Fini le « bacon végétarien » et le « jambon végétal », désormais les alternatives végétales aux produits d’origine animale ne pourront plus utiliser une dénomination faisant référence à la viande. « C’était une demande de nos éleveurs », s’est félicité Gabriel Attal dans un tweet.
Le décret, publié ce 27 février, liste un certain nombre de termes « dont l’utilisation est interdite pour la désignation de denrées alimentaires comportant des protéines végétales », on y retrouve notamment les mots filet, escalope, jambon et de manière générale tous les termes « faisant référence aux noms des espèces et groupes d’espèces animales, à la morphologie ou à l’anatomie animale ».
D’autres termes seront réservés aux produits ne contenant que très peu de protéines végétales, « qui ne se substituent pas aux denrées d’origine animale mais sont ajoutés en complément ». Ainsi, pour pouvoir recevoir l’appellation « saucisson », un produit ne pourra pas contenir plus de 5 % de protéines végétales.
« Cette mesure crée une inégalité de traitement »
Pour Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine, interrogé par l’AFP, ce décret était « très attendu » et « essentiel pour la protection de la dénomination » : « Il est maintenant souhaitable qu’on élargisse ça au niveau européen ». Car le décret actuel prévoit que les produits végétaux « légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre État membre de l’Union européenne ou dans un pays tiers » restent autorisés en France.
Une exception française qui froisse les marques de substituts végétaux à la viande. « Cette mesure crée une inégalité de traitement entre les entreprises françaises et étrangères, entravant ainsi la concurrence et l’innovation », estime la marque HappyVore dans un communiqué. De son côté, la marque La Vie dénonce sur les réseaux sociaux un « forcing du lobby de la viande industrielle pour censurer les alternatives végétales ». En juillet 2022, le Conseil d’Etat avait suspendu un décret allant dans ce sens, à la demande d’une association de défense des industriels des protéines végétales.
Il y a un an, le Sénat s’était penché sur un autre sujet d’importance pour l’industrie de la viande : la viande cellulaire, produite en laboratoire. Une mission d’information menée par les sénateurs Olivier Rietmann (LR) et Henri Cabanel (RDSE) concluait au besoin d’investissements plus importants pour accélérer les recherches en la matière. La consommation de viande reste en effet une source importante d’émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de la société française de nutrition et du Réseau Action Climat, une réduction de 50 % de la consommation de viande est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques en France.