Budget 2024 : le Sénat vote une baisse de 10 000 postes chez les opérateurs de l’État

Les sénateurs ont adopté un amendement dans le projet de loi de finances réduisant de 2,5 % les effectifs des opérateurs de l’État, soit 300 millions d’euros d’économies annuelles. Opposé sur la forme, le gouvernement se dit néanmoins prêt à travailler avec la commission des finances du Sénat pour identifier les opérateurs susceptibles de dégager des économies.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les Républicains et les centristes du Sénat continuent de prendre au mot Bercy. Le ministère de l’Économie et des Finances qui vise un objectif de stabilité de l’emploi public sur le quinquennat, invite depuis des mois les oppositions à lui soumettre des idées d’économies. Dernière perche tendue par la commission des finances : les opérateurs de l’État. Ces organismes, au nombre de 438, sont certes distincts de l’État, mais en assurent certaines de ses missions et font partie de l’action publique. Ils représentant une grande variété d’acteurs, allant des universités à Pôle emploi, en passant par Météo France ou l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Soucieux de contrebalancer ailleurs les récentes créations de postes dans les ministères régaliens (intérieur, justice, défense), le rapporteur général de la commission des finances Jean-François Husson (LR) a proposé une diminution en 2024 de 2,5 % des emplois des opérateurs de l’État, adoptée ce jeudi 7 décembre au Sénat.

« Ce qu’on vous propose, ce n’est pas le rabot », annonce le rapporteur général Jean-François Husson

« Au moins, il est annoncé la volonté de stabiliser les effectifs de la fonction publique, de l’Etat et de ses opérateurs. Et comme vous en prévoyez plus, il faut vous aider à en avoir moins pour pouvoir tenir cette trajectoire », a-t-il proposé en direction du banc du gouvernement. Son amendement demande concrètement de diminuer de 10 000 postes les effectifs au sein des opérateurs, sur un total d’un peu de 400 000. En année pleine, l’économie représenterait 300 millions d’euros.

« Ce qu’on vous propose, ce n’est pas le rabot, on a vu les dégâts que ça a fait à l’époque », a-t-il insisté, le « bon sens » consistant selon lui à réduire les « doublons ».

Le gouvernement s’est montré un peu embêté. « Hésitant », a même confessé Thomas Cazenave, le ministre des Comptes publics. Il faut dire que le ministère de l’Économie et des Finances a lui-même placé dans son viseur les opérateurs de l’État, annonçant dès le mois de juin son intention d’aller chercher un milliard d’euros dans la trésorerie des opérateurs. « Je partage la nécessité qu’il faut qu’on fasse des économies », a acquiescé Thomas Cazenave. « Mais cet amendement-là, c’est quand même un peu un coup de rabot. Vous dites 10 000 équivalents temps plein sans dire où. En urgence, le gouvernement devrait désigner les opérateurs qui participeraient à cet effort » Le ministre s’est cependant prêt à étudier la question. « Je vous fais une proposition : qu’on travaille précisément sur vos propositions, opérateur par opérateur, là où vous identifiez la capacité à faire des économies. »

Le communiste Éric Boquet évoque une « belle harmonie entre la majorité sénatoriale et la majorité présidentielle »

Les groupes de gauche se sont dit « farouchement opposés ». « La droite tient au respect des traditions, et s’il en est une qu’elle n’abandonnerait pour rien au monde c’est bien celle d’accuser la fonction publique d’être budgétivore », a raillé la sénatrice (PS) Isabelle Briquet. Se moquant de la « belle harmonie entre la majorité sénatoriale et la majorité présidentielle », le sénateur communiste Éric Boquet a rappelé que près de la moitié des emplois au sein des opérateurs était déjà concentrée dans les universités, le CNRS, France compétences, le commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou encore Pôle emploi. Des données que détaillent les rapports budgétaires. Chez les écologistes, Thomas Dossus a également dénoncé le manque de précision dans les réductions d’emplois « Vous parlez de doublons sans dire lesquels. »

« De toute façon, de manière ou d’une autre, nous devrons faire des efforts. Il vaut mieux les faire dès maintenant, dans de nombreux domaines », s’est défendu le rapporteur général, qui alerte depuis le début des débats sur le budget sur l’absence de maîtrise des comptes publics.

Dans la même thématique

Budget 2024 : le Sénat vote une baisse de 10 000 postes chez les opérateurs de l’État
4min

Économie

Budget de la Sécu : le Sénat alourdit la fiscalité de certains jeux d’argent et de hasard

Les sénateurs, qui examinent depuis le début de la semaine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ont adopté jeudi 21 novembre un renforcement de la taxation de certains jeux d’argent et de hasard, en ligne ou physique. Des dispositions spécifiques, destinées notamment à préserver le sponsoring, ont été votées pour les paris sportifs.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
7min

Économie

Budget : comment les sénateurs réduisent l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros

En commission, la majorité sénatoriale a supprimé les 800 millions d’euros d’économies sur le fonds de compensation de la TVA. Ils ont surtout supprimé le fonds de précaution de 3 milliards d’euros, pour le remplacer par un « dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales », doté de 1 milliard d’euros. L’effort est ainsi mieux réparti : environ 3000 collectivités seront concernées, contre les 450 les plus riches dans la copie gouvernementale. Le gouvernement est « d’accord sur les modalités qu’on propose », soutient le sénateur LR Stéphane Sautarel.

Le

Budget 2024 : le Sénat vote une baisse de 10 000 postes chez les opérateurs de l’État
3min

Économie

Budget de la Sécu : le Sénat renforce les contrôles et les sanctions contre la fraude sociale

Les sénateurs ont adopté plusieurs amendements dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, notamment pour lutter contre la fraude aux arrêts de travail. À l’initiative de la gauche, qui dénonce un deux poids deux mesures dans la lutte contre la fraude des assurés et celle des entreprises, les contrôles et les sanctions contre les entreprises fraudeuses sont aussi renforcés.

Le