Le Sénat annonce le lancement d’une mission d’information sur la crise du logement. Après avoir adressé un premier avertissement au gouvernement en rejetant la semaine dernière les crédits alloués à la politique du logement dans le budget 2024, la Chambre haute, dominée par une majorité de droite et du centre, indique dans un communiqué publié ce mercredi 6 décembre vouloir plancher « sur les causes, les conséquences et les remèdes à la crise du logement ». Cette mission d’information « aura pour objectif, en identifiant les racines de la crise, de proposer des solutions conjoncturelles et structurelles ».
Vendredi dernier, à l’occasion de l’examen du budget consacré aux aides au logement et à la politique de la ville, des sénateurs de tous bords ont pris la parole pour dénoncer les mesures portées par l’exécutif, jugées largement insuffisantes face aux difficultés historiques que rencontre le secteur, et ce malgré la hausse des crédits portés par l’exécutif.
Ce mercredi matin, l’audition par la commission des affaires économiques des principaux acteurs du logement, notamment la Fédération des promoteurs immobiliers et la Fondation Abbé Pierre, semble avoir achevé de mettre le feu aux poudres. « Tous les intervenants ont souligné la gravité de la crise et le risque de son aggravation en 2024 et 2025 compte tenu des mesures prises par le Gouvernement au détriment de la construction et du logement social », lit-on dans le communiqué du Sénat.
Cette mission d’information sera pilotée par trois élus, la LR Dominique Estrosi-Sassone, la centriste Amel Gacquerre et un membre du groupe socialiste, première formation d’opposition au Sénat, dont le nom n’a pas encore été communiqué.
« Le Gouvernement prend le risque d’être non pas un pompier, mais un pyromane »
Le niveau de construction de logements neufs pour l’année à venir est compris entre 100 000 à 150 000, quand les professionnels du secteur estiment qu’il devrait se situer entre 460 000 et 580 000 pour débloquer le marché. En parallèle, la construction de logements sociaux reste sous la barre des 100 000, selon les chiffres du Sénat. Par ailleurs, la hausse historique des taux d’intérêt restreint les possibilités d’accession à la propriété. En début de semaine, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a annoncé un assouplissement des conditions d’octroi d’un prêt immobilier.
« En attendant la baisse des prix, le gouvernement prend le risque d’être non pas un pompier, mais un pyromane dans une crise qui, j’en ai la conviction profonde, est politique parce qu’avec le logement on touche à l’essentiel », explique Dominique Estrosi-Sassone, qui préside également la commission des affaires économiques. Le gouvernement s’est engagé à présenter deux projets de loi en 2024, l’un sur les copropriétés et l’habitat dégradé, l’autre sur le logement à proprement parler.
« Pour rester à ce point sourd à la détresse du secteur, je me demande si le gouvernement n’a pas un projet caché : arrêter le neuf, la propriété, la maison individuelle et faire avec le bâti existant. Tacitement, ils anticiperaient la baisse de la démographie », estimait en début de semaine, auprès de Public Sénat, le sénateur LR Jean-Baptiste Blanc, rapporteur spécial de la commission des Finances sur les crédits du Logement.