Salima Saa, nouvelle secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, était auditionnée ce 7 novembre par la délégation aux droits des femmes du Sénat. Devant des sénatrices plutôt satisfaites, elle a présenté un budget en hausse de 10 %, malgré un contexte de réduction importante des dépenses publiques.
Concrètement, les crédits du programme égalité femmes-hommes dans le budget 2025 s’élèvent à 85,1 millions d’euros, une hausse de 7,7 millions d’euros par rapport au budget de 2024. Un budget en augmentation pour « continuer d’accompagner la mise en œuvre de l’aide universelle d’urgence et soutenir le travail des associations partout sur le territoire », a défendu Salima Saa devant les sénatrices.
L’aide universelle d’urgence, « un dispositif qui a fait ses preuves » avec plus de 26 000 aides versées en huit mois
Cette hausse budgétaire sera, en effet, « presque entièrement absorbée par la mise en œuvre de l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales ». La mesure, déjà concrétisée dans le budget 2024 et découlant d’une proposition de loi de l’ex-sénatrice centriste devenue ministre Valérie Létard, permet aux victimes de violences de recevoir un don ou un prêt d’urgence de la part de la CAF pour subvenir aux dépenses immédiates liées au départ du foyer conjugal. « En moins d’un an, c’est un dispositif qui a déjà fait ses preuves. Entre décembre 2023 et juillet 2024, 26 525 aides ont été versées par les CAF », détaille la secrétaire d’État.
Salima Saa souhaite poursuivre la mise en œuvre des mesures déjà déployées par l’État en matière de lutte contre les violences conjugales, notamment le « pack nouveau départ ». La secrétaire d’État souhaite la généralisation « au plus vite » de ce dispositif, actuellement testé dans quatre départements, qui permet aux femmes qui souhaitent se séparer d’un conjoint violent de bénéficier d’une ouverture accélérée de leurs droits sociaux et d’accéder plus rapidement à un logement, à un soutien psychologique ou encore à des moyens de garde d’enfants.
Dans sa feuille de route, la secrétaire d’État entend toutefois accélérer sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles qui se déroulent hors du cadre conjugal et familial. Une problématique « qui demeure encore trop souvent un angle mort de notre politique publique », estime Salima Saa. Ce 6 novembre, le ministère de l’Intérieur a dévoilé de nouveaux chiffres édifiants : en 2023, la police et la gendarmerie ont enregistré près de 271 000 victimes de violences conjugales, un chiffre en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.
« J’ai peur que la balance ne soit pas équilibrée en matière de politique de droits des femmes »
Alors que les besoins d’accompagnement des femmes, de plus en plus nombreuses à briser le silence des violences, sont en hausse, les associations féministes alertent par ailleurs sur leurs difficultés financières grandissantes. Dans une tribune publiée dans Le Monde le 27 octobre, une dizaine d’associations dont la Fondation des femmes et le Planning familial, alertent l’État : « Certaines associations seront contraintes à licencier, voire à mettre la clé sous la porte ». Au mois d’août, la prime du Ségur de la santé a été étendue aux salariés du secteur sanitaire et social, des hausses de salaires que les associations peinent à prendre en charge, sans compensation financière de l’État.
Si le budget alloué à l’égalité femmes-hommes est en hausse, les sénatrices de la délégation aux droits des femmes restent ainsi vigilantes. « Je ne suis pas sûre que la hausse des crédits compense l’effet des autres restrictions budgétaires, en particulier celles faites sur les collectivités territoriales, impliquées dans l’hébergement d’urgence et le soutien aux associations. J’ai peur qu’à la fin, malgré votre détermination et votre effort, la balance ne soit pas équilibrée en matière de politique de droits des femmes », alerte ainsi la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.
Concernant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, sans faire de nouvelles annonces devant les sénatrices, Salima Saa a plusieurs fois fait référence au procès de Mazan, où 50 hommes sont jugés pour avoir violé Gisèle Pélicot, droguée à son insu par son ex-conjoint. « Le procès de Mazan a eu un retentissement qui a largement dépassé nos frontières, les réponses que nous devons apporter à l’exigence de lutte contre les violences faites aux femmes doivent être à la hauteur de cette prise de conscience », a affirmé la secrétaire d’État. Salima Saa devrait annoncer de nouvelles mesures le 25 novembre prochain, journée de lutte contre les violences faites aux femmes.