Marseille: Patrick Martin at the 24th edition of the entrepreneurs forum

Budget 2025 : « Les économies proposées sont insuffisantes, mal documentées et assez peu crédibles », fustige le président du Medef

Les principales organisations représentatives des entreprises étaient invitées au Sénat par la délégation aux Entreprises ce mardi 15 octobre pour donner leurs priorités pour l’année à venir. Elles ont fortement critiqué le budget 2025 et mis en avant le sujet de l’apprentissage.
Quentin Gérard

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Elles n’y sont pas allées de main morte sur le budget. A l’approche de la présentation du projet de loi de finances 2025, mercredi 16 octobre en commission des Finances de l’Assemblée nationale, la délégation aux entreprises du Sénat a auditionné les principales organisations représentatives des entreprises ce mardi 15 octobre. Les quatre organisations de patrons ont fortement critiqué les mesures envisagées dans le budget et elles ont beaucoup parlé de l’apprentissage.

« Vous avez des gens extrêmement dociles en face de vous »

Pour contenir le déficit public à 5 % du PIB en 2025, le budget prévoit 60 milliards d’euros d’économies, dont 40 milliards sur la dépense publique et 20 milliards d’impôts. « Les économies nous paraissent insuffisantes, sont mal documentées et assez peu crédibles », lance Patrick Martin, président du Medef. « Le projet de loi de finances et le projet de loi de finances de la sécurité sociale dégraderont la compétitivité des entreprises et de l’emploi », poursuit le patron des patrons.

« Vous avez des gens extrêmement dociles en face de vous », sourit François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). « Nous sommes les plus ponctionnés d’Europe et la seule chose qu’on demande, ce n’est pas plus », poursuit-il. L’entrepreneur du bâtiment se désole que la « stratégie de la réduction de la dette commence directement sur le volet fiscal, sans parler de l’essentiel », à savoir « les hôpitaux suradministrés ou le nombre de fonctionnaires surdimensionné ». De son côté, Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), demande à l’Etat « de faire des économies avant de nous en demander à nous ».

Impôt sur les sociétés : « Cette surtaxe va être extrêmement lourde pour les entreprises »

Parmi les 20 milliards de prélèvements, 8 milliards sont demandés aux entreprises avec « une contribution exceptionnelle sur les bénéfices ». Elle ciblera les quelque 400 entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires atteignant ou dépassant 1 milliard d’euros. « Cette surtaxe va être extrêmement lourde pour les entreprises », indique Patrick Martin. Et d’ironiser : « Ma propre entreprise va être touchée, donc je souffre dans ma chair ».

Sylvie Grandjean, vice-présidente du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) doute du caractère « temporaire » de cette contribution, même si elle est annoncée de la sorte par le gouvernement. « Quand on traverse des moments difficiles, ce n’est pas en taxant les entreprises qu’on sort par le haut des difficultés », tance-t-elle, alors que 155 entreprises de taille intermédiaires seront touchées.

Le budget prévoit de baisser le plafond de remboursement des arrêts maladie de 1,8 à 1,4 fois le Smic pour les indemnités versées par l’Assurance maladie. Le but est de pousser les entreprises à augmenter leur part. « Quand on a des régimes sociaux à l’agonie, il faut retrouver le chemin du bien commun. Et pour ça, il ne faut pas baisser le plafond des indemnités journalières sachant que c’est l’entreprise qui va récupérer le reste à charge », s’agace François Asselin, président de la CPME. « Je demande des mesures qui viennent responsabiliser chacun d’entre nous. », poursuit-il.

Baisse de l’aide à l’embauche des apprentis

Le sujet de l’apprentissage est régulièrement revenu lors de la table ronde. Le budget prévoit de réduire l’aide à l’embauche aux entreprises de 6 000 euros à 4 500 euros. Ça va aussi dépendre du niveau de qualification de l’apprenti et de la taille de l’entreprise en question. Michel Picon, président de l’U2P, en est agacé. « L’apprentissage, c’est l’essence même de la vie pour les petites entreprises. Les apprentis, on leur apprend à vivre en société. Ça ne vaut pas 6 000 euros ça ? », questionne-t-il. Le patron souhaiterait même que cette aide revienne à 8 000 euros, comme c’était le cas avant 2020.

François Asselin, président de la CPME est sur la même longueur d’onde. « D’accord, ça coûte cher à l’Etat, mais regardez le magnifique succès. On est passé de 317 000 apprentis à 852 000. C’est quand même très important pour la jeunesse de notre pays », indique-t-il. « On avait réussi à faire en sorte que les jeunes qui étaient déconnectés de l’emploi puissent rentrer dans une entreprise, acquérir un savoir et monter en compétences. Si on met un coup de rabot, on se coupe d’une montée en compétences de nos jeunes », explique de son côté, Sylvie Grandjean, vice-président du METI. Et de poursuivre : « Si on casse cela, c’est un coup de plus 20 % pour nous. Moi, c’est un jeune sur 5 ou 6 que je ne pourrais plus prendre ».

Patrick Martin, président du Medef, est moins réticent à couper dans les aides à l’apprentissage. « Nous sommes conscients qu’il faut réduire l’enveloppe », indique-t-il. « Notre proposition est de la réduire de manière uniforme ». Et de conclure : « Fixer un double critère de taille d’entreprise et de niveau de formation nous parait de nature à dissuader un certain nombre de jeunes de niveau modeste à poursuivre leurs études au même moment où nous souhaitons que l’ascenseur social fonctionne ».

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