Dans l’état actuel des données disponibles aujourd’hui, la cible d’un déficit ramené à 5,4 % en fin d’année est encore réalisable, mais reste fragile. C’est l’une des conclusions de l’avis rendu ce 16 avril par le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), sur le rapport d’avancement du plan budgétaire et structurel à moyen terme (2025-2029) que le gouvernement doit transmettre à la Commission européenne ce mois-ci. Il s’agit du nouveau plan pluriannuel censé détailler la stratégie de retour aux règles budgétaires européennes, qui remplace l’ancien programme de stabilité.
Dans un environnement international totalement chamboulé, le gouvernement a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2025 à 0,7 %, soit 0,2 point de moins que dans le projet de loi de finances modifié en janvier. Le Haut Conseil des finances publiques, présidé par Pierre Moscovici, considère que cette nouvelle prévision « n’est pas hors d’atteinte, malgré l’accumulation de risques à la baisse ».
« Aucun relâchement n’est possible », selon Pierre Moscovici
Pour tenir sa trajectoire transmise à Bruxelles, l’exécutif peut compter sur des données 2024 finalement moins dégradées que prévu. L’an dernier, le déficit public s’est finalement établi à 5,8 % du PIB, au lieu des 6 % redoutés. En l’état actuel des données sur la conjoncture des prochains mois, le HCFP estime que la prévision de déficit fixée pour 2025 (à 5,4 %) « peut être tenue mais est loin d’être acquise ». « Elle requiert une stricte maîtrise des dépenses directement pilotables par l’État et des dépenses sociales, et la confirmation du ralentissement récent de la dépense des collectivités locales », insistent le Haut Conseil dans son avis, qui ajoute que « les marges de sécurité » en cas de nouveau choc « apparaissent très limitées ».
« Les 5,4 % [de déficit en 2025] pour arriver à 3 % en 2029, quoi qu’il arrive, ce sera le minimum. Il faut qu’ils soient impérativement tenus », a jugé Pierre Moscovici ce mercredi, lors d’une présentation à la presse. « C’est une trajectoire qui est très exigeante, très fragile. Nous sommes sur une ligne de crête, mais cette trajectoire, aussi difficile soit-elle, doit être impérativement respectée », a plaidé le président du Haut Conseil aux finances publiques. Et d’ajouter : « Aucun relâchement n’est possible. »
« Ni tronçonneuse, ni rabot »
« Ce scénario permettrait à peu près de garder le contrôle des finances publiques, tout en finançant les investissements prioritaires, sans affecter trop la croissance potentielle », a-t-il ajouté. Malgré le refroidissement de la dépense publique poursuivi par le gouvernement, la dette continuera sa progression durant les trois années à venir et n’entamera sa décrue, si les marches de réduction du déficit sont respectées, seulement à partir de 2028. En 2025, le ratio de la dette sur la richesse nationale devrait progresser de trois points et dépasser la barre des 116 % du PIB, soit le pic atteint en 2020 lors de la crise sanitaire.
Pour Pierre Moscovici, les mesures d’économies pluriannuelles restent à ce jour « à préciser et à crédibiliser ». « Vu l’ampleur des économies nécessaires, les efforts doivent être continus et renouvelés chaque année. Ils devront porter sur l’ensemble des administrations, ce qui n’est pas encore le cas. Il est important de faire des économies intelligentes et structurelles. Ni tronçonneuse, ni rabot », a recommandé l’ancien commissaire européen.