie sur le champignon. »
Au-delà des questions de financements, la représentation syndicale a également insisté sur la nécessité d’attirer, de valoriser et de conserver les compétences nécessaires à la construction de ces nouveaux réacteurs, mais aussi à l’entretien du parc existant. Amélie Henri pour la CFE a rappelé qu’EDF avait besoin de recruter 100 000 personnes sur 10 ans dans sa filière nucléaire : « Comment réussir ces recrutements, comment attirer et fidéliser les compétences ? Il faut investir le sujet », a-t-elle asséné. « Il est nécessaire de garder un personnel compétent et réactif, ainsi que de garder ces compétences en interne », a abondé son collègue de la CGT, José Fernandes, qui a plaidé également pour l’ouverture de nouvelles écoles de métier et la conservation des existantes