Paris : Gabriel Attal rencontre les syndicats agricoles

Colère des agriculteurs : ce que contient la liste des revendications présentée par la FNSEA au gouvernement

Les deux principaux syndicats agricoles ont adressé au gouvernement une liste de 120 demandes, parmi lesquelles une vingtaine de mesures considérées comme prioritaires. Ils s’attaquent notamment à la question des salaires, aux contraintes environnementales et réclament des mesures sociales et fiscales pour garantir l’avenir de la profession.
Romain David

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Le gouvernement monte au front face à la colère des agriculteurs. Le Premier ministre, Gabriel Attal, s’entretient ce jeudi avec les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie pour apporter des mesures d’urgence au monde paysan, mobilisé depuis plusieurs jours pour de multiples raisons. Mercredi soir, la FNSEA, le premier syndicat agricole, et son allié proche les Jeunes Agriculteurs (JA) ont présenté à l’exécutif une liste de 120 demandes regroupées autour de « trois axes prioritaires » : le sentiment de dénigrement de la profession, les questions de rémunération et l’accumulation des normes.

La diversité des revendications, qui couvrent différents secteurs de la profession et de nombreuses thématiques, comme la paupérisation du monde agricole, sa difficile adaptation aux risques climatiques et les contraintes imposées par les mesures de protection de l’environnement, trahit l’ampleur de la crise, à moins de six mois des élections européennes. « Nous avons besoin d’un changement structurel fort ! Des mesures très concrètes sont attendues pour donner un signal sur les exploitations », écrivent les partenaires sociaux. Les demandes qu’ils formulent ne sont « pas une base de négociations », a fait savoir Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, auprès de l’AFP, appelant à prendre en compte « l’intégralité » des propositions présentées. Du côté de la rue de Varenne, on se dit soucieux d’apporter rapidement « des solutions concrètes », elles devraient être dévoilées avant la fin de la semaine.

Davantage de moyens

Concernant la rémunération, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs demandent le « respect absolu » des lois dites « Egalim », votées entre 2018 et 2013 pour préserver la rémunération des agriculteurs du bras de fer commercial qui oppose chaque année les industriels et la grande distribution. Les dispositifs prévus par les textes – que Public Sénat vous décortique dans cet article – sont supposés permettre aux exploitants de rentrer dans leurs coûts de revient. Les moyens de pression et les méthodes de contournement mis en place par les grandes surfaces sont régulièrement dénoncés par le monde agricole.

Les agriculteurs attendent également un versement immédiat des aides européennes de la PAC (Politique agricole commune), mais aussi des indemnisations sanitaires et climatiques prévues face aux aléas des derniers mois : grippe aviaire, inondations, etc. Les syndicats veulent la défiscalisation de ces sommes. « À court terme, le ministre a demandé aux services d’accélérer les paiements encore en attente ainsi que les dispositifs de crise d’ores et déjà prévus comme pour les tempêtes Ciaran et Domingos ou les inondations dans les Hauts-de-France », fait-on savoir dans l’entourage de Marc Fesneau.

Sur les secteurs le plus touchés par la crise, notamment le bio qui a vu ses ventes chuter ces dernières années, les syndicats souhaitent la mise en place d’un plan d’urgence. Ils demandent que l’élevage soit considéré comme « grande cause nationale ».

Lever les contraintes administratives et environnementales

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs appellent à un « chantier de réduction » des normes. « L’accumulation des normes au quotidien s’accompagne d’une remise en question permanente des moyens de production. Elle interroge la volonté de nos dirigeants d’avoir une réelle réflexion sur la souveraineté alimentaire du pays et du continent », interrogent les syndicats dans leur communiqué. Dans leur viseur principalement : les dispositifs de protection de l’environnement adoptés ces dernières années, et jugés trop contraignantes par les exploitants.

Les syndicats demandent une remise à plat du plan eau de 2021, qui organise les prélèvements et la réponse aux situations de sécheresse. Ils rejettent également le plan de protection des zones humides mis en place par le ministère de la Transition écologique et demandent la fin des zones de non-traitement (ZNT), une distance de sécurité, vis-à-vis des habitations et des milieux protégés, que doivent respecter les agriculteurs lors de l’épandage de produits phytosanitaires.

Parmi leurs exigences : le « désarmement des agents » de l’Office français de la biodiversité (OFB), crée en 2019 et qui assume une fonction de « police de l’environnement », étant habilité à mener des contrôles et à renvoyer les contrevenants devant les tribunaux.

La FNSEA s’attaque aussi à la directive « IED » qui conditionne certaines autorisations à une série d’exigences techniques, afin de limiter, notamment dans les élevages de volailles et de porcs, l’émission de polluants atmosphériques.

Autre point : le curage systématique des cours d’eau, une problématique mise sur le devant de la scène après les inondations dans le Pas-de-Calais.

Garantir l’avenir du secteur

Le syndicat exige une mise en place rapide du pacte pour le renouvellement des générations dans l’Agriculture qui a été présenté en décembre par Marc Fesneau. À cette fin, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs attendent une « loi forte » qui portera des « mesures fiscales/sociales », destinées à faciliter l’installation de jeunes agriculteurs et la transmission des exploitations.

« Les chantiers concrets pour simplifier la vie des agriculteurs identifiés dans le pacte d’orientation en faveur du renouvellement des générations seront mis en œuvre en priorité », assure-t-on au ministère.

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